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MYA

La route s'est faite dans une ambiance bonne enfant. Léo m'a laissée sur le parking du parc national après avoir échangé nos numéros de téléphone, pour convenir du site de camp pour la nuit.

Il s'est ramené en milieu de journée, tout content de sa matinée, mais il a vite déchanté en voyant le repas d'une conserve de haricots blancs et lard. J'ai encore bien rigolé. Il m'a fait jurer de le laisser s'occuper du diner si je m'occupe du feu. Il m'a posée pleins de questions sur mon boulot de photographe et sur le scoutisme. Le diner était délicieux, mais il n'a pas répondu à savoir comment il avait fait pour garder ses courses toute la journée. Il l'a joué espion qui ne révèle  pas ses sources....

J'apprécie sa compagnie, mais je sais que je ne dois pas m'attacher, il a son travail et sa vie et j'ai les miens aussi. Peut-être, s'il m'apprécie aussi on pourrait correspondre ? Pourrait-il vouloir une amitié d'une personne comme moi ? S'il savait tout mon passé, me rejetterait-il lui aussi ?

...

J'étais au milieu d'un couloir assez sombre, Les murs censés être blanc, étaient délavés à force de frotter les graffitis. Les néons clignotaient et donnaient une allure lugubre à ce souvenir, ce qui ne manquait pas de me soulever le cœur et aussi de forcer sur les vagues de stresse qui m'étreignaient. Encore et toujours ces couloirs. Seulement là encore j'étais lucide et je me doutais des issues, redoutant de bouger, craignant de rester sur place.

Un bruit de pas au loin, me sorti de ma transe et je me mis à détaler, dérapant, comme le petit lapin prit au piège que j'étais, je veux mon trou et m'y cacher. J'ai l'impression de courir depuis un temps infini, les couloirs me paraissaient plus longs, plus hauts, moins éclairés. Je ne trouve aucun recoin. J'essaie une porte qui est fermée, je me rends compte de mon erreur et me presse vers les escaliers.

Je tombe dans mon empressement, dévalant les escaliers et je les entends rire, je retiens mes larmes de rage et de douleur, ne voulant pas leur accorder ce plaisir.

« Alors myyyaa, il n'y a personne pour toi ! » « Les rousses ça pue et les orphelins ça craint !!! » « Avec ces yeux vert de vipères, on croirait une sorcière » « Sorcière, SORCIERE, SORCIERE..... »

J'essaie de me lever pour leur échapper, mais on me pousse et me tire les cheveux. Je retombe lourdement au sol. « La sorcière à un gros derrière, regardez son cul ! Sérieux » « ouais regardez son cul à cette pute, il faudrait lui donner une vraie queue pour lui apprendre la vie »

J'ai peur et n'arrive plus à retenir mes pleurs. Non non non. Mya ne te laisse pas faire. Une colère monte et sort de moi, écartant mes harceleurs et me réveillant par la même occasion.

« -Mya, MYA. Qu'est ce qui se passe ? Je peux entrer ??? » Me cri Léo

Alors que j'arrête de hurler, Léo ouvre ma tente et me prend dans ses bras.

« -Chut, c'est fini, je suis là pour toi, Mya. Chut ce n'est qu'un mauvais rêve, on est là entre amis et je ne te laisserai pas ma belle yéti. »

Je m'apaise dans ses bras et me rendors, en rêvant à d'autres bras, les bras d'un bucheron en tenue de ville, m'ayant offert un thé dans un salon de mille et une nuits, promenant ses mains expertes sur moi, pour finir pas m'embrasser follement. Je crois que c'est moi qui suis folle et que je confonds tout.

Voyage DestinéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant