- Chapitre 33 -

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Il s'agit d'Hadès, il est suivi de près par Dario et Raph. Ils s'avancent et saluent un par un Arès en lui serrant la main.
Je baisse la tête, Hadès me met mal à l'aise et Dario aussi.
- « Persia, là ! »
Arès m'ordonne de me lever et de le rejoindre pour m'assoir à côté de lui, il tire sur la chaise à sa droite et la rapproche de la sienne. Je me lève et le rejoins. Il attrape le verre d'eau et le replace devant lui. Je n'ai pas osé boire, il ne m'y avait pas autorisé. Et là, je me rends compte qu'il arrive à me conditionner malgré moi.
Il tapote sur la chaise pour que je m'y installe. Je m'assois, il tire encore un peu plus sur la chaise jusqu'à ce que l'accoudoir soit complètement collé à la sienne. Il est imposant dans sa chaise, il a les jambes écartées et les bras posés le long des accoudoirs. Il boit une autre gorgée dans son verre puis retire sa veste et déboutonne les premiers boutons en haut de sa chemise. L'alcool et la chaleur ne font pas bon ménage, s'il continue de boire autant ça risque de dégénérer.
Il invite Hadès, Dario et Raph à s'assoir avec nous. Hadès se place juste à côté de moi, Dario se met juste en face et Raph à côté d'Arès.

J'essaye de me faire toute petite, mes jambes sont collées l'une à l'autre, mes bras le long de mon corps avec les mains croisées sur mes cuisses.

Arès doit avoir senti que je suis tendue, il me regarde. Il attrape le verre d'eau sur la table et me le tend, j'hésite à le prendre.
- « Je t'ai dit que ça n'impliquait rien » me dit-il en insistant pour que je prenne le verre.
Je l'attrape, nos mains se touchent et il caresse mes doigts avec les siens. Il lâche le verre et commence à discuter avec son frère.
- « Je vous remercie, Monsieur Yrieix » lui dis-je avant de boire.
Hadès esquisse un large sourire puis attrape la main de son frère en disant : « tu as finalement réussi à la dresser comme tu voulais, mon frère, je suis content pour toi ».
Arès ne répond pas, il me regarde et son visage me fait comprendre qu'il attend de moi que je ne le déçoive pas.

Je repose le verre devant Arès. Je croise le regard de Raph, il détourne les yeux immédiatement.
Malgré tout, je sens un regard insistant se poser sur moi, c'est celui de Dario. Il me regarde comme si j'étais nue devant lui, je suis plus que mal à l'aise. Je resserre un peu plus mes jambes l'une contre l'autre, je tente de descendre le tissu de ma robe pour cacher mes cuisses le plus possible. Dario regarde mes jambes à travers la table vitrée, son regard me pèse beaucoup car je sais de quoi il est capable et les pensées qu'il peut avoir.

Je vois que Raph essaye de lui faire détourner le regard mais ça ne fonctionne pas. Il me regarde maintenant droit dans les yeux, comme si il essayait de me transmettre un message. Je détourne le regard et regarde Arès. À force de bouger pour descendre ma robe, je lui donne un léger coup de coude sur le bras, il constate que j'essaie de me couvrir, il regarde Dario et le surprend.

- « Arrête de bouger dans tous les sens, tu me fais monter en pression » me dit-il.
- « Je suis désolée, veuillez m'excuser » lui dis-je en me replaçant au fond de la chaise.
Il sort son arme de l'arrière de son pantalon et la dépose sur la table, il lance un regard noir à Dario qui le fait arrêter immédiatement. Il se penche un peu plus de mon côté, dépose sa veste sur mes jambes, passe son bras devant moi et dépose sa main sur ma cuisse, comme pour me mettre en sécurité. J'apprécie ce geste venant de lui car il aurait pu laisser Dario continuer et s'en prendre à moi en me traitant de salope. Pour le remercier et lui faire comprendre que j'apprécie ce qu'il vient de faire, je pose ma main près de la sienne et effleure sa peau. Sa main se resserre sur ma cuisse, il est satisfaisant.

La femme revient avec des boissons. Elle sert Hadès en premier, un whisky, comme son frère. Puis dépose un verre de vodka devant Dario et Raph avec une bouteille de jus de fruits.
Arès lui demande si le repas arrive bientôt, elle acquiesce en disant qu'elle revient tout de suite avec.
Les hommes trinquent puis Arès attrape la bouteille de jus de fruits, en verse un peu dans le verre devant lui. Il me le tend, je le prends. Il approche son verre du mien pour trinquer avec moi. Il me surprend de plus en plus et je ne peux m'empêcher de lâcher un petit sourire discret. Je trinque avec lui, son visage s'illumine à nouveau. Peut-être a-t-il décidé de changer, de réparer comme il le dit.

La serveuse revient. Ça me semble bizarre de dire serveuse, alors que nous sommes dans une maison et qu'elle n'est sûrement pas payée pour faire le service. Elle apporte des plats qu'Ares n'a pas commandé et les dépose sur la table puis elle dépose la salade composée et les spaghettis à la bolognaise devant Arès.     Hadès, Dario et Raph récupère leurs plats au centre de la table. Ares déplace les deux assiettes devant moi, la serveuse lui dit qu'elle pensait que c'était pour lui puis lui demande s'il veut manger quelque chose également, il répond qu'il n'a pas faim.

Arès avance ma chaise sans difficulté, comme on avance la chaise d'une enfant au moment de passer à table puis me dit de manger.
Je m'avance et m'installe pour manger, les avant-bras contre la table, je prends les couverts en main, ils sont lourds, je suppose que c'est des couverts en argent. J'enroule les spaghettis autour de ma fourchette en m'aidant de la cuillère, je la porte jusqu'à ma bouche puis j'entends le ventre d'Ares gargouiller. Je repose la fourchette, me tourne vers lui, déplace l'assise dans sa direction et lui dit : « Monsieur Yrieix, vous avez faim, je mangerai après vous ». Je ne sais pas pourquoi j'ai fait ça, peut-être pour lui montrer ma reconnaissance d'être gentil avec moi pour une fois, peut-être parce que j'avais peur des conséquences en ayant bu et manger, ou peut-être pour ne pas le décevoir.
- « Mange Persia, je peux avoir tout ce que je veux. Je prendrais quelque chose si je le souhaite » me répond t'il en souriant.
Je me retourne, récupère la fourchette et mange une première bouchée. Le plat est délicieux, chaud, et c'est surtout mon plat, pas un reste de quelqu'un. J'apprécie le moment et ne pense pas à ce qu'il y a autour de moi.

Arès passe sa main dans mon dos, il me caresse la peau le long de la colonne vertébrale. Si vous nous regardiez sans connaître toute l'histoire vous pourriez vous dire que c'est un homme attentionné. C'est vrai, sur le moment, il est très attentionné. J'alterne les bouchées entre la salade composée et les spaghettis. Hadès, Dario et Raph mangent aussi.
- « Finalement, je veux bien goûter » me dit Arès en se relevant vers la table. J'observe autour de moi, il n'y a pas d'autres couverts. Il continue en me disant que ça ne le dérange pas d'utiliser ma fourchette. Je lui tend ma fourchette et ma cuillère, il ne les prend pas. Je comprends qu'il veut que ce soit moi qui le serve. Je lui prépare donc une fourchette et la porte jusqu'à sa bouche, je suis concentrée pour ne rien faire tomber sur sa chemise ou son pantalon. Son visage est serein, il apprécie ce moment et ça se voit.
Nous partageons le reste du repas, tranquillement.

PersiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant