- Chapitre 8 -

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Il sort de la pièce en fermant la porte à clés.

Je m'assieds au pied du lit pendant quelques minutes. Arès ne semble pas revenir. Je me dirige vers la fenêtre, elle donne sur la cour, j'essaie de l'ouvrir mais elle est scellée. Je ramasse mon téléphone, la vitre est brisée mais l'écran fonctionne encore.
La carte sim a été retirée, je ne peux pas appeler. Je tente quand même un appel sur le numéro des secours mais les ondes ne semblent pas passer. Je parcours les photos de mes proches... la tristesse m'envahit.

Le bruit du verrou retentit dans la pièce, je me relève et cache le téléphone derrière mon dos. Je suis adossée à la fenêtre.
Un homme entre dans la pièce avec un sac à la main et une arme dans l'autre. Il referme la porte derrière lui et avance jusqu'au bureau d'Arès. Il pose le sac et l'ouvre. Je me recule dans le coin de la pièce pour m'éloigner le plus possible de lui. Il me regarde, reprend l'arme en main et s'avance vers moi.

Dans ma tête, je ne peux pas m'empêcher de me répéter en boucle qu'Arès n'a même pas les couilles de me buter lui même. L'homme est devant moi, cette pensée ne s'estompe pas et je m'entends penser à voix haute : « il n'a même pas les couilles de me buter lui même ». L'homme ricane : « monsieur Yrieix va être ravi d'entendre ça ».
- « Je suis désolée... »
- « Garde tes excuses pour Monsieur Yrieix ! Viens, j'ai plusieurs choses à t'expliquer. »

Il retourne jusqu'au bureau, je ne le suis pas : « bon, magne-toi ! J'ai d'autres choses à faire ! « me dit-il d'un ton sec. Je le rejoins à côté du bureau.

Il commence à déblatérer des consignes qu'Arès lui a donné. Il sort une boîte en velours noire du sac, il l'ouvre, à l'intérieur se trouve un bracelet avec les lettres dorés « A » et « Y », le bracelet est serti de diamants noirs. L'homme me passe le bracelet autour du poignet : « Première chose, tu dois porter ce bracelet et ne jamais le retirer, monsieur Yrieix a dit que c'était pour ta sécurité ». Il continue de vider le sac, il sort des vêtements, des sous-vêtements, des serviettes de bains, des produits d'hygiène et du maquillage : « Voilà de quoi te changer, t'habiller mais aussi de quoi te laver. » Il commence à sortir des tas de produits, je suis étonnée de retrouver des produits que j'utilise quotidiennement, comme si quelqu'un était passé les récupérer chez moi.
- « Est-ce que je peux vous poser une question ? »
- « Non ! »
- « Pourquoi le noir ? »
- « C'est une question de hiérarchie, Monsieur Yrieix s'habille en noir car c'est le chef ici. Tu t'habille en noir car tu lui appartiens, ton bracelet porte ses initiales et sa couleur car... bref tu as compris. »
Il reste un écrin au fond du sac, il m'ordonne de le prendre : « Monsieur Yrieix a dit qu'il te laisserait toujours le choix, soit tu décides de vivre et tu te plies à ses attentes, soit tu décides de mourir et tu sauras quoi faire. ». J'ouvre l'écrin et découvre une lame de rasoir, je le referme aussitôt. Il esquisse un sourire en coin en voyant la lame puis me dit : « Monsieur Yrieix ne rentre pas avant demain soir, tu as largement le temps de prendre une décision. ». Il se dirige vers la porte, s'apprête à sortir et se ravise : « J'allais oublié, donne moi le téléphone ! ». Il me tend la main et je n'ai pas d'autre choix que de lui donner.

Je rassemble les affaires dans le sac et me dirige vers la porte à côté de l'armoire. Je l'ouvre. J'atterris dans une énorme salle de bain, il y a une grande douche à l'italienne, une superbe baignoire. Je referme la porte derrière moi, il y a un verrou, je m'empresse de le fermer.

Je soupire, je me sens enfin en sécurité. Je me laisse glisser contre la porte, m'assoie par terre et m'effondre. La pression commence à redescendre, j'ouvre l'écrin et en sort la lame. Mes pensées sont confuses, la lame caresse mon avant bras, j'appuie, une larme de sang s'écoule. Je lâche la lame, je n'y arrive pas. Mon sang goutte sur le sol blanc de la salle de bains, j'attrape un mouchoir et compresse la plaie. J'ôte les boutons de ma chemise un à un, la retire, l'humidifie et nettoie le sol avec. Je dépose la lame à côté de l'évier.
Je me dirige vers la douche et allume l'eau. De la buée se forme sur les miroirs. Je retire mes sous vêtements et me glisse sous l'eau. Je profite de ce moment agréable. Je frotte chaque partie de mon corps énergiquement, je me sens sale à cause de ces mains qui ont parcouru ma peau. Mes côtes sont toujours douloureuses, la brûlure laissée par le fer est propre, une légère croûte s'est formée, je la nettoie doucement. Je laisse dégouliner l'eau jusqu'à la pointe de mes pieds pendant de longues minutes, comme pour noyer ce calvaire, comme pour représenter les larmes qui ont coulées. Je finis par éteindre l'eau, j'attrape une serviette que j'enroule autour de ma poitrine. Je brosse mes longs cheveux, forme les ondulations avec mes mains. J'applique de la crème sur l'ensemble de mon corps, délicatement. Je profite intensément de ce moment car j'ai l'impression de récupérer le contrôle de mon corps. J'enduis mes ongles de vernis, me brosse les dents. Je sors les vêtements du sac, j'enfile des sous vêtements. Il n'y a aucun vêtements de nuit, je m'en doutais mais malheureusement pour Arès, je ne compte pas dormir nue, je choisis donc de porter une robe en coton.

J'ouvre le verrou de la salle de bains, l'angoisse réapparaît, j'hésite à sortir. J'inspire profondément et essaie de me calmer. Je me répète constamment : « ça va aller, il n'est pas là ». Je me décide à sortir. La pièce est redevenue froide car la cheminée s'est éteinte. Quelqu'un est entré car un repas a été déposé sur la table basse. J'ai soif, énormément soif. Je me sers à boire et m'installe sur l'un des fauteuils.

Je me perds dans mes pensées, j'essaie de savoir depuis combien de temps je suis ici. J'essaie de remonter les événements et j'en déduis que je suis là depuis deux ou trois jours environs.

L'odeur du gigantesque plat de pâtes me sort de mes pensées. J'ai faim, je décide de manger. C'est excellent, je prends quelques bouchées, je suis vite rassasiée. Je remarque qu'il y avait deux assiettes, Arès devait manger là ce soir. Je me dis que j'ai de la chance qu'il ne soit pas là pour pouvoir me ressourcer. Je débarrasse mon assiette et la nettoie. Je recouvre le plat de pâtes avec le couvercle qui était sur le plateau.

Je retourne dans la salle de bains et récupère la lame près de l'évier. En retournant dans la chambre, je vois que l'un des tiroirs du bureau d'Arès est ouvert. Je me lance et regarde à l'intérieur. Il y a un calepin vide, un stylo, une bouteille d'alcool et un verre. Je prends le calepin et le stylo, je m'installe dans le lit, cache la lame sous l'oreiller.

Pour faire passer le temps, je dessine, j'écris, je gribouille. Je finis par m'installer confortablement sous la couette, je tamise les lumières et je m'endors paisiblement.

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