- Chapitre 57 -

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Je me retrouve à errer dans la ville, le cœur lourd et l'esprit en désordre. Chaque pas que je fais semble résonner dans le vide qui s'est installé autour de moi. Je n'ai nulle part où aller. Mon père et ma famille m'ont trahie de la manière la plus cruelle qui soit, me laissant seule, sans un regard en arrière. Mes amies, celles que je pensais proches, ne semblent même pas s'inquiéter de mon absence. Je réalise, avec une clarté désolante, que, finalement, personne, à part Arès, ne se soucie vraiment de mon départ.

Alors que je déambule, mes pensées se bousculent. Je me souviens des moments passés avec Arès, de la manière dont il m'a manipulée et façonnée à son image. Je frémis à l'idée qu'il pourrait être en colère, non seulement pour ma fugue, mais aussi parce que je n'ai pas respecté ses règles. L'idée de lui déplaire m'angoisse, même en ce moment où je tente de me libérer de son emprise.

Mes pas m'emmènent devant un magasin d'opérateurs mobiles, une lueur d'idée se forme dans mon esprit. Pourquoi ne pas m'acheter un téléphone ? Je pousse la porte et pénètre dans la boutique, où l'odeur de plastique neuf m'enveloppe. Je me dirige vers le comptoir, hésitant sur le modèle à choisir, puis opte pour un téléphone hors de prix, accompagné d'un forfait mobile. Ce serait mon lien avec l'extérieur, ma chance de m'échapper, de reconstruire une vie qui ne serait pas marquée par la présence d'Arès.

Une fois le téléphone en main, je me sens un peu plus en sécurité. Je compose le numéro de mon père, le cœur battant, mais je me ravise. Ce n'est pas lui que je veux contacter. Alors, je compose le numéro d'une amie, espérant qu'elle se soucie encore de moi. La voix de son répondeur me répond, vide et froide, laissant une frustration sourde monter en moi. Je suis seule.

Je continue à marcher dans les rues, cherchant à comprendre où je me trouve, à me situer dans ce monde qui m'échappe. Chaque coin de rue, chaque passant, semble me juger, comme si mes décisions étaient gravées sur mon visage. La tension s'accumule, un poids lourd sur mes épaules. Finalement, après un long moment, je tombe sur un hôtel luxueux. L'idée germe à nouveau : peut-être que la réception a le numéro d'Arès. Ne me demandez pas pourquoi, je pense que la peur qu'Arès me retrouve tentant de lui échapper, m'empêche de continuer sur ma lancée.

Je pousse la porte de l'hôtel et me dirige vers le comptoir d'accueil. La réceptionniste, une femme aux cheveux impeccablement coiffés, me fixe d'un regard indifférent. Je lui demande son numéro, mais elle refuse de me le fournir. Un frisson de colère me traverse.

- Écoutez, dis-je, ma voix tremblante d'émotion. Si vous saviez à quel point il pourrait être en colère s'il apprenait que vous refusez de m'aider. 

Je laisse ma menace planer dans l'air, un soupçon d'angoisse dans la voix de la réceptionniste me pousse à continuer. Elle finit par céder, me donnant le numéro qu'il m'est si précieux.

Je le saisis avec empressement et l'ajoute à mon répertoire, mais je n'ose pas le contacter tout de suite. Au fond de moi, une peur sourde me retient. Que dirai-je ? Comment Arès réagira-t-il à mon appel ? Ses réactions sont toujours imprévisibles, balançant entre la douceur trompeuse et une colère explosive.

De son côté, le père d'Arès est rentré au domaine, un vent de rage allant s'abattre autour de lui. Lorsqu'Arès aperçoit son père et qu'il constate que je ne suis plus avec ce dernier, il se transforme en une bête en cage, la fureur bouillonnant en lui. Le père d'Arès lui annonce que je me suis échappée de la voiture, que les hommes de main n'ont pas réussi à me rattraper. Les mots résonnent comme un coup de tonnerre dans l'esprit d'Arès, sa colère le consumant.

La salle devient froide, l'atmosphère alourdie par la tension. Arès se fige, une rage sourde montant en lui. Les mâchoires serrées, il se tourne vers son père, son regard noir comme une nuit sans étoile. 

- Tu as laissé cette petite pute s'enfuir ? sa voix est glaciale, trahissant son dégoût.

- Je n'y peux rien, répond le père d'Arès, visiblement satisfait par la tournure des événements. Elle a profité d'un moment d'inattention. 

- Je vais la retrouver, je vais la tuer, déclare Arès avec une détermination froide. Son cœur bat la chamade, la pensée de me savoir libre. Sa colère atteint son niveau maximum, une fervente fureur, il sait qu'il doit agir vite.

Dans les rues, je continue de me promener, sentant le besoin de profiter de cette nouvelle liberté, qui sera de courte durée, je le sais. Mes pas me mènent finalement à la plage, où le sable fin s'étale devant moi comme une promesse de paix. Je m'y installe, le bruit des vagues m'apaisant temporairement. Mais l'idée d'Arès, de sa colère, ne me quitte pas. L'image de son visage déformé par la rage me hante, et les souvenirs de sa brutalité passée me rappelle que cette fois-ci, il ne laissera rien passer.

Au fond de moi, une petite voix me dit que je dois l'appeler, que je dois lui faire savoir où je suis. Je compose son numéro, une boule d'angoisse au ventre. Quand je prononce le premier mot, " Allô », sa voix résonne comme un coup de feu.

- Persia ?, il reconnaît immédiatement ma voix, et sa fureur est palpable. 

- Je vais te tuer, Persia ! continue-t-il.

La promesse de ses mots est terrifiante. 

- Je vais t'étrangler de mes propres mains jusqu'à sentir les os de ta nuque se briser et les battements de ton cœur s'éteindre, ajoute-t-il en hurlant.

La peur s'empare de moi, et je m'efforce de garder mon calme. 

- Monsieur, écoutez-moi ! Je peux tout vous expliquer !

Mais il ne veut rien entendre, il raccroche brutalement, laissant le silence oppressant m'envahir.

Ne me laissant pas abattre, je le rappelle, déterminée à lui faire entendre raison. 

- Monsieur, s'il vous plaît, écoutez-moi. J'ai besoin que vous compreniez. 

Il prend un moment pour m'écouter, puis sa voix revient, plus posée mais toujours chargée de colère. 

- Où es-tu ? Je viens te chercher. 

Je sens le besoin de lui demander quelque chose, une petite faveur qui pourrait m'accorder un peu de répit. 

- Je suis sur la plage. Est-ce que vous pensez pouvoir m'accorder quelques heures de liberté avant de venir me chercher ?

Il hésite, puis accepte finalement, le ton toujours aussi sévère. 

- Très bien, mais ne fais rien qui pourrait te mettre en danger ou pire, me mettre en rogne. N'oublie pas que j'ai des yeux partout, je te surveille.

Je le sais, mais je ne peux pas m'empêcher de sentir une vague d'espoir, un léger soulagement. La connexion que nous avons, bien qu'en partie fondée sur la peur, semble toujours vivante.

PersiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant