- Chapitre 38 -

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La lutte dure depuis un moment et je sens que mes forces pour le repousser s'amenuisent, les coups qu'il me donne n'aident pas non plus. J'hurle de plus en plus fort. Il m'ordonne de la fermer. Je ne l'écoute pas.
Son poids m'étouffe, il m'écrase et je ne parviens bientôt plus à bouger mon corps ou à respirer. Il se rend compte que je n'arrive plus à me débattre, j'utilise mes dernières forces pour le pousser et pour crier.

Il place son avant-bras contre mon cou, ma respiration et mes appels à l'aide se coupent immédiatement. Machinalement, je ne le repousse plus mais essaye de me dégager pour reprendre mon souffle. Il va y arriver, je ferme les yeux par manque d'air, j'ai l'impression qu'ils vont exploser.

Tout s'arrête dans ma tête comme si mon cerveau s'était bloqué pour me protéger du traumatisme d'un autre viol. Mon cœur bat tellement vite que ses battements résonnent dans mes oreilles.
Je sens le poids exercé par Dario sur mon corps se disperser petit à petit. Je peux bouger à nouveau et ma respiration reprend. Je pense l'instant d'une seconde que je suis entrain de planer. Mes yeux s'ouvrent, Dario n'est plus là.

Je reprends conscience immédiatement. Je me tourne sur le côté pour tousser et reprendre ma respiration correctement, je remets ma culotte en place et redescend ma robe. Le son revient progressivement, mes sens se réactivent l'un après l'autre. J'entends un homme hurler de colère, je regarde le couloir pour voir si Raph s'est finalement réveillé, il est toujours couché. Des plaintes se mélangent au son de coups plus violent les uns que les autres. Je regarde dans la pièce, Arès est là, tout habillé de noir, sa chevalière dorée épouse la lumière venue du couloir. Dario est contre le mur, Arès est entrain de le frapper avec fureur, il essaye de se défendre mais aucun de ses coups n'atteint Arès qui finit par le lâcher. Dario se précipite vers la brosse à dents et plante Arès au niveau du torse une première fois. Arès le frappe à nouveau, ses coups sont précis, violents et s'enchaînent vigoureusement. Il va le tuer, c'est certain.

Dario se retrouve au sol. Arès se dirige vers lui et enroule ses mains autour de son cou. Il serre de toutes ses forces. Dario lui assène un nouveau coup de brosse à dents au niveau du torse, Arès ne lâche pas donc Dario recommence encore et encore. Arès saigne. Je m'approche et attrape le bras de Dario, je tente de récupérer la brosse à dents. J'aurai pu les laisser s'entretuer, je ne sais pas ce qu'il m'a pris. J'arrive finalement à récupérer la brosse à dents, je la jette loin.
Arès sert davantage ses mains autour du cou de Dario, celui-ci essaye de le dégager mais il n'y parvient pas. Les lèvres de Dario deviennent bleues, les veines autour de ses yeux aussi. Je touche le bras d'Ares et lui dit : « Monsieur Yrieix, je vous en prie, lâchez le... ». Je pense que je n'étais pas prête à voir quelqu'un mourir.
Arès plonge ses yeux dans les miens, son regard fait froid dans le dos, il me dit d'un ton calme et autoritaire : « dégage Persia, je te jure, vaut mieux que tu dégages ». Je le lâche et me recule contre le mur.
J'observe la scène, les mains devant les yeux. Dario attrape les bras d'Arès et essaye de le pousser, en vain. Je vois Arès appuyer de plus en plus sur le cou de Dario, qui laisse ses bras tomber le long de son corps.

