Il ferme la porte derrière lui, j'enfile la robe et range les dernières affaires dans le sac. Je pense à ce qu'il vient de se passer, à la douceur dont il a su faire preuve puis ce changement d'attitude instantané.
Je respire un bon coup, je pose la main sur la poignée de la porte et m'apprête à sortir. J'ouvre la porte, Arès est adossé contre le mur, il se redresse lorsqu'il me voit. Raph n'est plus là.
« Est-ce que tu as faim ? » me demande Arès d'un ton calme. J'hoche la tête, il me fait signe d'avancer devant lui. Je m'exécute et avance quelques mètres. Je m'arrête, me tourne vers lui et lui dit tête baissée : « Monsieur Yrieix, qu'est-ce que cela implique ? »
« Regarde moi dans les yeux ! » lance t'il froidement. Je relève la tête et plonge mes yeux dans les siens. Il reprend plus calmement : « De quoi tu parles ? »
« Qu'est-ce que je dois faire pour que vous acceptiez de me donner quelque chose à manger ? »
« Rien. » me dit-il.
Je suis étonnée de sa réponse, je reste sur la réserve et attend d'entendre ce qu'il va me demander. Il place sa main dans le bas de mon dos et me pousse délicatement pour que j'avance. Nous remontons le couloir jusqu'aux escaliers au fond de celui-ci, il repasse devant moi. Nous montons les escaliers, il pousse la porte et nous arrivons dans la cour. Il continue d'avancer jusqu'à arriver sur une grande terrasse en partie ombragée. Il fait chaud, le contraste entre le sous-sol gelé et l'extérieur chauffé par le soleil est perturbant. Plusieurs hommes sont installés sur la terrasse, ils boivent. Tout le monde nous regarde, c'est extrêmement gênant.Arès se tourne vers moi et me demande si je préfère être au soleil ou à l'ombre. Je suis surprise qu'il me demande mon avis, je lui réponds que ce qu'il choisira me conviendra parfaitement.
« Très bien, on va prendre la table au soleil alors » me dit-il en me la montrant du doigt et en me faisant signe de la rejoindre. J'avance jusqu'à la table suivi d'Ares. Il tire sur une chaise, puis s'installe finalement sur celle d'en face.
« Assieds-toi » me dit-il avec un large sourire.
Je m'assieds et le remercie. Il reprend en me disant que c'est la vie qu'il veut et peut m'offrir mais que pour ça il faut que je devienne obéissante. Il ajoute : « je suis certain que dans quelques jours ce sera le cas ».Une femme arrive et s'adresse à Arès, elle lui demande ce qu'il souhaite boire, il choisit un whisky et lui demande une carafe d'eau en plus. Elle repart aussitôt.
Le soleil tape contre ma peau, c'est extrêmement agréable. J'ai même un peu chaud, je bascule ma tête vers l'arrière pour repousser mes cheveux dans mon dos. Arès tape violemment contre le pied de ma chaise, je sursaute.
« Ne fais pas ça ! T'es à moi, ils te regardent tous, je refuse qu'ils s'imaginent quoique ce soit ! » me dit-il le regard noir.
« Veuillez m'excuser, il fait très chaud »
« C'est pas une raison pour te trémousser comme une... » il ne finit pas sa phrase mais je comprends parfaitement où il veut en venir, Arès n'a pas changé en quelques jours, il a toujours cette noirceur et cette violence en lui.
« Qu'est-ce que tu aimerais manger ? » reprend t'il.Je n'ai pas le temps de lui répondre car la femme revient avec un verre de whisky, un verre et une carafe d'eau. Elle dépose le tout devant Arès, il attrape le verre et le finit d'une traite. Il verse les glaçons de son verre dans le verre vide, y ajoute de l'eau et le dépose devant moi. La femme lui resserre immédiatement un verre puis elle dépose la bouteille sur la table.
« Très bonne initiative » lui dit-il avec un grand sourire et des yeux dragueurs. Elle sourit.
Il lui demande d'apporter une salade composée et des pâtes à la bolognaise, puis ajoute en me regardant les sourcils froncés : « et des glaçons pour la demoiselle qui a très chaud ».« J'espère que ça te convient, j'ai cru comprendre que tu adorais les pâtes » me dit-il en souriant.
Je le remercie. Je regarde autour de moi, la propriété est immense, je n'avais pas vu tout ça la dernière fois. Les murs en pierre sont longs et hauts, cela fait un peu penser à la cour intérieur d'un monastère, même si tout ce qu'il se passe à l'intérieur de ce lieu n'a rien de religieux. De grandes arches culminent tout autour de cette cour où se situe la terrasse, elles rendent la cour d'autant plus impressionnante.
Arès ne me lâche pas du regard, je n'y prête pas attention. Je m'imprègne des lieux et essaye de me situer dans cette immense cage. Il doit y avoir une trentaine d'hommes attablés autour de nous et peut-être le même nombre que je ne vois pas.
« Tu sais, ça ne sert à rien de monter un plan d'évasion dans ta tête, je te retrouverais toujours, peut importe où tu iras » me dit-il calmement. Je lui demande si c'est grâce à la puce qu'il a fait mettre dans ma nuque. Il semble étonné de ma réponse, comme si je ne devais pas être au courant de ça et reprend : « aussi intelligente que belle, tu as raison. C'est ce que tu veux ? T'évader ? »
- « Si j'en avais l'occasion, j'en profiterais »
- « Tu es honnête, c'est bien. Mais tu irais où ? »
Je profite de son calme pour échanger avec lui, il semble apprécier cette conversation.
- « Loin, loin d'ici, loin de vous... »
- « Je comprends, on n'a pas commencé du bon pied, toi et moi, mais ça veut dire que je ne peux que m'améliorer »
Je suis un peu bouleversée par sa réponse, je me demande si c'est ce qu'il souhaite, que la situation s'améliore. Dans tous les cas, je ne lui pardonnerai jamais ce qu'il m'a fait subir.
- « Tu sais que personne ne t'attend dehors ? Pour ta famille c'est comme si tu étais morte. Je suis le seul qui me soucie de toi maintenant »
Sur ce point il n'a pas tord, mon père m'a offerte à Arès, comme un objet matérialisant la paix entre eux, ma mère et mon frère ne s'y ont pas opposé. Je veux lui répondre que j'ai des personnes qui m'attendent certainement mais il ne me laisse pas finir.
- « J'aurais aimé que ce soit différent entre nous, qu'on se rencontre, que je te séduise. Mais chez nous, ça ne se passe pas vu comme ça, on prend, on détruit, on regrette, on répare... je t'ai toujours voulu et ton père m'a donné l'occasion de t'avoir, je n'allais pas la laisser passer, comme toi si je te laisse l'occasion de partir »
Il parle à cœur ouvert et c'est bien la première fois que je le vois comme ça. Même si je ne comprends pas comment il a pu me vouloir depuis toujours, je ne le connaissais pas avant de finir accrochée dans sa chambre. Finalement, je ne le connaissais pas mais je ne connaissais pas ma famille non plus.
- « Vous regrettez ? »
Il s'apprête à répondre mais son attitude change, il reprend son comportement initial de mâle alpha, son regard se fronce, son visage change, il se sert son quatrième verre de whisky et bois une gorgée. Je regarde autour de moi, pour voir ce qui a bien pu le faire changer comme ça. Je comprends rapidement en voyant qui se dirige vers notre table.
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Persia
General Fiction⚠️ Trigger Warning - Traumas Avertissements⚠️ Chers lecteurs, chères lectrices, cet ouvrage contient des passages décrivant des actions ou propos pouvant déclencher une souffrance émotionnelle et réactiver un possible traumatisme. Notamment des des...