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Le côté fonctionnel avec la Mirror Academy est que, même si l'assiduité est exigée, chacun est libre d'organiser son cursus à l'année tant qu'il valide ses crédits en théorie comme en pratique. Cependant, depuis que notre beau mannequin a débarqué en ce lieu, je l'ai rarement croisé sur les chaises de cours. Je suis donc plus que surprise de l'observer dans l'encadrement de la porte avec l'air décidé d'y rester. Les réactions divergent dans les rangs. Quasiment la totalité de la gent féminine se redresse et repositionne son décolleté pour espérer lui donner envie de s'asseoir à ses côtés. Les garçons optent pour une attitude complètement différente et sèment une aura de défiance. Les loups n'apprécient pas voir leur troupeau se pavaner devant un nouveau rival. Personnellement, je suis rassurée de savoir toutes les chaises occupées à l'arrière de la classe.

— Monsieur Rixon, vous souhaitez nous rejoindre ? s'étonne le professeur.

Le regard du mannequin s'étend sur toute la salle à la recherche d'une cible qu'il verrouille sur moi. La stupéfaction se lit sur les visages de ceux qui se rappellent soudainement de mon existence. Je n'apprécie pas à nouveau être sous la lumière à cause de cet individu et montre ouvertement une attitude agacée.

— Je veux assister à ce cours.

Je suis certaine qu'il ignore l'intitulé de ce que nous étudions, mais n'a trouvé que cette excuse pour pouvoir me prendre la tête. Géographiquement, je suis protégée par Tess et Kali, mais cela ne l'empêche pas d'avancer dans ma direction et de demander à la pauvre Layla devant moi de se dénicher une autre place. Cette fille n'aspire qu'à se faire oublier, trop souvent prise à partie par les autres élèves populaires. Le voir donner un coup de pied dans sa chaise pour qu'elle réagisse me fait sortir de ma torpeur. Mon corps se redresse, prêt à intervenir. Cependant la reddition de la malheureuse sans une once de rébellion m'empêche de crier à l'injustice. Je la regarde se lever à la recherche d'un point de chute. Les sacs Chanel et Prada se posent sur les sièges vides à l'avant tandis que des pieds apparents signalent l'impossibilité de se rapprocher des populaires. Mon rythme cardiaque ralentit lorsque j'aperçois Carter lui indiquer une place, mettant ainsi fin à cette humiliation. Afin de faire comprendre à Monsieur Mannequin mon mécontentement concernant la situation, je tire le pied de la chaise en arrière, le faisant manquer de s'étaler par terre. En réponse à ma provocation, Lyam grogne et immobilise le mobilier, l'arrachant de ma prise.

— Hum, Mademoiselle Jung, cessez ce jeu puéril, me reproche le professeur.

J'adresse un regard sévère a celui qui a toujours pris l'habitude de fermer les yeux sur les actes d'intimidation et de harcèlement de la jeunesse dorée pour garder son poste et qui m'invective au premier acte justifié.

— Mademoiselle Jung, marmonne l'individu devant moi.
— Monsieur Rixon, répliqué-je pour ne pas le laisser penser qu'il maitrise cette tension entre nous.

Tess tente d'apaiser l'ambiance qui évolue d'une façon électrique en apposant sa main sur la mienne. Je prends sur moi pour feindre un intérêt pour le cours et me penche à plusieurs reprises sur la copie de ma voisine pour comprendre les passages que j'ai manqués avec mon absence. Mais c'est sans compter sur celui qui décide de m'imposer sa présence au lieu de m'accorder un peu de répit.

— Excuse-moi ma belle, je peux t'emprunter tes notes ?
— Ma... Moi ? se pointe mon amie.
— Ouai, je n'en vois qu'une dans ce coin qui mérite cette appellation.

Un rire s'échappe de mes lèvres tant je trouve cette entrée en matière ridicule, ce qui ne plait pas au dragueur novice.

— Un problème ? m'interpelle-t-il après une longue observation de son visage.
— Pas du tout. J'admire ta capacité à parler dans le vide. C'est un véritable talent que tu as là.

Red LightsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant