- Chapitre 1 -

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Elle se réveille doucement, vaseuse. Elle ouvre les yeux, mais ils se referment aussitôt. Elle a l'impression que ses membres ne lui répondent plus, comme si son cerveau et son corps s'étaient dissociés. Elle entend deux hommes parler mais elle ne comprend pas ce qu'ils se disent car elle ne parvient pas à distinguer les mots qui sortent de leurs bouches. Le froid l'envahit, elle se sens lourde et a extrêmement soif. Ses pensées sont confuses. Elle tente de se souvenir de cette soirée avec les filles, rien ne lui revient sur le moment, ni la façon dont elle s'est retrouvée ici, ni le déroulement de la soirée. Elle est prise de violents maux de tête, d'un seul coup.

Elle se force à garder les yeux ouverts. Les deux  hommes sont toujours là, derrière elle. Sa vue est floue, elle discerne difficilement la pièce,. Les grands carrelages de marbres sont glissants et ses pieds touchent à peine le sol gelé. Rapidement, elle comprend qu'elle est suspendue, ses poignets sont douloureux.
Elle n'arrive pas à relever la tête car elle est bloquée par ses bras, elle est en sous vêtements et elle a froid, terriblement froid.

À ce moment précis, elle ne comprends pas ce qu'il se passe, elle se concentre sur son long collier doré avec son prénom qui pend au dessus de sa poitrine. Elle tente de se remémorer certains moments de la soirée. Elle, c'est Persia.

...

...

Persia était avec ses amies dans un grand appartement parisien. Elles étaient toutes réunies pour fêter l'anniversaire d'Anya. Il y avait énormément de personnes, Anya leur avait avoué qu'elle s'était retrouvée débordé par l'affluence et qu'elle ne connaissait pas tout le monde.
Un homme, grand, brun, plutôt charmant est venu les aborder pendant qu'elles étaient assises sur le balcon. Il portait une chemise noire et un pantalon de costume assorti. Il s'est adressé directement à Persia, en lui demandant si elle voulait boire un verre. Persia a décliné son offre poliment et elle s'est levée pour aller se chercher un verre d'eau. Il l'a suivi et à ajouter qu'il ne lui voulait pas de mal, seulement discuter avec elle car il la trouvait extrêmement charmante. Elle a finalement accepté en lui précisant qu'il ne devait pas s'attendre à quelque chose. Il lui a demandé ce qu'elle souhaitait boire, elle lui a répondu qu'elle buvait de tout sauf de l'alcool, il lui a alors tendu un verre de jus d'orange.        Nous avons eu une discussion à ce propos et je lui ai avoué ma peur de perdre le contrôle de moi-même, que c'était la raison pour laquelle je n'avais jamais bu ou pris de drogue. Nous avons discuté plus longuement puis j'ai prétexté devoir aller aux toilettes pour m'éclipser. Malheureusement pour moi, après être allée me rafraîchir, il m'attendait dans le couloir attenant à la salle de bain. J'ai discrètement soupiré, lui ai dit que c'était un homme charmant et agréable mais qu'on allait stopper notre discussion ici, je lui ai demandé de me laisser tranquillement terminer la soirée avec mes copines. Il m'a rendu mon verre, m'a souhaité de passer une bonne soirée et s'est dirigé vers le salon. Je suis retournée vers mes copines, elles m'ont posé beaucoup de questions qui sont finalement restées sans réponse, car il ne s'était rien passé. J'ai continué à siroter mon jus d'orange. En y repensant, il me semblait bien plus amer qu'avant. Finalement, j'ai dit aux filles que j'étais fatiguée et que j'allais rentrer chez moi pour me reposer.

...

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Un cri strident me glace le sang et m'extirpe de mes pensées. Qui a bien pu hurler comme cela... Le cri résonne dans ma tête, c'était un cri de douleur mélangé à une peur inébranlable. Il était extrêmement proche, dans la pièce attenante peut-être. J'entends des sanglots, des supplications, des cris et des coups. La voix grognante d'un homme se mélange à celle d'une femme. Les hommes derrière moi ont arrêté leur conversation, nous entendons absolument tout, malgré les bruits étouffés par l'isolation de la pièce. De longues minutes s'écoulent et j'ai du mal à distinguer si c'est un rêve ou la réalité. Je me demande encore comment j'ai pu atterrir ici. Il fait toujours froid, les cris et les pleurs ont cessé subitement après une énorme détonation. Mon imagination me laisse comprendre ce qu'il vient de se passer. Un frisson me parcourt le corps, je gémis.

En entendant mon gémissement, l'un des hommes réagit en disant que je suis enfin réveillée. Je sens des mains frôler ma peau, me parcourir les hanches pour les attraper. Je sens que je suis tirée vers l'arrière, un des hommes se colle à moi. Je sens la chaleur de son corps qui contraste avec le froid de la pièce. Il est tellement proche que je peux sentir son odeur, son parfum et son haleine alcoolisée. Je l'entends respirer dans le creux de mon oreille, ce silence est interrompu lorsqu'il prononce le mot bonsoir d'une voix terrifiante et calme.
Il reprend : « Bonsoir, Persia ».
Je fais le choix de ne pas répondre car la peur m'a envahie. Je tremble. Il ricane nerveusement, me lâche et passe devant moi. J'aperçois brièvement son visage, il est fermé, il semble être en colère, ses traits sont durs et abrupts. Il a les cheveux noirs et une barbe de quelques jours bien taillée. Son cou est rempli de tatouages. De grands yeux bleus viennent éclaircir cette noirceur. Je baisse les yeux, il approche sa main de mon menton, attrape mon cou et m'ordonne de le regarder dans les yeux. Je m'exécute fébrilement. Une cicatrice récente apparaît sous son œil droit. Il s'approche de plus en plus prêt de moi, son visage n'est plus qu'à quelques centimètres du mien, il ressert son étreinte en serrant légèrement ses doigts autour de mon cou. Il sourit et me dit qu'il prend beaucoup de plaisir en ressentant ma peur. Mon rythme cardiaque s'accélère, il le ressent avec son doigt appuyé contre ma jugulaire. Il avance juste à côté de ma joue et me chuchote : « tu vois, c'est de cette peur que je parle » avant de me lécher langoureusement la joue. J'essaie de tourner ma tête pour mettre fin à ce supplice, il n'apprécie pas et m'attrape les cheveux. Il tire mes cheveux pour replacer mon visage prêt du sien, j'ai la tête posée sur son épaule, il renifle l'odeur de mes cheveux, un gémissement de satisfaction sort de sa bouche, il embrasse mon cou et me murmure : « Bientôt, tu me supplieras de le refaire, car je vais tellement te faire mal que tu m'imploreras de te faire du bien ! ». Ses mots font écho dans ma tête, je suis terrifiée.

L'autre homme se manifeste et l'interrompt : « Monsieur Yrieix, je ne voudrais pas vous interrompre... ma marchandise vous plaît ? ».
- « Je la prends » lui répond t-il, « combien en voulez-vous ? » avant que l'autre homme ne puisse répondre il ajoute : « Venez, nous allons discuter des modalités dans mon bureau. ».

Ils s'éloignent jusqu'à sortir de la pièce. La pression de tout mon corps retombe lorsque la porte se calque et que le verrou se tourne. J'ai horriblement peur, je me demande depuis combien de temps je suis inconsciente, les larmes ruissellent sur mes joues.

Je me replonge dans mes pensées en essayant toujours de comprendre ce que je fais ici.

...

...

J'ai quitté la soirée. Je suis sortie de l'appartement et suis montée dans l'ascenseur pour redescendre. Avant que la porte soit complètement fermée, quelqu'un a passé son bras pour arrêter la fermeture et est monter avec moi. C'était lui. Il me demande si je vais bien, je lui répond que je me porte à merveille. Il me dit qu'il rentre chez lui car la soirée n'est pas à son goût, qu'il y a trop de monde et il me demande où je vais. Je lui réponds que je suis un peu fatiguée et que je rentre chez moi aussi. L'ascenseur s'arrête et indique que nous sommes arrivés au rez-de-chaussée. Je sors de l'immeuble et apprécie immédiatement l'air frais glissé sur ma peau. Ça me fait beaucoup de bien. Il me souhaite une bonne fin de soirée, je lui rend la pareille. Je pars de mon côté, je me retourne et le vois continuer son chemin à l'opposé du mien. Je me sens rassurée qu'il ne me suive pas. J'avance pour rentrer chez moi, j'ai l'impression que la rue s'allonge au fur et à mesure de mes pas, mes mouvements sont désordonnés, mon pouls s'accélère, ma vue se trouble. Je titube. Une berline sombre s'arrête à mon niveau, la portière s'ouvre, un homme sort et s'approche de moi. Je perds connaissance.

...

...

J'entends des pas lourds revenir vers la pièce...

PersiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant