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Après la nuit agitée qui a laissé de nombreuses courbatures, je n'imaginais que notre concentration serait optimale pour la pratique de la danse. Le camp semble désert dans les allées, les étudiants fêtards se voyant obligés de rattraper leur retard dans les exigences imposées. La communication avec mes partenaires est, quant à elle, facilitée par le lien que nous avons construit, validant avec brio ce weekend de cohésion.

Une fois dans le car pour le trajet de retour, je ne m'étonne pas d'observer Lyam qui s'isole alors que Mason choisit de s'installer à mes côtés.

— Quelqu'un a vu mon téléphone ? s'inquiète Chris. Tu l'as vu, toi ?
— Monsieur Wong, posez votre derrière sur l'un des sièges afin que l'on démarre ? hurle le professeur qui ne peut s'empêcher de frotter les yeux.

Leur weekend a, lui aussi, été agité, mais s'est soldé par une dispute qui crée une petite tension dans le corps enseignant. Klaxonnant fièrement pour indiquer son départ, Jorin nous salue depuis sa voiture de sport et entraine le démarrage du car à sa suite. Je ne réalise pas que cette belle aventure est déjà finie. Ma proximité avec le sportif le plus désiré mousse mon ego, cependant je suis très vite ramenée les pieds sur Terre par ses préoccupations alors que nous nous embrassons discrètement il y a quelques minutes.

— Tu as une piste pour qui tu sais ?
— Ça m'étonne que tu te focalises sur elle et non Mirror Scandal.
— Il ne vise que les personnes insignifiantes, je ne risque rien. Par contre, elle, l'héroïne des mœurs, elle peut foutre la merde.

Je vis intérieurement ma déception en constatant qu'il perd de sa superbe quand il revêt sa cape de méchant. Mon anti-héros ne réveille pas toujours ma libido par ses actions.

— Qu'as-tu de si grave pour que tu craignes que ce soit dévoilé ?
— Je tiens beaucoup à toi Meena, mais je t'ai déjà expliqué que j'avais des problèmes de confiance.
— Pourtant, tu nous as laissé faire ce que tu sais.
— Il s'agit de quelque chose dont je ne suis pas fier et je ne tiens pas à ce que ton regard sur moi change.
— Il vaut mieux écraser cette fille qui ne veut que le bien des autres, si je comprends correctement ce que tu insinues.
— Je suis dans une grosse merde, Meena. J'ai vraiment besoin de toi et de ton flair.

À sa façon de me dévoiler sa faiblesse, je comprends qu'il a commis l'irréparable qui lui vaudrait une exclusion. S'il savait que mes sentiments seraient assez tourmentés pour cacher sa vérité, il me révèlerait peut-être ce secret. Cependant, j'ai assez dévoilé mon positionnement pour devoir remettre mon masque si je ne veux pas qu'il se doute de quelque chose.

— Disons que je suspecte trois personnes. Mon avancée s'arrête là. Ce n'est pas grand-chose.
— Au contraire, c'est parfait. Écoute attentivement ce qui va suivre.

Ses yeux surveillent les lycéens aux alentours. Christopher continue d'interroger chacun de ses camarades afin de savoir dans quelle main s'est retrouvé son téléphone disparu. Winter, quant à elle, raconte avec émotions l'ennui de son weekend en compagnie d'un groupe de travailleurs. Les deux sièges devant nous sont occupés par des dormeurs qui ronflent bruyamment. Mason est donc libre de poursuivre ses confidences.

— Il s'agit de qui ?
— Je... ne peux pas te le dire, pour ne pas influencer ton comportement vis-à-vis de ces personnes.
— Je ne ferai rien.
— Et moi, je préfère attendre d'avoir des certitudes.

Je n'ose surtout pas admettre que j'ai sorti ce nombre au hasard, pensant qu'il m'accorderait une certaine paix.

— Je respecte ton choix. On va procéder de cette façon. Tu diras à la première suspecte que Winter a obtenu sa maison en soudoyant la bonne personne.
— Elle a fait ça comment ? demandé-je ahurie.
— Pas de détails. Tu iras voir la deuxième et tu lui diras cette fois-ci que c'est Christopher qui a obtenu sa maison de cette façon.
— Il y a une vérité parmi ce que tu me racontes ?
— Oui, Meena. Je ne te mentirais pas. Et à la troisième, tu indiqueras que c'est moi qui ai obtenu la maison d'une façon peu morale.
— On a eu la pire de tout le camp. Elle ne me croira jamais.
— Toi et moi, nous le savons. Ainsi que Winter, Jorin et Carter. Mais en dehors d'eux, Noeasygirl n'a pas visité notre logement et se fiera aux ragots qu'elle entendra. 
— Et si finalement, je me suis trompée ? Si aucune d'entre elles n'est la justicière ?
— Je fais confiance en ton jugement. Je pense que le poisson est ferré. Cette petite fouine sera bientôt de l'histoire ancienne. 

Red LightsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant