- Chapitre 39 -

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La puce vibre encore, Dario rit.

« Tu penses que je ne suis pas au courant de ce qu'il va arriver ? » dis-je calmement à Dario.
Il essaye d'ajouter quelque chose mais je lui coupe immédiatement la parole : « Je n'ai pas peur ! Par contre, toi ?! Sais-tu ce qu'il va se passer quand Arès se rendra compte qu'il ne t'a pas tuer ? Sais-tu ce qu'il te fera subir si tu oses me toucher encore ? »

La puce s'arrête, je me couche au sol, Dario ne dit plus rien. Je m'attends à recevoir une décharge mais rien ne se passe.

Dario reprend : « Tu sais quoi ? Tu as raison, je ne sais pas ce qu'Ares fera. Par contre, je sais que ce que je vais te faire ça le brisera. »

À ces mots, je me relève immédiatement. Je me sens idiote à prier pour qu'Ares revienne. Dario n'a pas d'âme, il me tuera c'est certain. Il me cherche à nouveau, il est déterminé. Je me rappelle avoir lancé la brosse à dents de l'autre côté de la pièce, il faut que je la récupère pour me défendre. Je me dirige vers elle, je tâtonne le sol à sa recherche. La pièce est plongée dans le noir donc je n'épargne aucuns centimètres. Il faut que je la trouve.

Je cherche pendant de longues secondes qui me semblent être interminables. Je touche quelque chose du bout de mon pied, me baisse pour le ramasser, c'est la brosse à dents. Je me réfugie dans le coin de la pièce, je tiens la brosse à dents fermement dans ma main.

« Rien de tout ça ne serait arrivé si tu m'avais laissé te baiser, tu sais ? » dit Dario en balayant la pièce bruyamment.

Je ne réponds pas.

« Je serai passé de temps en temps te mettre quelques coups de reins » ajoute-t-il.

Je ne dis rien, il me cherche, lui répondre serait lui dire où je me trouve.

« Tu aurais apprécié, j'en suis certain. Je t'aurais fait crier comme une petite chienne » continue t-il.

La lumière s'allume, nous sommes éblouis. J'essaye de m'acclimater rapidement pour le voir arriver. Il va me tuer si Arès ne revient pas, j'en suis persuadée.

Il est maintenant face à moi, à quelques centimètres, le sourire béant, il est prêt.
Il s'avance et je le repousse vigoureusement en lui demandant de me laisser tranquille. Il s'avance encore en me donnant plusieurs coups de poing, il attrape mes cheveux et me projette au sol. J'essaye de me relever mais il se place derrière moi et place son bras autour de mon cou. Il serre de toutes ses forces et l'air me manque immédiatement. Je me débats vigoureusement pendant quelques instants. Je ne sais pas par quel moyen je réussis à me libérer de lui. Je récupère mon souffle difficilement, il me tire vers lui en attrapant mon pied, je lâche la brosse à dents mais elle est toujours à ma portée. Il me donne plusieurs coups de pieds, puis se place au dessus de moi, enroule ses mains autour de mon cou et m'étrangle avec détermination. J'essaye de retirer ses mains, j'essaye de bouger mais il est lourd et fort. Il est à califourchon sur mon ventre, je tente de relever mon bassin pour le faire basculer mais rien à faire, il tient sur ses appuis. Je touche du bout des doigts la brosse à dents, j'essaye de l'attraper pour me défendre. Je sens mon cœur battre à toute vitesse, ma vue se trouble petit à petit.

Je finis par réussir à attraper la brosse à dents, je l'utilise comme un couteau pour le faire lâcher. J'assène un premier coup au niveau du torse, il ne lâche pas, je l'ai certainement juste égratigné.

Je réunis mes dernières forces et lui donne un autre coup, je ne vois plus rien du tout tellement ma vue est trouble. Je sens une odeur métallique, de fer. Sur mon bras ruissèle un liquide chaud, des gouttes tombent sur mon visage et la pression exercée par Dario sur mon cou s'estompe.

Il s'effondre de tout son poids sur moi. Ce liquide à l'odeur forte, continue de se déverser sur mes seins, mon cou, mon visage, je comprends rapidement qu'il s'agit de son sang. Je l'ai tué...

J'essaye de le pousser pour me relever mais je n'ai plus la force de rien. J'ouvre les yeux, la brosse à dents est plantée dans son cou d'où jaillit le sang.

Je l'ai tué... j'ai tué un homme... j'ai tué Dario.
Je l'ai tué...
Cette phrase je la répète encore et encore, incapable de faire autre chose.

Je l'ai tué...

Encore et encore.

Je pense que je perds connaissance car je ne me rappelle plus de rien jusqu'à ce qu'Ares arrive.

...

...

La porte de la pièce s'ouvre, je distingue Arès rentrer. Il est choqué en voyant cette scène horrible, il se précipite vers moi et pousse le corps de Dario sur le côté. Il me demande à plusieurs reprises si je suis blessée, je lui répète sans cesse en pleurant : « Je l'ai tué, Monsieur Yrieix, je l'ai tué. »

« Calme toi Persia, il faut que tu te calmes » me dit-il de façon autoritaire. Je n'y parviens pas et continue de répéter que j'ai tué Dario.

Arès me relève, il est à genoux à côté de moi. Il inspecte mon corps pour s'assurer que je ne sois pas blessée. Je regarde mes mains, elles sont pleines de sang. Il prend son portable et appelle quelqu'un : « J'ai un problème, appelle le médecin et dis lui que j'arrive, prends un homme de confiance avec toi et venez nettoyer la chambre du bas. ». Il raccroche, me prend contre lui, je le repousse une première fois.

« Tu vas venir avec moi, on va aller voir le médecin, je veux m'assurer que tu n'es pas blessée. » me dit-il calmement.
Son regard est doux, compatissant.
Je suis terrorisée, il le voit.
« Monsieur Yrieix, je l'ai tué, je suis désolée... je voulais juste qu'il me lâche... » dis-je en pleurant.
Il essuie mes larmes à l'aide de sa main, lorsqu'il la retire je constate que ses mains sont pleines de sang aussi.
Il essaye de me rassurer puis de me relever une seconde fois, je le repousse encore.
Il est maintenant debout face à moi, je suis à genoux devant lui à répéter la même phrase sans arrêt. J'attrape sa ceinture, je défais la boucle, il repousse mes mains, je le regarde droit dans les yeux et lui dis : « Vous devez me punir pour ce que j'ai fait. Punissez moi... Monsieur Yrieix, je vous en supplie... punissez moi... ».
Il se recule, referme sa ceinture : « je devrais te punir pour t'être défendue ? »
- « vous devez me punir parce que je l'ai tué... »
- « tu t'es défendue, Persia. »
- « vous m'avez battu pour moins que ça... battez-moi, punissez-moi s'il vous plaît »
- « te battre ou te punir ne t'aidera pas à aller mieux »
J'essaie de le supplier encore mais il m'ordonne de la fermer. Je m'exécute.

Au même moment, les deux hommes qu'il a demandé arrivent. Ils sont autant choqués qu'Ares de voir la quantité de sang au sol. Des éclaboussures de part et d'autres, des traces de lutte, un corps. Ils échangent quelques mots. Mon regard se dirige vers Dario, je reste figée devant son corps inerte. Je n'entends plus rien, je reste bloquée, mon cerveau rejoue la scène encore et encore.
Arès me tend la main pour que je me lève, je la regarde et lève les yeux vers les siens, il me parle mais je n'entends rien. À ce moment, j'ai l'impression de ne plus répondre de rien, je suis dans mon corps mais incapable de faire quoique ce soit.
Arès me soulève et me porte. Nous nous dirigeons vers la porte et nous sortons, il avance le long couloir, ma tête se tourne vers Dario. Les deux hommes étalent un sac mortuaire au sol puis placent son corps à l'intérieur. Ils referment le sac. Arès monte les escaliers, nous arrivons à l'extérieur. Tout le monde nous regarde, les hommes que nous croisons me dévisagent.
Je suis toujours dans les bras d'Ares, pour ne plus croiser les regards persistants des personnes que nous croisons, je pose ma tête contre lui et ferme les yeux.

PersiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant