- Chapitre 36 -

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Il se rapproche à nouveau, les mains en avant pour me calmer. C'est Raph.

Je me réfugie dans le coin.

- « Pourquoi tu as fait ça, Persia ? Putain, t'as vu le sang partout. T'es folle ou quoi ? » me dit-il.
- « Pourquoi vous faites ça ? Pourquoi vous me faites ça ? Pourquoi vous m'infligez ça ? »
Il se rapproche encore, je me colle davantage au mur.
Je lui hurle dessus : « Ne me touchez pas ». Il ne bouge plus mais ajoute qu'il va devoir me soigner et que je vais devoir le laisser faire.
Je mime non de la tête et je l'interroge : « Qu'est-ce que je vous ai fait pour que vous m'infligiez ça ? »
Il me répond qu'il obéis aux ordres, qu'il n'a pas le choix.

La porte s'ouvre à nouveau. Dario entre dans la pièce.
- « J'ai pas trouvé la trousse de secours, j'ai appelé le médecin. Il arrive » lance t'il à Raph.
- « Cherche une serviette et humidifie la pour qu'elle puisse essuyer le sang sur ses mains et ses bras » lui demande Raph.
- « Je suis pas ton toutou, cherche la toi-même ta putain de serviette »

Je regarde Raph dans les yeux et lui demande de ne pas me laisser seule avec Dario. Il me rassure en me disant qu'il est juste là dans le couloir, qu'il revient tout de suite. Il se lève puis sort de la pièce.

Dario attend qu'il se soit éloigné et se rapproche de moi.  Il s'accroupit devant moi, tend sa main vers mon visage, je le repousse vigoureusement avec mon bras.

- « C'est bien petite salope, tu sais garder un secret » me dit-il froidement.
- « Arès t'aurais tué »
- « On va pouvoir continuer à s'amuser tous les deux »
- « Raph ne te laissera pas faire »
- « Oh mais il ne sera pas toujours là, je vais revenir, seul. Peut-être cette nuit, demain ou après demain, tu ne t'y attendras pas. On pourra jouer tranquillement ensemble, personne ne se mettra entre toi et moi cette fois-ci. »

Raph revient une serviette à la main.
- « Putain Dario, laisse la tranquille » hurle t'il.
Dario se relève, un large sourire pervers aux lèvres. Il se place dans l'encadrement de la porte et s'allume une cigarette.

Raph me tend la serviette, je ne la prends pas. Je pose ma tête contre la paroi du mur et regarde dans le vide.
Je réfléchis à comment me sortir de cette situation, je n'ai aucune envie de me retrouver seule face à Dario, il semblerait qu'il n'ait aucune limite. Il agit comme un prédateur.

Raph laisse la serviette à mes pieds, se relève et rejoint Dario près de la porte. J'avance ma tête puis la projette vigoureusement vers l'arrière, encore et encore, peut-être quatre ou cinq fois avant que Raph ne le voit. Le sang recommence à couler. Raph me tire au sol et me prend contre lui pour que je ne puisse plus me faire mal. Je me débats mais il fait comme une camisole avec mes propres bras. Prise très efficace car je n'arrive plus à bouger, j'hurle de tout mes forces.

Dario reste la, à me regarder. Il informe Raph que le médecin arrive. Raph me serre tellement fort contre lui que je commence à manquer d'air.

Le médecin arrive et Dario lui dit : « il va falloir faire quelque chose, elle est en train de vriller ». Le médecin pose sa malette au sol, sort une seringue et un flacon. Je m'arrête immédiatement de bouger et supplie le médecin de ne pas m'injecter ceci. Il le fait tout de même et ajoute que c'est pour mon bien.
Je sens la seringue dans ma cuisse et la chaleur se reprendre dans mon corps. Je me calme, j'ai l'impression de flotter dans des nuages. Raph me lâche au fur et à mesure où je perds connaissance. Je lui chuchote de ne pas me laisser tomber.

...

...

Lorsque je reprends connaissance, je ne suis plus dans la même pièce. La lumière est allumée, la musique est en route mais les murs sont capitonnés. Je touche l'arrière de ma tête, c'est douloureux. Je me rends compte que j'ai été changée et peut-être même lavée.
Je vérifie si j'ai toujours la brosse à dent cachée. Elle n'y est plus.

- « C'est ça que tu cherches ? »
Je sursaute, je ne m'attendais pas à ce que quelqu'un soit là. Je lève les yeux, il s'agit de Raph, il tient la brosse à dents dans sa main.
- « Tu comptais faire quoi avec ça ? » me demande t'il.
Il continue sans me laisser répondre : « tu comptais te trancher les veines ? » il rigole et me dit que je ne risque pas d'aller bien loin avec ça. Il la jette à mes pieds, je la récupère immédiatement.
Je baisse la tête. Il s'approche et s'assied à mes côtés. Il pose sa main au sol près de la mienne que je retire dans la foulée. J'attrape la brosse à dents à pleine main.

- « N'aies pas peur de moi, je ne vais pas te faire de mal » me dit-il tranquillement.
- « Vous êtes différent c'est ça ? Tous les mêmes à un moment ou à un autre. »
- « Non, je ne suis pas différent, j'obéis aux ordres donc je tue, je bas, je fais du mal mais pas aux personnes qui ne m'ont jamais rien fait. »
- « Vous obéissez aux ordres de qui ? »
- « Hadès, je travaille pour lui. Mais comme dans toutes hiérarchies, nous obéissons tous aux ordres du grand patron »
- « Arès... »
- « C'est ça. L'ordre que nous avons reçu de lui c'est d'allumer la lumière et la musique puis d'éteindre de temps en temps. Je suis vraiment désolé pour ça mais je dois obéir »
- « Dario a prévu de revenir me faire du mal quand vous ne serez pas là »
- « Je ne le laisserai pas faire »

Raph me demande si je me sens bien. Je lui demande pourquoi il se soucie de moi comme ça. Il me répond simplement qu'il y a suffisamment de personnes qui ont des mauvaises intentions à mon égard et qu'il n'a pas besoin d'en rajouter une couche.

- « Je vais devoir partir, est-ce que tu te sens bien ? » reprend t'il.
- « J'ai la tête qui tourne mais je crois que ça va »
Il se lève et se dirige vers la porte puis ajoute : « c'est bientôt l'heure de tout éteindre, profites-en pour te reposer et dormir ». Il sort de la pièce et referme derrière lui.

Arès est vraiment horrible. Est-ce qu'il se rend compte de ce qu'il me fait subir ? Est-ce que son objectif c'est de me rendre complètement folle ? Où est-ce qu'il attend de moi que j'en finisse ?

Je regarde la brosse à dent. Je la passe le long de mon avant-bras mais le manche n'est pas assez tranchant, il est légèrement pointu mais il ne pourrait me faire qu'une simple griffure. J'observe la pièce pour voir si je peux continuer de tailler le bout du manche. Elle est totalement capitonnée, du sol au plafond, même la porte l'est. Il n'y a rien d'autre dans la pièce, pas de toilette, rien. Je ne pourrais même pas me tuer ici.

La porte s'ouvre à nouveau, je me recule. Raph passe sa tête et me dit : « J'ai oublié de te demander si tu avais besoin d'aller aux toilettes ? ». Je réponds positivement. Il me fait signe de venir avec sa tête, je me lève et le suis.

Il s'agit du même couloir, j'ai simplement changé de pièce. Il ouvre la porte à côté de celle où se trouve la salle de bain. J'entre.

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