- Chapitre 70 -

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Arès s'essuie les lèvres avec soin, puis se lève de la table, prenant son temps comme s'il réfléchissait à ses prochaines actions. Ses mouvements sont précis et mesurés. Sans un mot, il traverse le salon pour s'arrêter devant un immense tableau accroché au mur, une œuvre abstraite aux tons sombres et profonds qui domine la pièce.

"Les rires dans le couloir, ce sont des amis qui viennent me chercher pour aller en boîte de nuit," me dit-il en jetant un regard par la fenêtre. Je le regarde, intriguée. Il appuie sur un bouton dissimulé dans le meuble à côté du tableau, et soudain, le tableau coulisse silencieusement, révélant une télévision encastrée derrière. Le contraste entre la peinture imposante et l'écran moderne est frappant, comme un secret enfin dévoilé. Il prend la télécommande cachée dans le meuble, allume la télévision, puis, sans même me jeter un regard, dépose la télécommande sur le canapé.

"Tu es libre de faire ce que tu veux ce soir," dit-il d'une voix neutre, presque distraite. "Je ne sais pas à quelle heure je rentrerai."

Je hoche la tête, trop surprise par ce soudain accès de liberté pour trouver les mots. Il me désigne ensuite la bibliothèque, une imposante structure en bois massif qui s'étend du sol au plafond, remplie de livres reliés de cuir et de volumes soigneusement rangés.

"La bibliothèque est à toi," continue-t-il, un sourire fin étirant ses lèvres. "Prends ce que tu veux. Et pour la télévision..." Il fait un léger signe de la tête vers la télécommande posée sur le canapé.

Je reste immobile, comme figée par ce geste inattendu. Arès me regarde quelques instants, ses yeux perçants cherchant peut-être une réaction dans les miens. Il semble peser chaque seconde, chaque mot échangé, puis tourne les talons sans un mot de plus. Il attrape une veste pendue près de la porte d'entrée, et sans se retourner, sort de l'appartement, la porte se refermant doucement derrière lui.

Un silence pesant s'installe. La télévision allumée projette une lueur bleutée dans la pièce, mais je n'y prête pas attention. Je reste assise, immobile, absorbant ce moment rare de solitude, presque trop précieux pour être vrai.

Je prends la télécommande posée sur le canapé, hésitant un instant avant d'appuyer sur les boutons pour parcourir les chaînes. La lumière bleutée de la télévision change, passant des nouvelles au fil d'images cinématographiques, puis à des émissions variées. Chaque changement d'image me plonge un peu plus dans une réalité qui n'est pas la mienne, une distraction éphémère pour échapper à l'atmosphère oppressante qui règne dans l'appartement. Finalement, je tombe sur une chaîne qui diffuse des clips musicaux. Une mélodie entraînante emplit le salon, douce mais avec juste assez de rythme pour ne pas sombrer dans le silence pesant de cet endroit.

Je monte légèrement le son, suffisamment pour qu'il couvre les bruits de mes mouvements, mais sans attirer trop d'attention, au cas où Arès déciderait de revenir plus tôt que prévu. La musique résonne autour de moi, créant une sorte de bulle protectrice contre les pensées sombres qui m'envahissent. Dans ce moment de répit, je me sens à la fois libre et piégée, oscillant entre l'envie de danser et la peur persistante qui me noue l'estomac.

L'envie de fuir me pousse à m'avancer lentement vers le dressing. L'appréhension me tord les entrailles, mais je ne peux pas laisser passer cette occasion. Les souvenirs de mes journées ici, enfermée dans cet appartement, me hantent, me rappelant que chaque moment de liberté est rare et précieux. Je sais que l'adrénaline et le risque sont mes seules compagnons, mais je dois avancer. L'idée de découvrir ce que cache le coffre-fort à l'intérieur me fascine autant qu'elle me terrifie.

À l'intérieur du dressing, le parfum du cuir et du bois me frappe, chargé de secrets que je suis sur le point de percer. Je m'approche du coffre-fort et entre le code, celui que je connais par cœur, celui de la date où ma vie a basculé en entrant ici. Mes doigts tremblent sur le clavier, hésitant sur chaque chiffre comme si leur entrée pouvait changer le cours de mon destin. Lorsque le verrou émet un léger clic, un frisson d'anticipation me traverse. Je sursaute, tendue comme une corde d'arc, écoutant quelques secondes pour m'assurer que la musique couvre le bruit de mes mouvements. Puis, je pousse prudemment la porte du coffre.

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