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La nuit est compliquée, voire impossible à supporter. Je ne sais comment je suis passée d'une innocente amitié avec Carter à la révélation de nos identités. Contrairement à moi, celui-ci avait déjà réuni toutes les cartes et s'est permis de me donner l'indice pour que je découvre la sienne. Il aurait très bien pu continuer à me la cacher. Je ne parviens toujours pas à comprendre ce qui l'a motivé à réfléchir sur la confusion entre Mason et Lyam. A-t-il pu en déduire cela rien qu'en fixant la fenêtre d'en face ?
Je n'avance toujours pas dans ma réflexion alors que les heures passent à l'académie. Les étudiants ont repris leur petite vie, patientant jusqu'au prochain scandale que je ne pourrai arrêter cette fois-ci. Je suis pieds et poings liés, pour le plus grand plaisir de Mirror Scandal.

Je reste en retrait pendant les heures de danse et d'improvisation qui s'enchaînent. Ma motivation est grignotée par l'angoisse de savoir mes méfaits dévoilés. Mon impétuosité valait-elle le coup, quand on pense à la reconnaissance qui m'est accordée ? J'ai essayé de sauver la réputation de tant de personnes sans trouver un écho favorable. Une fois le doute immiscé, il est quasiment impossible de l'effacer. Mais qui viendra sauver Noeasygirl quand son tour de chuter arrivera ?

Une chose est sûre, Mason ne partage pas mon air dépité puisqu'il rayonne sur la piste. Sa jovialité arrive même à agacer les plus studieux qui répètent avec acharnement les mouvements. Avec Lyam absent, j'ai bel et bien l'impression que notre trio a volé en éclat. C'était ce que je voulais, pourtant je ne ressens aucune satisfaction.
La compétitivité devenant irrespirable, je trouve la première excuse pour m'éclipser du parquet de danse et m'éloigne jusqu'aux toilettes du Bâtiment C, dans lesquels je n'aurai pas à craindre le passage d'autres lycéens. Mon esprit est surchargé par les informations tandis qu'une tension génère une douleur désagréable autour de ma nuque. Une fois seule dans mon repère, je me permets de m'appuyer sur le lavabo et d'hurler, la tête coincée dans l'avant-bras, toute ma peine pour ne pas avoir été assez vigilante.

— Meena, ça va ? s'inquiète Mason qui me fait sursauter.
— Qu'est-ce tu fais là ?
— J'allais te poser la même question. Il y a des toilettes plus proches et en état de marche de l'autre côté.

Il est certain que je ne me risquerais pas à déclencher les chasses d'eau simultanément des cabines devant moi, au risque de faire sauter la plomberie.
Sa venue rassure mon égo et mon besoin d'être cajolée alors que je me rappelle ne pas pouvoir m'appuyer sur lui. Mason a participé à ma chute, même si cela était de façon involontaire.

— J'avais besoin d'être seule.
— Vous vous faites la gueule, avec Rixon. Enfin plus que d'habitude, je veux dire.
— Il ne cesse de rester passif devant chaque merde qui me tombe dessus, et c'est quelque chose que je ne peux pas supporter.
— Je te trouve bien intolérante, me sermonne-t-il.

Traversant l'espace au carrelage vieilli par l'usure, Mason m'attrape sous les aisselles pour me porter, et me pose les fesses sur le meuble. Puis il noue mes jambes autour de sa taille et nous confère un moment de proximité qui entraîne des palpitations dans ma cage thoracique.

— Il ne faut pas... lui susurré-je.
— Garde tes conneries pour demain. C'est jour de fête, me répond-il gaiement.

Sa bouche trouve la mienne et lance une invitation au plaisir que je ne parviens pas à refuser. Mason prend quand il le désire, et je lui donne tout ce qu'il réclame, car j'aime le sentir gémir contre mon corps. Sa langue enchaîne les va-et-vient contre la mienne, m'envoyant des images de nos intimités entremêlées. Cette folie me semble remonter à si loin qu'il devient difficile de ne pas imaginer me déshabiller dans ces toilettes académiques. Je peux remercier son besoin de se confier qui m'empêche alors de commettre une bêtise.

Red LightsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant