Arès s'appuie contre le rebord de la commode, les bras croisés, un soupir profond s'échappant de ses lèvres comme s'il portait un poids lourd et invisible. Ses traits sont fermés, mais ses yeux, eux, sont comme une mer orageuse, pleine d'intensité et de résolutions retenues. Il me scrute en silence, comme s'il cherchait à mesurer l'impact de ses mots avant même de les prononcer. Puis, il relève la tête et plonge son regard sombre dans le mien, une lueur glaciale y brille.
- Hadès voulait t'emmener, commence-t-il enfin, sa voix rauque résonnant dans l'espace restreint de la chambre.
Chaque syllabe semble chargée de poids et de gravité, une sorte de confession livrée à contre-cœur.
- Il pensait pouvoir te ramener à mon père. Maintenant qu'il est ici, il semble penser qu'il peut exiger ce qu'il veut.
Il fait une pause, observant mes traits tandis que l'inquiétude s'installe en moi.
- Mais j'ai refusé.
Son ton se durcit encore, empreint de défiance et de colère contenue.
- Et il n'a pas accepté mon choix. Alors, c'est devenu... personnel, termine-t-il.
Je reste figée, les mots peinent à se frayer un chemin dans mon esprit. Ils résonnent pourtant, chargés de sens et de tension. Hadès et Arès se sont battus, et ce combat, ce conflit violent qui a marqué cette chambre et leur lien, était... pour moi. Pour décider de mon sort. Une étrange sensation de gratitude mêlée de crainte prend racine en moi, me laissant partagée, bouleversée.
Mais très vite, l'inquiétude resurgit. Je porte inconsciemment la main à mon collier, mon cœur battant, la gorge serrée par une angoisse sourde. Cet homme dont j'entends parler, ce père qu'Arès évoque avec une intensité teintée de peur et de mépris, reste une ombre menaçante dans mon esprit. Mon pouce glisse sur la surface lisse du pendentif, cherchant à puiser du courage dans ce simple contact.
- Monsieur... est-ce que... vous allez m'emmener chez lui ? demandé-je.
Ma voix n'est qu'un murmure, presque noyée par l'anxiété. Je redoute la réponse, mais je sais que je dois entendre sa vérité, savoir ce qu'il prévoit, même si cela me terrifie.
Son visage se ferme un instant, comme s'il analysait ma question, pesant ses propres intentions. Puis, un sourire effleuré d'ironie tord légèrement ses lèvres, et il secoue la tête, lentement.
- Non, Persia. Le vieux peut attendre. Il sait très bien qui est le chef ici. Et ce n'est pas lui.
Ses mots sont fermes, prononcés avec une assurance froide qui ne laisse aucune place au doute. Son regard, toujours planté dans le mien, semble me défier de remettre en question son autorité.
Un frisson me parcourt. Pourtant, au-delà de la froideur et de la dureté de ses paroles, quelque chose d'inattendu s'installe en moi : un sentiment de sécurité, fragile mais indéniable. Les tensions de ces derniers jours pèsent encore sur mes épaules, mais la certitude tranquille d'Arès me rassure d'une manière étrange. Il semble inébranlable, solide, et pour la première fois, je me demande si je peux réellement compter sur lui.
Il me fixe un instant de plus, ses yeux observant chaque nuance de mes expressions, capturant chaque émotion que je tente de dissimuler. Puis, d'un mouvement brusque mais calculé, il se redresse et tend une main vers moi.
- Allez, dit-il, sa voix douce mais autoritaire, comme une invitation qui ne laisse aucun choix. Viens. Il y a quelque chose que je veux te montrer.
Mon regard se pose sur sa main, hésitant, mes pensées tourbillonnant dans mon esprit. Je prends une lente inspiration, mon cœur tambourinant, tentant de calmer l'appréhension qui gronde en moi. Mais dans ses yeux, je perçois une détermination rassurante, inébranlable. Je sais qu'il n'acceptera pas que je recule. Doucement, avec une pointe de nervosité, je glisse ma main dans la sienne. Sa paume est chaude contre la mienne, et ce simple contact réveille une étrange certitude en moi. Peu importe ce qui m'attend au-delà de cette porte, au moins pour cet instant, je sais que je peux lui faire confiance.
Arès marche d'un pas mesuré juste devant moi, et sans réfléchir, je reste proche de lui, presque instinctivement à la recherche de sa protection. Nous avançons à travers le domaine, un jardin grandiose qui s'étend sous le soleil éclatant. Des allées de roses et de lys colorés bordent notre chemin, des fontaines murmures dans le calme, et l'air est embaumé de senteurs florales. C'est presque irréel, comme si cet endroit appartenait à un autre monde, loin de la tension et des dangers que j'ai connus jusqu'ici.
Nous arrivons bientôt devant un large escalier de marbre blanc. Arès se tourne vers moi, et d'un simple regard, il me fait signe de passer devant. Je monte doucement, ressentant sa présence puissante juste derrière moi, mes sens en alerte à chaque pas. Au sommet, nous arrivons devant une porte noire ornée de fines moulures dorées, imposante mais raffinée, comme une promesse de mystère et de grandeur.
Sans un mot, il se penche vers moi et capture mes lèvres dans un baiser lent, presque possessif. Une chaleur familière et envoûtante s'installe en moi tandis que je me perds dans l'intensité de son regard. Puis, doucement, il sort une clé de sa poche et la glisse dans ma main. Le métal est froid contre ma peau, et je comprends ce qu'il attend de moi.
- Ouvre la porte, Persia, murmure-t-il, son regard planté dans le mien.
Je prends une légère inspiration, encore un peu hésitante, mais sa main toujours posée sur la mienne me rassure. Lentement, j'insère la clé dans la serrure et tourne. La porte s'ouvre dans un léger grincement, révélant un espace d'une somptuosité à couper le souffle.
Nous entrons dans un gigantesque appartement baigné de lumière. Dès mes premiers pas, je suis enveloppée par l'atmosphère riche et apaisante qui règne ici. Le sol en marbre, d'un blanc pur veiné de gris, capte les rayons du soleil qui traversent les immenses baies vitrées et les renvoie en éclats délicats, créant une ambiance presque irréelle. J'avance lentement, mes yeux parcourant chaque détail de ce lieu qui semble être le reflet même de l'élégance et du raffinement d'Arès.
Le salon qui s'ouvre devant nous est à la fois grandiose et accueillant. Au centre, un large canapé en velours gris anthracite s'étend en une invitation discrète, entouré de fauteuils assortis qui semblent disposés pour favoriser les conversations intimes. La table basse en verre repose sur des pieds ornés de sculptures dorées, représentant des motifs mythologiques, ajoutant une touche mystérieuse et artistique à l'ensemble. Des coussins en soie, dans des tons de bleu profond et de gris pâle, apportent une touche de douceur à cet espace à la fois riche et sobre.
De part et d'autre du salon, de hautes bibliothèques en bois massif s'élèvent jusqu'au plafond. Elles sont garnies de livres aux reliures anciennes, dont les titres dorés brillent faiblement sous la lumière naturelle. Certaines étagères contiennent également des objets d'art minutieusement choisis : des statuettes en bronze, des photographies en noir et blanc, des vases en céramique fine. Chaque objet semble avoir été choisi avec soin, comme si cet endroit reflétait un pan caché de l'âme d'Arès.
En me tournant légèrement, mon regard se pose sur la cuisine ouverte, une pièce alliant modernité et sobriété. Le comptoir en marbre blanc contraste avec des meubles sombres aux poignées en laiton poli. Tout ici est encastré et d'une propreté éclatante, donnant à cet espace un aspect minimaliste et luxueux à la fois. Un lustre en verre soufflé est suspendu au-dessus d'un îlot central, ajoutant une touche artistique à la fonctionnalité du lieu.
Au-delà du salon, un couloir aux murs crémeux s'étire, bordé de quelques peintures à l'huile dans des tons pastels. Chaque œuvre, accrochée avec soin, raconte une histoire : des paysages méditerranéens, des visages énigmatiques, des scènes maritimes. Ce couloir semble mener à des espaces privés, peut-être des chambres, et chaque pas semble révéler une part supplémentaire de l'univers énigmatique d'Arès.
Arès me laisse explorer en silence, toujours posté derrière moi, ses bras croisés et son regard intense posé sur chacun de mes mouvements. Je sens sa présence, presque palpable, et cela me pousse à avancer plus lentement, à prendre le temps d'apprécier chaque détail de ce lieu qui semble refléter bien plus que son simple goût pour le luxe.
En atteignant le bout du salon, je me retrouve face à une immense baie vitrée qui s'ouvre sur une vue imprenable sur le domaine. À perte de vue, des jardins parfaitement entretenus, des fontaines, et des sculptures parsèment le paysage. La lumière du jour baigne la pièce, donnant à cet endroit un éclat presque céleste.
Arès s'avance finalement vers moi, son pas calme et assuré, et je me retourne pour croiser son regard. Un léger sourire flotte sur ses lèvres, comme s'il trouvait du plaisir à me voir découvrir son domaine, son refuge.
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Persia
General Fiction⚠️ Trigger Warning - Traumas Avertissements⚠️ Chers lecteurs, chères lectrices, cet ouvrage contient des passages décrivant des actions ou propos pouvant déclencher une souffrance émotionnelle et réactiver un possible traumatisme. Notamment des des...