05- Le mannequin

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Lorsque votre père est à la tête du conseil de direction de la JYP Entertainment, le monde du chant et de la danse vous ouvre les portes en un claquement de doigts. Je ne suis aucunement attirée par ces deux éléments mais comme mon géniteur s'acharne à payer des cours mensuellement, j'ai pensé pouvoir en faire profiter mes amies.

La seule condition pour obtenir le silence de mes professeurs est que je me pointe pour faire acte de présence, question de sécurité. En échange, ils me fichent la paix et entraînent des élèves motivées. 
Je balade donc Joy le mardi, Irène le mercredi et Wendy le jeudi pour des cours de chant quand toutes les trois en profitent en même temps pour la danse les lundi et et vendredi. Pendant ce temps, je vis ma vie, révise mes cours et fouine sur les réseaux sociaux. 

Etre observateur me permet de développer mon ouïe et mon regard critique concernant ces futurs prétendants à la K-Pop. 

Mais aujourd'hui, la flemme me gagne. Munie de mes écouteurs pour pouvoir être dans ma bulle, je remarque tout de même l'attroupement du côté du sas d'accueil du studio de chant avec des flashs crépitants. Hwang Hyunjin fait son entrée, tel le mannequin de Paco Rabanne. Son sourire de magazine disparait lorsqu'il s'assure que plus personne ne peut l'apercevoir. Je réalise que j'avais oublié qu'il devait nous rejoindre pour rattraper trois mois de cours avec Joy. Impossible n'est pas Hyunjin.
Je décide de l'ignorer en augmentant le volume de mon téléphone, les coudes appuyées sur mes genoux, prête à résoudre le problème le plus complexe au monde: comment oublier que Hwang Hyunjin existe.
Evidemment, je ne le vois pas me faire une balayette et faire glisser mon pied, ce qui me fait m'affaler vers l'avant, les coudes entre les jambes. 

— Putain, mais t'es con? 

— Ça, c'est pour le coup dans les burnes. 

— Ben fallait pas me menacer, Monsieur la Grande Star. 

Ses lèvres frémissent de rage à l'énoncé du surnom que je lui ai donné. Je sais bien que c'est gratuit mais il ne m'a rien montré de positif sur son caractère pour l'instant. Je me décale sur la chaise d'à côté pour mettre de la distance entre nous mais évidemment, il se pose là où j'étais positionnée. 

— La chaise est chaude. 

A quoi s'attend-il comme réponse? Je lui lance un regard blasé avant de me replonger dans ma bulle. Patienter à côté de lui ne signifie pas devoir échanger verbalement.
Un message me parvient justement. Mon mystérieux complice me demande si tout s'est bien passé pour le code, via un canal discord. J'en profite pour lui indiquer que je n'ai pas encore pu confirmer la validité mais que ça ne saurait tarder. J'ai à peine le temps de supprimer notre conversation que l'intrus à ma gauche m'arrache le téléphone des mains. 

— T'écoutes quoi? 

— De quoi je me mêle? Rends-moi ça. On ne t'a pas appris la politesse dans ton petit monde parfait? 

Nouveau frémissement des lèvres. Mon esprit me repasse la scène en me faisant remarquer que c'était plus que sexy. Je suis à deux doigts de l'imiter quand il saisit mon menton pour plonger ses yeux dans les miens. Son toucher est semblable à du velours qui m'embrase mais ma raison reprend le dessus.
Un coup sur l'intérieur de son avant-bras et je me dégage enfin de tout contact. J'évite à nouveau d'écouter cette petite voix qui jubile sur la zone qu'il a touché en me forçant à me montrer menaçante. 

— Tu fais quoi là? 

— J'observe la petite peste qui me fait chier depuis quelques jours. 

Comment arrive-t-il à me prendre au dépourvu à nouveau? Je ne me démonte pas et lui fais remarquer que c'est lui qui m'agresse en ne cessant de s'imposer dans mon espace vital. Mais il est évident que nous ne trouverons pas de terrain d'entente. Heureusement pour la paix dans Séoul, Joy termine son cours et prend la teinte des cheveux de mon voisin en l'apercevant. 

— Bon ben je vous laisse. 

— Tu ne veux pas rester avec nous, demande poliment mon amie. 

Je sais pertinemment qu'elle voudrait vivre ce tête à tête avec son idole et je joue les filles soulées par la vie en prétextant devoir rentrer.
Mais la réponse de cet entêté réveille en moi la bête assoiffée de sang de mannequin. 

— On sera bien tous les deux. Elle est de trop. Un peu comme une tâche. 

Que le Dieu du Kin-geri intervienne pour m'éviter un geste malheureux. J'active mon chakra à l'intérieur de mon corps et commence à amorcer le coup de pied vers sa zone fragile quand Joy se positionne entre nous, sautillante de bonheur. Je réalise qu'il serait cruel de ma part d'envoyer à la castration l'homme de sa vie. 

— On se voit demain, Mimi. 

Je hoche la tête, ravalant ma grimace devant le sourire taquin de notre mannequin. Il est peut-être en possession de l'un de mes points faibles mais je prends le temps de mimer une cigarette avant de lui offrir mon joli majeur tandis que Joy le regarde avec des yeux de merlan frit. Il serait dangereux de sa part de m'affronter.

Mon retour à la villa ne m'aide pas à m'apaiser. Si je veux pouvoir remporter ce duel, je dois me constituer des munitions sur mon adversaire. Google est mon ami. Je tape donc les deux mots qui ont raison de ma patience depuis quatre jours. Hwang Hyunjin. 

Sexe masculin. Ça, je le savais.
17 ans. Évidemment, même s'il fait plus vieux.
1m79. Et je maudis chaque centimètre de son corps.
Mannequin depuis 3 ans à l'agence CM qui regroupe de grands noms en Corée du Sud. Notre petit prodige a donc commencé avec des photos pour les magazines avant de défiler pour de grandes marques cette année, comme Celine ou Chanel. 

Une question me revient: mais que fabrique-t-il à la SKZ Academy?
Que caches-tu Hwang Hyunjin?

Red LightsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant