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Après un après-midi à écouter ces garçons déblatérer sur les plus beaux culs de Santa Monica dont beaucoup se trouvent à la Mirror Academy, je ressens l'envie de plonger la tête la première dans une baignoire pleine de glaçons et ne boude pas mon plaisir lorsque Mason me ramène pour le cours de chant de Kali. Si je m'attends à le voir s'en aller dans la seconde, il m'accompagne à l'intérieur pour assister aux exercices vocaux. Je crois même l'entendre fredonner et attirer l'attention du professeur, ce qui déstabilise mon amie. Mason aime susciter l'engouement. Que ce soit par son physique attrayant, son aisance à mémoriser les chorégraphies, à se mouvoir sur une scène ou encore à poser une voix sur une mélodie, il est conscient de ses facilités et des portes qui s'ouvrent sans encombre. Rien ne le force à me ramener jusqu'au quartier résidentiel, et c'est cette insistance qui éveille mon intérêt.
Sa grosse cylindrée fait un bruit monstrueux dans la paisible impasse et attire les regards curieux de mes nouveaux voisins. Avec précipitation, je quitte l'assise et lui rends le casque tout en essayant de me recoiffer pour ne plus avoir l'air d'une lionne enragée, ce qui ravit mon pilote. 

— Tu ne me fais pas rentrer chez toi ?
— Il se fait tard. Ca ne serait pas convenable.

Pourtant, cela ne l'empêche pas de descendre de sa moto et de faire un pas vers ma zone de confort. Il est particulier de le voir me surplomber de ses pupilles qui semblent sonder mon âme. Avec son visage d'ange, Wade Mason est le gendre rêvé pour les mères au foyer. Mais une fois le voile levé, son côté mauvais garçon excite les regards qui le déshabillent. Et c'est exactement le feu que j'essaie d'éteindre à cette seconde, pour ne pas me laisser avoir par son talent de séducteur. 

— Est-ce qu'on se soucie vraiment du convenable, chérie ?

Sa provocation ne vient que sublimer le personnage qu'il incarne. Une part sombre enfouie au creux de mon ventre et qui a accès à l'humidité entre mes cuisses commence à me convaincre que je ne suis peut-être pas aussi insensible que je le crois. Est-ce mal de vouloir se faire du bien ? Les lumières automatiques s'activent de part et d'autre des demeures, dévoilant la silhouette de mon paternel dans mon allée. La chaleur qui naissait entre mes cuisses disparait aussitôt.

— Meena ? se soucie mon père. 

Mon regard cherche la présence de l'autre ombre encore cachée derrière la grande haie, pourtant il me faut rester concentrée sur l'état d'inquiétude de celui qui n'a jamais vécu une telle situation. 

— Papa ! Quelle surprise ! Mason, je te présente le co-responsable de ma venue dans ce monde. Papa, voici celui qui a sauvé mes petits pieds d'une longue agonie. Je crois que mes Converses sont devenues trop petites, ça me donne de ces orgasmes.

Mon visage se fige devant l'absurdité du dernier mot prononcé. J'ai beau fermer les paupières pour ne pas accepter la réalité, celle-ci a bien été entendue par les deux autres individus de sexe masculin à mes côtés et je ne peux blâmer que l'air frais que mon cerveau a dû respirer. 

— Un or-gasme ? répète mon père.
— Oui. Un orgasme de douleurs à cause des ampoules. Tu comprends l'idée ? Bref, je le remerciais pour sa gentillesse et...
— Je suis enchanté de vous rencontrer, Monsieur Jung.

Je reste stupéfaite devant cette prise de parole que je n'avais pas vue venir et la main tendue envers mon géniteur. Le visage angélique et l'air honorable, Mason se permet même de maintenir son coude en signe de respect dans la culture coréenne. Cette marque de considération ne passe pas inaperçue et détend mon père en le poussant à poursuivre la discussion. 

— Je sais que cela n'est pas très distingué, mais puis-je disposer de vos toilettes avant de reprendre la route ? Je n'ai pas pensé à y aller pendant que votre fille participait à son cours de chant.
— Bien entendu. C'est très gentil à toi de l'avoir accompagnée et attendue. Entre un instant. 

Red LightsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant