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J'aimerais que des années s'écoulent entre le souvenir de leur visage déconfit et ma trahison, pourtant les images ne cessent de me hanter, comme si mon esprit refuser de me voir endosser le rôle du méchant. Je n'ai fait que me défendre face à leur attitude inconstante et intéressée. Je refuse d'oublier la confession d'une information censée rester privée à une commère née, et de passer sur l'attitude trop en retrait de la star du pays. Je n'ai besoin d'aucun d'entre eux s'ils ne sont pas capables de tenir leurs promesses. Une fois le vase brisé, les regrets ne recollent pas les morceaux.
La semaine se transforme en une véritable mission pour éviter les deux personnalités centrales de l'académie. Mais je reconnais que l'attraction féminine qu'ils attirent me permet à chaque fois d'esquiver leur silhouette. Car ils n'abandonnent pas...
Kali et Tess deviennent de véritables professionnelles dans l'art du mensonge pour le couvrir. Elles assurent des diversions, nous obligeant à passer des heures éloignées les unes des autres. Je n'ai pas encore trouvé la force de révéler la vérité sur ce weekend, tant je m'étais engagée dans le silence, mais aucune rancune ne se ressent de leur côté. Cependant, la proximité récurrente de Kali avec la porte-parole des blondes m'horripile et m'inquiète, tant je n'y vois rien de positif là-dedans. Après cette trahison, j'en viens à douter de tout le monde, y compris de moi. Mon avis est-il le bon ? Est-ce que je prends les bonnes décisions ?

J'avoue être complètement perdue quand vient le moment de se rendre à la soirée de gala de Topline Production. Comme l'année dernière, mon père me laisse l'opportunité d'inviter la personnalité de mon choix et la décision n'a jamais été aussi dure à prendre. Le tri dans les possibilités me convainc d'opter pour Carter, mon coup de coeur de ces dernières semaines. Avec lui, je ne risque pas de devoir gérer une nouvelle romance chaotique, tant la notion de couple ne l'intéresse pas.
Un dernier trait de liner et je rejoins la voiture de luxe de mon père. La robe choisie, qui épouse mes formes et me fait grandir de quelques années, n'échappe pas à son inquiétude. Mais il tait ses remarques et me laisse dans mes pensées le temps du trajet. Mon humeur morose ne lui a pas échappé lors des rares soirées que nous avons passé ensemble cette semaine. Cependant, je pense qu'il attend que je me confie de moi-même, pour ne pas me brusquer. Mon coeur se serre en y pensant, car je ne suis pas sûre de pouvoir lui avouer dans quel guêpier je me suis fourrée.

Notre voiture ralentit pour les sorties captées par les photographes et caméramans. Mon angoisse grandit alors que ce n'est pas la première fois que je vis cette scène. Il suffit d'une erreur pour terminer en Une des tabloïds. Une culotte visible, une expression de visage peu gracieuse, une cheville qui dévie, et la magie du moment s'efface pour ne laisser que les moqueries sur papier glacé et les réseaux sociaux. Vient notre tour et mon père ouvre la marche pour m'aider à m'éclipser du véhicule. Les flashs crépitent et je peine à trouver un refuge pour mes yeux tant les lumières sont éblouissantes. De ravissantes hôtesses nous conduisent jusqu'au photocall devant lequel patiente Carter. Je le salue timidement en passant mon regard angoissé trop vite sur le magnifique costume qu'il porte et attends les instructions des organisateurs. Mon père se laisse prendre en photo avant de me convier à ses côtés. Je suis toujours étonnée de l'emballement des paparazzis à mon encontre alors que je ne suis personne. S'en suit le passage de mon invité, qui déclenche quelques flashs et questions sur son identité avant qu'il ne nous rejoigne de l'autre côté.
Je ne me suis jamais laissée prendre en photo avec un individu masculin, à la demande de mon père, puisque la relation amicale qui est claire à mes yeux prendra toujours des allures de rumeurs incontrôlables chez les journalistes. Il pense ainsi à mon futur et s'assure de me tenir éloignée des polémiques. Or il ignore qu'un individu à la renommée légère m'a déjà piégée. Je soupire de soulagement en n'entendant aucune question à ce sujet et m'empresse de pénétrer dans un immeuble au logo distinctif.

Red LightsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant