Nous arrivons dans une pièce blanche avec une baignoire rempli d'eau. Il me dépose par terre, j'essaye de me réfugier dans un coin.
Il n'y a personne d'autre dans la pièce, juste Arès et moi. Son frère semble être resté en haut. Il attend quelques minutes, s'impatiente et regarde l'heure sur son téléphone plusieurs fois. Je suis collée au mur, j'ai horriblement mal partout. Je regarde mon corps, je suis pleine de contusions, sur mes jambes, mes cuisses, mes bras, mon ventre, partout.
Arès commence à râler, il souffle à plusieurs reprises et lâche des insultes à tout va. Il est furieux. Il s'approche subitement de moi. Je baisse la tête, apeurée. Il m'ordonne de me lever, je m'exécute doucement en m'appuyant des deux côtés du mur. C'est laborieux. Il s'agace, attrape mon bras et me soulève rapidement. Il se tient au mur, serré contre moi. Je sens sa respiration dans ma nuque, je regarde le sol. Il me demande de retirer mon short et mon t-shirt, j'obéis. Il est tellement proche et son étreinte est tellement petite que chaque mouvement que je fais m'oblige à me frotter à lui. Je commence par retirer mon t-shirt, silencieusement. Il me caresse tout le long de la colonne vertébrale, il soupire : « j'ai tellement envie de te baiser encore... » dit-il en se mordant le poing. Je frisonne, les murs sont froids, ses mains sont bouillantes. Je termine de retirer mon t-shirt, je m'apprête à le plier lorsqu'il me l'arrache des mains et le jette au sol.
« Le bas aussi ! » grogne t-il en tapant du poing sur le mur « Et plus vite que ça ! ».
Je fais ce qu'il me demande, je retire le short plus rapidement, des plaintes m'échappent à cause de la douleur que je ressens.
- « Et oui ! Je t'ai bien niqué ta race hein ! » dit-il en souriant. Il continue en me disant que je devrais le remercier de ne pas m'avoir tuée. Il attrape le short et le jette aussitôt au sol avec le t-shirt.Je suis en sous-vêtements, il m'observe longuement en se léchant les lèvres. Il ajoute : « je ne peux pas m'empêcher de repenser à tout à l'heure, quand je t'ai baisée contre mon bureau ». Il penche sa tête vers l'arrière puis se recentre sur le moment présent. Il regarde l'heure à nouveau.
Je regarde aussi. Je distingue sur le téléphone une information essentielle, la date. C'est une information que je n'ai même pas cherchée à avoir tout à l'heure lorsque j'ai appelé mon père.17 juin 2023. Je fais rapidement le rapprochement avec l'anniversaire d'Anya, le jour où ma vie a basculée, le 19 mai. Ça fait environ un mois que je suis ici. Arès se rend compte que j'ai regardé son téléphone : « tu veux appeler ton petit bâtard de père, Persia ? » me dit-il avec un grand sourire. Il reprend « ou bien ta salope de mère ? Ou encore ton enculé de frère ? ». Je baisse la tête et ne lui réponds pas. Il continue en disant : « c'est bien ce que je pensais, de toute façon ils t'ont vendue, Persia. Vendue, pour sauver leurs peaux comme si tu n'étais qu'un vulgaire objet ! ». Je relève la tête, je l'interroge sur ce qu'il vient de dire. Il ne répond pas. Il m'ordonne de ramasser mes affaires par terre, je le fais immédiatement.
Je me baisse doucement, il en profite pour caresser mes fesses. Je suis accroupie, je ramasse mon t-shirt et mon short. Un son strident retentit, quelqu'un vient d'ouvrir la porte à l'opposé de celle où nous sommes entrés. Je sursaute et me replace immédiatement dans le coin de la pièce. La tête baissée, j'entends des pas lourds suivis de près par des sons métalliques. Lorsque je relève la tête, Arès est devant moi, de dos. Je distingue, devant lui, une personne portant un ensemble composé d'une blouse et d'un pantalon blanc, un long tablier plastifié avec des grosses chaussures noires. Je ne peux pas voir le visage de cette personne, elle est caché par la carrure d'Ares.
Arès débute la conversation : « tu te fais désirer alors que je n'ai pas le temps d'attendre ! ». Une voix masculine lui répond : « Monsieur Yrieix, vous savez très bien que les prélèvements prennent du temps. Il vaut mieux prendre son temps et avoir un organe sain que... ». Arès ne lui laisse pas le temps de finir, il coupe court à la conversation : « je sais c'est bon. Bon, je te la laisse, tu sais quoi faire ! ». À ces mots, je me relève et me rapproche de la porte, je ne compte pas rester ici après ce que je viens d'entendre.
Ce salaud trempe aussi dans le trafic d'organes, c'est une vraie pourriture.
Je puise dans mes dernières ressources pour atteindre la porte et l'ouvrir. Je croise le regard de l'homme qui indique à Arès ma tentative de fuite avec un mouvement de tête. J'ouvre la porte, elle est lourde. Je franchis le seuil et monte la première marche. Arès m'attrape par les cheveux et me tire au sol devant lui. Je me relève et m'accroche à lui, je le supplie de nombreuses fois. Quelle ironie de se retrouver accrochée à la jambe de son bourreau.
Il finit par me pousser contre le sol et s'en va. Il ne m'adresse aucun regard, aucune parole, rien.
Je retourne dans le coin de la salle. Je regarde l'homme qui se tient devant moi. Il ressemble à un médecin légiste et la pièce où nous sommes se rapproche affreusement d'une morgue. Il y fait froid, il y a une genre de baignoire au centre de la pièce, jalonnée par une genre de table en métal. L'homme récupère une desserte près de la porte où il est entré. Celle-ci est recouverte d'un champ stérile bleu qui dépasse du plateau. Je l'entends et le vois préparer des outils. Il attrape un flacon qu'il plante avec une seringue, il aspire le liquide à l'intérieur.Il s'approche de moi avec une balance dans les mains qu'il pose au sol. Il me fait signe de monter dessus avec sa main. Je ne bouge pas, il retourne près de la table et continue à préparer des choses sur cette dernière. Je l'observe, je ne bouge pas. Il brise le silence pesant : « j'ai besoin de connaître ton poids, monte sur la balance ! ». Je reste immobile, il reprend en me disant : « ne m'oblige pas à chercher quelqu'un qui va te contraindre à monter dessus. ». Je me relève et m'approche de la balance. Je monte dessus, mon poids s'affiche sur le petit écran digital.
L'homme se rapproche, je me recule tout de suite. Il lit le poids mémorisé par la balance et le note sur un document. J'ai perdu beaucoup de poids, Hadès avait raison. Il reprend la seringue, l'observe minutieusement et appuie dessus pour faire sortir du produit. Il la repose sur la table. Il enfile des gants qu'il tire largement au dessus de ses poignets. Je commence à paniquer, j'ai terriblement peur. Je pense que je vais mourrir aujourd'hui, il va me tuer et récupérer mes organes pour les vendre.
Il revient vers moi, la seringue dans la main. Je me lève et me recule à chaque pas qu'il fait. Je me réfugie derrière cette genre de baignoire. Il essaye de m'attraper. J'attrape un scalpel sur le champ stérile et le menace.
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Persia
General Fiction⚠️ Trigger Warning - Traumas Avertissements⚠️ Chers lecteurs, chères lectrices, cet ouvrage contient des passages décrivant des actions ou propos pouvant déclencher une souffrance émotionnelle et réactiver un possible traumatisme. Notamment des des...