Arès se relève, remet ses vêtements correctement, son col puis ses manches. Il se tourne vers moi, s'approche, j'ai tellement peur qu'il s'en prenne à moi que je garde les mains près de mon visage tout en le regardant arriver. Il est juste devant moi, je l'entends souffler.
« Debout ! » m'ordonne t'il sèchement, je m'exécute, je me lève immédiatement. Je me colle contre le mur, il avance d'un pas, je baisse les yeux, terrorisée. Il relève ma tête pour que je le regarde. Il attrape mon menton et tourne mon visage de gauche à droite pour regarder les bleus que les coups de Dario ont laissé.

- « Qu'est-ce que tu as fait pour te retrouver dans cette situation ? » me demande t'il en serrant les poings.
- « Je n'ai rien fait, Monsieur Yrieix... »
- «  Tu l'as chauffé ? » ajoute-t-il en grognant.
- « Non... je vous jure, Monsieur Yrieix »

Une voix nous interrompt : « Monsieur Yrieix, si je peux me permettre, Dario a toujours eu une attitude déplacée avec les femmes, je vous prie de m'excuser de ne pas avoir été à la hauteur ». C'est Raph. Je le regarde, contente qu'il aille bien, Arès se tourne légèrement vers lui puis me regarde à nouveau.
- « Et lui, il a tenté quelque chose ? » me demande Arès. Je réponds par la négative en ajoutant qu'il a essayé d'arrêter Dario, tout en le regardant.
Arès s'agace : « baisse tes yeux Persia, je vais te niquer si tu continue à le regarder ». Je m'exécute.

Arès se retourne et commence à s'avancer vers la porte. Il propose à Raph d'aller boire un verre afin qu'il lui explique « ce bordel ». Dario est toujours au sol inerte. Arès passe le pas de la porte, je m'avance vers lui, il s'arrête. Je me jette à ses pieds le suppliant de m'emmener avec lui : « Je vous en prie, Monsieur Yrieix, je vous en supplie, ne me laisser pas ici encore. J'ai compris la leçon, je vous le jure... ». Il ne répond pas, me fait juste signe de reculer, j'obéis immédiatement.

« C'est bien, je reviens peut être plus tard, pour te chercher » me dit-il en refermant la porte. La pièce est à nouveau sombre et silencieuse. Mon angoisse reprend le dessus sur ma raison, je suis dans cette pièce avec un cadavre, aucun son n'est perceptible hormis le battement de mon cœur, les scènes choquantes que je viens de vivre tournent en boucle dans ma tête. Je me couche contre le sol devant la porte, mes larmes finissent par ruisseler le long de mes joues. Un gémissement masculin retentit dans la pièce, Dario est toujours en vie. Je l'entends reprendre son souffle et certainement ses esprits, il doit tenter de se relever mais il n'y voit rien. Je me colle contre la paroi du mur et prie pour qu'il ne sache pas que je suis ici avec lui. Je fais le moins de bruit possible, je ralentis mes respirations, je ne bouge plus d'un millimètre. Que me ferait t'il si il savait que j'étais là ? Il me tuerais certainement.

Il finit par réussir à se lever, je ne vois rien mais l'entend clairement tâtonner dans la salle. J'entends mon cœur battre de plus en plus fort, je ne peux pas étouffer le bruit qu'il fait. Un sifflement d'expiration m'échappe, Dario s'arrête instantanément : « je sais que tu es là, Persia ! Je vais te trouver et te buter de mes propres mains, Arès tiens beaucoup trop à toi, ce sera ma petite vengeance! ». Il rit nerveusement et me disant de lui faciliter la tache.

Quelques instants s'écoulent, un cache cache aveugle et macabre se déroule. Dario fait le tour de la pièce rapidement, j'essaye de distinguer où il se trouve, j'y parviens difficilement. Je sens comme une petite vibration dans ma nuque, j'y passe une de mes mains, ça vibre effectivement au niveau de la puce que le médecin m'a implanté.

La puce vibre légèrement plus fort, le son est tout de même perceptible dans la pièce. Dario s'arrête et me dit qu'il reconnaît ce bruit et que je ferai mieux de me préparer à la suite.

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