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La colère ne redescend pas après la situation vulnérable dans laquelle je me suis mise. J'ai laissé Lyam Rixon me toucher alors que je n'ai aucune confiance en lui et ne peux assurer son silence. Non pas que ce moment me procure de la honte, mais je ressens une crainte à l'idée qu'il n'en parle et ne me fasse la réputation d'une fille facile. Afin de ne pas lui laisser l'opportunité d'échanger à travers ma fenêtre ou de venir sonner, je barricade chaque ouverture une fois rentrée et joue la morte.
La nuit que je passe à m'entortiller dans le drap ne m'aide pas à me calmer. Dire qu'il avait encore mon goût sur les lèvres quand il a répondu à son Ava sans la moindre hésitation, me laissant nue et hébétée sur le lit. La honte ne cesse de me renvoyer cette image encore et encore. Je n'ai pas besoin de plus pour comprendre que je suis la dinde de l'année qui n'a pas su résister devant le mannequin vedette. Cela fait soit de moi une groupie naïve, soit une fille peu réfléchie.

Le lendemain, je décide de jouer l'amnésique et de nier tout contact qu'il y aurait pu avoir. Après tout, nous étions seuls dans ce lit, donc ce sera sa parole contre la mienne. Mon rôle de jeune fille discrète, travaillé pendant des années, quoique terrifiante par le regard, jouera en ma faveur. Et plus j'envisage et anticipe les scénarios, plus je suis remontée pour faire de sa vie un enfer.
Comme je m'en doutais, sa première réaction est de me chercher dans ce grand hall, près des casiers, cependant il ne pousse pas le culot jusqu'à se confronter à moi. Dès que nos regards se croisent, je lui fais part silencieusement de toute la colère qu'il m'inspire. Cet état de nervosité n'échappe pas à Kali qui pense résoudre mon problème par un câlin attentionné.

— Tu veux bien m'expliquer ce qui te tracasse ?
— Je devrai pour cela te tuer juste après.
— J'en accepte les conséquences si ça te permet de te sentir mieux.
— Ta bonté te perdra. Ce n'est rien d'important. Je supporte de moins en moins le traitement de star attribué à notre cher Rixon. Il s'absente pendant plusieurs jours pour une querelle d'amoureux et ne doit pas fournir de justificatifs.
— Comment tu sais que c'est pour ça ?
— C'est affiché dans tous les journaux.
— Que tu ne lis jamais... Tu n'aurais pas quelque chose à m'avouer, Meena ?
— Il s'agit de mon voisin. Évidemment que ma curiosité s'est réveillée. Mais rassure-toi, mon intérêt pour lui s'arrête là.

Je ne sais si mon mensonge trouve un écho en elle, mais cela suffit pour que le flot de questions cesse et que nous nous installons sur l'une des tables les plus chargées de la cafétéria. Ce choix ne m'étonne pas de la part de Kali car mon amie est toujours attirée par le bruit ambiant, les échanges et rires festifs, alors que je suis de nature à me cacher au fond de la salle pour ne pas attirer l'attention sur moi. Nous interrompons visiblement une discussion autour de la grande absente du moment.

— Ça fait combien de temps qu'on ne l'a pas entendu ? questionne Christopher.
— Un moment. C'était peut-être Julia ? Comme elle s'est fait virer, ça expliquerait qu'elle ne prend plus la parole, répond Carter.
— Ça signifierait qu'elle avait besoin d'accéder à la salle média de l'académie, or on a déjà fouiné de ce côté et Noeasygirl ne s'y rend pas, réplique Jorin.

Mon visage se concentre sur la salade de carottes qui n'est pas assaisonnée devant moi pour ne pas trahir mes émotions. J'ignorais qu'ils étaient tous à la recherche de celle qui défend les réputations injustement malmenées et commence à craindre leurs stratégies.

— Mirror Scandal l'a mise à terre et ça me convient très bien, s'amuse Christopher. Y en a marre de pleurer dans les chaumières pour défendre Pam car je cite "non elle n'avait pas copié la danse de Meg, puisqu'elle la répétait déjà depuis un moment".
— Tu ne peux pas nier les vidéos qui ont été fournies, intervient Winter.
— Je croyais que Meg était ta pote ? la contrecarre Christopher.
— Oui, et ?
— Même quand mes amis sont en tort, je les défends. Règle de base. Tu fais bien de me rappeler qu'on n'est rien l'un pour l'autre et ça me va.
— Effectivement. T'espère juste me sauter, c'est le seul statut qui ne changera jamais.

Red LightsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant