Parler:

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- Ou avez-vous grandit ?

- A Dijon, dans une maison avec un grand jardin.

- Avec vos parents ?

- Oui, jusqu’à l’âge de 10 ans…

- Ils ont divorcés ?

- Non…

Alice serra la main de Fred qui lui caressa doucement le dos. 

- Prenez votre temps Alice, c’est important. Rappelez-vous juste qu’ici il n’y a aucun tabou.

- Merci… Ma mère… Ma mère est décédée à la suite d’un cancer…

Une larme coula sur sa joue. Elle se rendit compte qu’elle n’en avait jamais vraiment parlé avec personne, même pas avec son père ou Fred.  

- C’est très bien Alice, je sens que vous en avez besoin. On a tout notre temps. Ça ne se fera pas en une séance.

- Je le sais bien…

- En attendant qu’elle se remette de ses émotions, est-ce que vous pourriez me décrire comment elle est dans le quotidien et ce qui a changé, vous poussant à venir ici monsieur ?

- Oui bien sûr ! Je la connais depuis 10 ans maintenant et au boulot ça a toujours été une battante. Elle ne flanchait jamais. Ça en devenait même inquiétant. Elle a commencé à élever son fils seul sans jamais demander de l’aide autour d’elle. Vous savez, elle était très indépendante et ça se comprend. Je sais que ça n’a pas été facile avec Brémond et même aujourd’hui, vous savez, c’est difficile pour elle de faire confiance mais ça va mieux. Malheureusement, nous sommes parti 1 mois à Bora-Bora et là-bas il a tenté de la faire partir avec lui et puis je me suis aussi fait enlevé pour  d’autres raison et elle s’est fait tirer dessus et depuis elle est toujours dans mes bras, elle a besoin d’un contact permanent et ce n’est pas que ça me déplaise mais pour elle c’est très compliqué.

- Des vacances de tout repos à ce que je vois !

- Vous n’imaginez même pas à quel point !

- Qui est ce Brémont ?

- C’est le père de Paul.

- Vous pourriez m’expliquer ce qu’il s’est vraiment passé avec lui ?

- Elle vous l’expliquera peut-être mieux que moi.

- Non vas-y… Je rajouterai des choses si nécessaire…

- Si tu veux. Et bien Brémond c’était son amour de jeunesse. Ils se sont perdus de vue jusqu'à ce qu’elle gère une affaire où son nom apparaissait dans un trafic de diamant. Elle est retombée amoureuse de lui mais à vite été obligée de l’arrêter car il était impliqué dans l’affaire. Ce petit flirt lui a suffit pour avoir Paul. Elle l’a fait libérer avec l’espoir de pouvoir vivre comme une vraie famille avec le petit mais malheureusement il a vite recommencé ses conneries avant de se barrer au Brésil. A cause de ça, Alice a été accusée de complicité. Mais elle a finalement été innocentée.. On avait déjà commencé à flirter un peu ensemble à ce moment-là donc je m’étais mis de côté dans l’espoir qu’elle ne souffre pas… J’ai essayé d’être là après… Et là, pendant nos vacances, elle a reçu un bouquet de fleurs disant qu’il n’avait jamais cessé de l’aimer ou quelque chose comme ça. Il lui a proposé de partir avec lui et d’aller récupérer Paul à Paris avant de partir à l’autre bout du monde ensemble. Avec la police locale on a pu le faire arrêter et son procès ne devrait plus tarder…

- Et bien !! Je comprends votre difficulté à en parler. C’est depuis Bora-bora que vous me dites que vous avez en permanence besoin d’un contact avec votre homme ?

- En particulier oui… Mais un petit peu avant aussi…

- Bien. Les choses commencent à s’éclaircir. Ha ! C’est la fin de la séance pour aujourd’hui ! On a très bien avancé, je suis ravi ! On se place des rendez-vous pour les prochaines semaines ?

- Si vous le voulez !

- Alors je vous propose tous les samedis matin de 9h à 10h pedant un petit mois pour le moment. Cela vous va ?

- Oui bien sûr et mon mari peut revenir avec moi ?

- Cela vous a servit ?

- Oui.. Beaucoup.. Mais c’est surtout car je n’arrive pas vraiment à lui parler et je veux qu’il comprenne que ce n’est pas de sa faute mais aussi qu’il puisse entendre ce que je n’arrive pas à lui dire.

- Vous savez monsieur, je suis psychologue et ma femme va en voir un autre pour arriver à parler alors ne pensez surtout pas que c’est de votre faute. Il est juste plus facile de parler avec un inconnu qu’avec son propre partenaire mais cela ne témoigne en aucun cas d’un manque de confiance envers l’autre mais simplement d’un besoin de parler en toute liberté même si je suis sûr que si c’est avec vous cela sera sans jugement. En tout cas, vous pouvez revenir avec plaisir pour la prochaine séance si Alice le souhaite.

- Merci beaucoup.

- De rien ! Et bien je vous souhaite une agréable journée et week-end et je vous dit à la semaine prochaine. 

- Merci ! A la semaine prochaine.

Alice sortit du cabinet un poids en moins sur les épaules. Fred traînait à l’arrière avec le psychologue. Elle alla s’installer sur un banc face à la Seine pour l’attendre. 

Elle sentit deux mains se poser sur ses épaules et des lèvres dans son cou. 

- Alors cette séance t’a plu ?

- Très émouvante mais ça fait du bien. Tu voudrais bien venir avec moi la prochaine fois parce que c’est vrai que je lui ai demandé mais je ne t’ai même pas proposé et je comprendrai si tu ne voulais pas revenir parce que c’est vrai que…

- Bien sûr que je viendrai ! En attendant, ça te dit un petit resto après s’être baladés ? On doit aller chercher Paul qu’à 15h et Ada rentre avec sa copine donc on a le temps.

- Avec plaisir alors dans ce cas-là.

Elle tourna la tête et l’embrassa tendrement. 

- Je t’aime..

Il la regarda en souriant. Il ne se lassera jamais d’entendre ces mots. 

La fin de journée se passa de façon agréable. Le soir venu, Alice était exténuée. Son absence de sommeil de la nuit précédente ayant raison d’elle. En revenant des courses, Fred lui ordonna d’aller s’allonger dans la chambre le temps qu’il range tout. Elle n’avait pas rechigné et était partie se coucher. Elle s’était changée et avait posé sa tête sur le coussin de Fred. Il entra doucement quelques minutes plus tard dans la chambre. 

- Bah alors, tu dors pas ?

- J’y arrive pas…

- Je vais aller dire aux enfants de faire moins de bruits.

- Non non, ce n’est pas ça… C’est plutôt de la faute de mon mari la…

- Pourquoi ? Qu’est-ce que j’ai fait ?

- Je ne suis pas dans tes bras et ton coussin n’a même pas d’odeur…

- Oula ! Je vais devoir me rattraper de tout ça alors.

Il retira ses chaussures et son pull et se glissa sous le drap contre sa belle pour la prendre dans ses bras. Elle lâcha un soupir de soulagement avant de très vite plonger dans ses rêves, le sourire aux lèvres.

Fred resta plusieurs minutes à la contempler avant d’entendre les enfants se plaindre dans la cuisine qu’ils avaient faim. 

Ensemble on est plus fortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant