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L'attente est trop insupportable pour que je patiente en face de sa chambre jusqu'à ce qu'il revienne. Lyam ne s'est pas présenté à l'académie, et je suis certaine que cela a à voir avec le gala et la visite tardive de Carter. En me repassant les faits, je ne vois que cette hypothèse et désire mettre les choses au clair avec lui.
Alors, mon courage rassemblé, je me présente devant la villa qui fut autrefois mienne et sonne à la porte. L'attente se fait longue, peut-être un peu trop, si bien que je décide de réitérer mon geste pour être certaine que l'occupant de la maison réagisse à l'alerte sonore. Malheureusement pour mon sourire radieux, c'est Madame Rixon qui m'accueille, peu ravie de mon intrusion dans sa vie.

— C'est pourquoi ?
— Bonjour, je suis venue voir Lyam puisqu'il était...
— On ne fait pas de dédicace à domicile. Partez immédiatement avant que je n'appelle la police. Ce gardien ne sait-il pas faire son travail ?

Je fais fi de son air hautain et désagréable pour lui faire remarquer poliment que je ne suis pas une groupie, mais bien la voisine avec qui elle a dîné samedi soir, sans que ce ne soit un souvenir mémorable.

— J'ai oublié de me présenter. Je suis Jung Meena, la fille de votre voisin, dis-je en pointant du doigt ma villa. Le PDG de Topline Production.

Les mots magiques illuminent tout à coup son visage et détendent un tant soit peu ses muscles faciaux, paralysés par le botox. Le jugement qu'elle effectue m'indique qu'elle n'apprécie pas ma tenue, visiblement trop légère, mais se retient tout de même de me le signaler.

— Meena, tu as dit. Je ne t'avais pas reconnu. Tu me semblais plus... convenable samedi. Cela est sûrement dû à ton absence de maquillage ou de vêtements de qualité. Que puis-je pour toi ? Est-ce l'un de ces moments de solidarité entre voisins où tu viens quémander du lait ?

Encore troublée par le jugement réservé à ma peau à imperfections et à l'association jean-Converses, je mets un temps certain à trouver la force de ne pas lui répondre l'insulte que j'ai en tête pour lui offrir un sourire de façade.

— J'aurais souhaité parler à Lyam.
— Tu n'as pas idée de cette envie que je partage. C'est à quel propos ?

Révéler à la mère de l'homme qui trouble mes pensées qu'il y a eu un quiproquo visuel alors que j'accueillais un autre homme dans ma chambre, ne me semble pas être une bonne idée. Il faut donc que je trouve une excuse plus acceptable.

— Je... souhaiterais lui faire part des retours que nous avons eus aujourd'hui avec nos professeurs concernant la danse, puisqu'il était absent.
— Ah... Mon fils était absent. C'est agréable de l'apprendre de cette façon.

Ce fait était ignoré de sa mère pour une raison qui devait convenir à Lyam. Moi qui espérais nouer une relation de paix avec mon voisin, j'ai plutôt l'impression de le mettre dans une galère qu'il pourra me reprocher. Avec toute la meilleure volonté du monde, je décide d'essayer de le sauver.

— Parce qu'il faisait partie du groupe sélectionné pour le rattrapage en improvisation.
— Talent qui n'est pas donné à tout le monde, visiblement.

Même si j'accuse la critique facile, je suis tout de même invitée à pénétrer dans le salon et découvre un univers à l'opposé du mien. Alors que ma demeure respire la simplicité, ici, chaque objet qui compose l'espace semble être signé par un grand nom et valoir une fortune. Je prends donc les précautions nécessaires pour ne rien frôler, et pose à peine mes fesses sur le canapé en cuir, capable d'accueillir une équipe de foot de par sa longueur.

— Tu faisais partie de son groupe dans cette danse pornographique, m'indique-t-elle.

Mes lèvres refusent de confirmer cette accusation outrageuse alors que les retours de nos professeurs ont salué une belle cohésion et une sensualité inspirante. La vision d'une non-initiée ne peut être aussi extrême qu'elle le laisse entendre. Je suis consciente que les garçons m'ont portée dans cette performance, mais reste satisfaite de ma production. 

Red LightsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant