- Chapitre 28 -

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J'attrape un scalpel sur le champ stérile et le menace.
Il se recule, retourne à la table tranquillement et attrape son téléphone.
Il le déverrouille, me regarde et me dit : « il... Monsieur Yrieix a quelque chose d'urgent à gérer, si il est obligé de revenir car tu n'obéis pas, ce sera toi la prochaine sur cette table à qui je prélèverais les organes. ».

Je baisse la tête, me remet dans le coin avec le scalpel dans la main. Il reprend son téléphone en main, me montre le contact qu'il s'apprête à appeler. Il s'agit bien d'Ares. Une personne frappe à la porte au même moment : « Entrez ! ». Une femme entre avec un plateau à la main : « Monsieur, je vous apporte votre repas, vous souhaitez que je le dépose où ? ». Il lui ordonne de le déposer sur la table derrière lui. Elle s'exécute, lorsqu'elle se retourne, elle m'aperçoit et s'excuse immédiatement auprès de l'homme : « je suis navrée, je ne savais pas que vous étiez en train de travailler, je ne voulais pas vous déranger... ». Elle se dirige aussitôt vers la porte, elle me regarde et me chuchote « ne te débat pas » puis elle sort.

L'homme s'installe à la table derrière lui et commence à manger. Il a son téléphone portable dans la main, je pose le scalpel au sol et le pousse avec ma main. Le bruit du métal qui glisse contre le sol l'interpelle, il pose son téléphone sur la table. Il continue de manger allègrement, un silence réside dans la pièce, brisé par les bruits de sa bouche qui mâche. Il attrape la planche avec le document sur lequel il a écrit mon poids tout à l'heure : « Depuis combien de temps tu es là ? ». Je ne réponds pas. Il attend que je lui réponde en me fixant. Je baisse la tête.
Il souffle et reprend : « Tu es avec Monsieur Yrieix depuis le début ? », je hoche la tête. « Depuis combien de temps ? » je ne dis rien. Il continue en disant : « je te demande ça car je n'ai jamais vu une des filles de Monsieur Yrieix vivante ». Je répond : « un mois ». Il hoche la tête. Il attrape la seringue sur le champ stérile et me la montre, je fais un mouvement de recul, il reprend la bouche pleine : « tu vas devoir me laisser faire ». Je mime non de la tête.
Il me demande ensuite ce qu'Ares m'a fait, je ne lui réponds pas, puis il me demande depuis combien de temps je n'ai pas mangé ou bu : « je ne sais pas » lui dis-je en chuchotant. Il se lève, je me colle au mur, il passe de l'autre côté de la table, il est dos à moi, je l'entends se servir un verre d'eau. Lorsqu'il se retourne, je le vois avec le plateau en main, il s'approche et le dépose à un mètre de moi. Je lui dis « Monsieur Yrieix fait ça aussi... il dépose de la nourriture ou de l'eau près de moi, puis il me bat si j'ose y toucher ou me demande des choses pour espérer avoir une goutte d'eau ». Il s'adosse au mur et me répond qu'il n'attend rien de moi et qu'il ne va pas me frapper si je mange ou si je bois, il me conseille simplement de faire doucement pour ne pas vomir car je n'ai pas mangé depuis longtemps. Pendant de longues minutes j'observe le plateau avec les restes de l'homme. Une salade verte avec des tomates et des billes de mozzarella, du pain, un plat avec de la viande et de la sauce crème, on dirait du veau accompagné de tagliatelles. Il y a aussi un grand verre d'eau. Il me sort de mes pensées lorsqu'il me demande de mettre la menotte autour de mon poignet car il va devoir s'absenter et qu'il ne peut pas me laisser détachée. Il me tend la menotte reliée à une chaîne, elle même reliée à la baignoire, il me redemande de la mettre puis me dit que j'ai le droit de manger, il ajoute qu'il ne peut pas demander un autre repas sinon Arès sera mis au courant. J'attrape la menotte, la met à mon poignet et la referme. J'ai l'impression qu'il est sincère et que si il avait pu, il aurait demandé un repas pour moi. Il s'éloigne et finit par sortir par la porte où il est arrivé.

J'attends un moment, j'observe la pièce. Je regarde surtout si il n'y a pas de caméras. J'ai peur qu'Ares me surprenne en train de manger ou de boire sans son autorisation et qu'il finisse par me tuer. Je ne distingue rien de particulier, j'attrape le plateau. Mes mains tremblent, je saisis le verre et l'approche de ma bouche, je le bois d'une seule traite. J'avais tellement soif... J'attrape la fourchette, l'essuie avec la serviette et je commence à manger. Un frisson me parcourt le corps, c'est bon, j'avais tellement faim... Je mange doucement, je me sens vite rassasiée. Une dizaine de minutes s'écoule, je commence à avoir envie de vomir, j'ai sûrement mangé trop vite même si j'ai essayé de faire doucement. J'entends la porte s'ouvrir, l'homme revient. Il sourit, s'approche et se baisse pour récupérer le plateau : « Tu as terminé ? ».
- « Oui, je vous remercie... » lui dis-je doucement « j'ai certainement mangé trop vite même si j'ai écouté votre conseil... ».
- « Qu'est-ce que tu as ? » me demande t-il en ramassant le plateau.
Je lui réponds que j'ai envie de vomir et que je ne me sens pas très bien. Il retourne à la table, dépose le plateau, il récupère les clés et reviens pour me détacher.

Je me sens vraiment mal, j'ai la tête qui tourne. Je commence à voir flou, il est accroupi devant moi, il me dit « je suis désolé mais je devais le faire ».
Je ne comprends pas sur le moment et lui demande de s'expliquer. Il sort la seringue de sa poche arrière, elle est vide : « je l'ai vidée dans le verre d'eau ». Il m'explique que je devrais pas tarder à m'endormir et qu'il va faire ce qu'Ares lui a demandé. Il se relève, jette la seringue dans une boîte et revient vers moi. Ma tête tourne tellement que je suis couchée au sol, je ne peux plus bouger. Il attrape mon bras et me tire vers lui, il attrape mes jambes et me porte jusqu'à la table. Il me dépose. La table est froide et dure. Je le vois se rhabiller, il enfile sa longue blouse blanche qu'il avait retirée pour manger, puis son tablier. Il se rend au lavabo et se lave les mains. Il revient devant la table et enfile des gants.
- « ne faites pas ça, je vous en prie, je ne veux pas mourir, s'il vous plaît... » lui dis-je en chuchotant. Il ne me regarde même pas, il attrape un scalpel sur la desserte, il me demande si je sens quelque chose. Je ne sens rien, je mime non de la tête. Il me dit : « laisse toi aller ! Ne résiste pas ! ».

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