- Chapitre 53 -

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Arès finit son verre d'un coup sec, posant le cristal sur la table basse avec un léger bruit de verre sur verre. Ses yeux se portent sur moi, une lueur presque taquine dans son regard.

- Et toi, Persia. Me ferais-tu le plaisir de terminer ton verre ? demande-t-il, une note de défi dans la voix.

Je regarde le vin encore à moitié plein dans mon verre, un mélange de rouge profond et d'éclats dorés à la lumière du soleil qui filtre à travers les rideaux. La douce odeur du vin me parvient, mais j'hésite encore. Arès remarque mon hésitation et, avec un léger sourire, il poursuit : 

- C'est l'une de mes passions aussi, le vin. Mais je préfère les alcools plus forts, comme le whisky, la vodka ou le gin. Parfois, il suffit d'un bon verre pour se laisser emporter par les souvenirs, pour oublier, même si ce n'est que temporairement. 

Je fronce légèrement les sourcils à ses mots. La façon dont il parle des alcools forts, presque avec un mélange d'admiration et de nostalgie, me fait réaliser que ce ne sont pas que des boissons pour lui, mais des moyens de s'évader de ses propres démons.

- Oublier quoi, Monsieur ? Je n'ai pas pu m'empêcher de poser la question. La curiosité m'emporte, et j'ai besoin de comprendre ce qui pourrait le hanter.

Il se redresse légèrement, son regard se perdant dans le vide, comme s'il plongeait dans ses souvenirs. 

- La violence, les responsabilités, la solitude... Tout ça, dit-il d'une voix qui se fait plus grave. Parfois, quand je bois, je parviens à étouffer ces pensées, à me perdre dans une douceur éphémère. C'est un peu comme l'art, je suppose. Une évasion, une chance de vivre autrement, même juste pour un instant. 

Son franc-parler me prend de court. J'essaie de voir au-delà de son image impitoyable, cherchant à déceler l'homme qui se cache derrière le guerrier. 

- Mais vous ne devriez pas avoir besoin de ça pour échapper à votre réalité, murmuré-je.

- Et pourquoi pas ? répond-il, un sourire ironique sur les lèvres. La vie est un combat constant. Alors, que reste-t-il d'autre que de chercher un moyen de survivre, même si c'est temporaire ? 

Je sens une vague de compréhension m'envahir. Arès n'est pas qu'un homme de violence ; il est aussi un homme de passion, de lutte et de recherche de réconfort. Dans une impulsion soudaine, je porte mon verre à mes lèvres et bois le reste du vin d'un trait, sentant la chaleur s'intensifier dans mon ventre.

Parfait, Persia, dit-il en souriant, presque satisfait.

Je repose mon verre sur la table, me tournant vers lui avec une détermination croissante. 

- Vous savez, Monsieur, l'alcool ne fait pas que vous offrir un répit. Il peut aussi vous mener à la violence, à l'impulsivité. 

Mes mots flottent dans l'air, pesant lourdement entre nous.

Un éclat d'amusement traverse son regard, comme s'il s'attendait à cette remarque. 

- C'est vrai, concède-t-il, mais sa voix reste calme, presque amusée. L'alcool peut avoir des conséquences. Mais ce n'est pas la seule chose qui m'aide à oublier. 

Je fronce les sourcils, intriguée par ce qu'il va dire. 

- Qu'est-ce qui pourrait être une alternative à la violence ? demandai-je, une pointe de défi dans ma voix.

Il se penche légèrement en avant, resserrant la proximité entre nous, sa voix devenant plus intime, plus directe. 

- Le sexe, dit-il simplement, sans détour. C'est un moyen, une évasion, une façon de se libérer des poids de la vie. La passion physique peut parfois apaiser les tensions, offrir une forme de répit, même si ce n'est que pour un moment. 

Sa franchise me prend de court. Je me sens soudainement vulnérable, partagée entre la curiosité et une légère réticence à explorer ce terrain. 

- C'est... une façon de voir les choses, répondis-je, ma voix hésitante, me reculant légèrement.

Il soutient mon regard, un sourire en coin sur ses lèvres. 

- Que ce soit l'alcool ou le sexe, ce sont des moyens de fuir. Chaque personne trouve sa propre méthode, mais l'important, c'est de ne pas se laisser submerger. 

Les mots résonnent en moi, et je réalise que, malgré tout ce qu'il représente, Arès exprime une forme de vulnérabilité. Il cherche des échappatoires, tout comme moi. Peut-être que, dans cette recherche de répit, nous pouvons trouver un terrain d'entente.

Je me redresse légèrement, m'efforçant de garder une certaine distance.

- Mais ne trouvez-vous pas qu'il est dangereux de mélanger ces choses ? Le sexe peut aussi entraîner des complications, des émotions que l'on ne souhaite pas forcément gérer. 

Arès hausse un sourcil, visiblement amusé.

- La vie elle-même est pleine de dangers, Persia. C'est ce qui la rend passionnante. Et parfois, il faut prendre des risques, que ce soit en se saoulant ou en s'abandonnant dans une autre personne. Comme nous l'avons fait la nuit dernière, ajoute-t-il, un sourire taquin illuminant son visage.

Je le fixe, déconcertée par sa nonchalance, mais une partie de moi ne peut s'empêcher de reconnaître la vérité dans ses mots. L'adrénaline, le frisson, tout cela fait partie intégrante de la vie. Et bien que cela me terrifie, il y a quelque chose d'attirant dans son approche.

- Peut-être, admit-je finalement, mon ton un peu plus conciliant. Mais cela ne signifie pas que je suis prête à explorer ces... échappatoires à nouveau avec vous.

Il incline légèrement la tête, comme s'il pesait mes mots. 

- Oh, je ne m'attends pas à ce que tu sois prête, Persia. Tu sais que j'obtiens ce que je désire même si je dois le prendre par la force. Mais ne sous-estime pas l'impact que nous avons déjà eu l'un sur l'autre. Ce que nous avons partagé... c'était plus qu'une simple évasion, n'est-ce pas ?

Un frisson d'embarras parcourt mon échine alors que je repense à cette nuit passionnée, à l'intensité de ce moment mais aussi à la violence d'Arès. Mon cœur s'emballe un peu plus. Je détourne le regard. 

- Vous avez raison. C'était... intense. Mais cela ne change rien à ma méfiance vis à vis de vous.

Un sourire s'étend sur son visage, un mélange de défi et d'admiration. - Qui sait ce que l'avenir nous réserve ? Peut-être que nous pourrons trouver un terrain d'entente entre ces passions que nous partageons.

Nous échangeons un regard chargé de significations, et je sens que cette conversation, bien qu'inconfortable, nous rapproche d'une manière inattendue. Dans ce vaste appartement, au milieu de nos confessions, je commence à comprendre qu'il y a plus entre nous que cette dynamique de domination et de soumission.

PersiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant