- Chapitre 29 -

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Il me dit : « laisse toi aller ! Ne résiste pas ! ».

Il touche mon corps mais je ne sens rien, il observe chaque millimètre de ma peau, chaque bleu, chaque brûlure, chaque plaie. Il note tout sur le document.

Il s'arrête sur la brûlure qu'à fait Arès sur mes côtes. Il parle à voix haute, comme si il était en train de s'enregistrer. Il dit que les bords sont nets et que la plaie a bien cicatrisé. Il ajoute que c'est du beau travail.
Du beau travail... une vraie torture surtout. J'observe chacun de ses faits et gestes, je ne dors toujours pas et il le remarque : « je vais terminer puis je vais augmenter la dose pour que tu dormes ».

Il attrape une nouvelle seringue, la rempli de moitié en plantant l'aiguille dans la même fiole qu'avant. Il repose le tout sur le champ stérile. Il approche une machine de mon corps, puis la place au dessus de mon torse et rejoint un petit bureau dans le couloir. La machine est bruyante, je crois que c'est pour faire des radios. Il revient quelques minutes plus tard : « côtes 6 et 7 fêlées et clavicule cassée ». Je me rappelle le coup qu'Ares m'a donné avec le kubotan, où j'ai senti une de mes côtes craquer, c'est sûrement à ce moment là qu'elles se sont fêlées mais ça pourrait bien être lorsqu'il m'a battue tout à l'heure.

Il attrape quelque chose dans sa poche de blouse. Un stéthoscope. Il l'enfile puis se dirige vers mon cœur, l'embout est froid, je ressens un frisson, il écoute minutieusement puis attrape mon bras et me tourne sur le côté et annonce un examen pulmonaire. Il reprend : « poumons R.A.S, souffle au cœur à confirmer avec une anamnèse si souhaitée ».
Je m'interroge intérieurement, comment se fait-il que j'ai un souffle au cœur ?

Il attrape la seringue, l'enfonce dans mon bras et m'injecte le produit. Je ne peux rien faire, je suis extrêmement faible, je ne peux même pas bouger. Ma vue se trouble davantage, je ne peux plus lutter, je m'endors.

...

...

J'avance le long d'un couloir, j'aperçois ma mère au bout. Elle est dos à moi, je l'appelle à plusieurs reprises : « Maman... maman... maman je suis là ! ». Elle ne se retourne pas, elle ne m'entend pas. J'avance plus vite, elle commence à marcher et s'éloigne de plus en plus vite également. Elle s'éloigne. J'accélère encore. Je crie, je hurle, je l'appelle encore et encore.
Je la rattrape, j'arrive presque à la toucher.

À ce moment là, mon père arrive à mes côtés, il attrape ma main et me retient près de lui. Je m'arrête et le regarde, il baisse les yeux. Un homme apparaît derrière moi, mon père lui tend ma main, l'homme l'attrape et me tire contre lui. J'entends sa respiration dans le creux de mon cou, je sens son haleine alcoolisée, je sens sa puissance lorsque sa main se resserre sur mon bras. Je me retourne, c'est Arès. Je tente de me dégager de son emprise, j'appelle mon père à l'aide mais il s'en va et me laisse là.

Je pousse Arès, il me lâche. Je commence à courir, il attrape mes cheveux et me traine au sol. Il attrape mon cou et me relève. Sa main parcourt ma poitrine. Il me colle contre le mur, m'embrasse fougueusement, il mord ma lèvre. La douleur que je ressens me fait sursauter.

...

...

Je me réveille à plat ventre sur le sol. La pièce est froide, noire et silencieuse. Je suis en sous-vêtements, j'ai terriblement mal au ventre et à la nuque, j'ai envie de vomir. J'essaie de me lever, je ne vois rien, je suis à quatre pattes, je me déplace doucement et tente de me repérer dans le noir. Ma main tape contre un mur, je le longe, je continue tout le long, jusqu'à trouver un coin. Je m'y réfugie pour le moment. Je me demande si je suis devenue aveugle car je n'y vois vraiment rien. Je me demande ce que ce médecin m'a fait. Je ne suis pas morte, je me dis que j'ai certainement de la chance d'être toujours vivante.

Un moment s'écoule avant que je ne me décide à me déplacer. J'essaie de me lever tant bien que mal en m'appuyant des deux côtés du mur. Une fois debout, je  continue de le longer dans la même direction. J'avance à tâtons dans le noir. Mon pied frôle quelque chose au sol, je m'effraie. Je me baisse puis touche ce qui semble être un drap, je l'attrape. Ce drap sent la fleur, il sent le propre. Je me sens un peu plus en sécurité lorsque je le passe sur mes épaules et m'enroule à l'intérieur. Il couvre presque la totalité de mon corps, un côté tombe au sol le reste couvre la moitié de mes cuisses. Je continue de suivre le mur, je tombe finalement sur ce qui semble être des toilettes, il n'y a rien d'autres dans la pièce. J'espérais tomber sur un lavabo mais rien. Je retourne me réfugier dans un coin de la pièce. Je n'entends pas un bruit, c'est totalement silencieux. C'est inquiétant dans la mesure où je distingue presque mon cœur battre à cause de ce silence pesant.

Je me demande ce que je fais ici. Il me garde certainement en vie pour me prendre mes organes quand il en aura besoin. Arès n'aura finalement pas eu le cran de me tuer, il m'a brisée, totalement brisée. J'ai l'impression d'être vide de l'intérieur à attendre l'heure où la mort viendra me récupérer. Je songe longuement et finis par m'endormir, installée sur le sol, recroquevillée dans le drap que j'ai trouvé.

...

...

Soudainement, les lumières s'allument. Je suis totalement aveuglée, je ne peux rien distinguer. J'essaie tant bien que mal d'ouvrir les yeux mais la lumière est trop forte et contraste avec la noirceur dans laquelle j'étais plongée juste avant. Je suis toujours dans le coin de la pièce, je me force à ouvrir les yeux. À ce moment, j'entends une porte s'ouvrir. J'ai peur, terriblement peur. Je m'accroche au drap et le serre contre moi comme un bouclier. J'entends une voix qui m'est familière : « mettez-la ici, je dois vérifier la cicatrice ! ». Puis je distingue des pas qui s'approchent de moi. Je ne vois pas grand chose mais je peux voir une grande silhouette s'approcher de moi, ma vue est toujours floue. La silhouette s'arrête devant moi, je me protège comme je peux en essayant de me faire toute petite. Je distingue deux autres silhouettes. L'une se rapproche aussi de moi.

Ma vue redevient progressivement nette, deux hommes sont devant moi. L'un d'eux est grand, fin et blond. L'autre est grand, musclé et il a les cheveux noirs. C'est celui-ci qui attrape ma main et me tire vers lui sur quelques centimètres. Je me débat, il me lâche. Je retourne à ma position initiale. L'autre lui demande s'il a besoin d'aide, il grogne qu'il devrait l'aider à me tenir après. L'homme finit par attraper ma cheville et me traine au centre de la pièce, je suis sur le dos, par terre, il tient mes deux chevilles. Je me relève et essaye de le pousser pour qu'il me lâche. L'autre homme attrape mes poignets et les plaque contre le sol au dessus de ma tête. Le troisième homme, se met à genoux à mon niveau. C'est le médecin. Il attrape mes cheveux et tourne ma tête sans difficulté. Il touche ma nuque, j'ai horriblement mal. Il continue de me toucher le cou puis dit que c'est vraiment parfait. Il attrape un genre de boîtier dans la poche de sa blouse puis l'approche de ma nuque. Un bip retentit et m'effraie.
« C'est parfait, vous pouvez la lâcher » dit-il. Immédiatement les deux hommes me lâchent et se relèvent.

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