17- Boyfriend

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Après un après-midi à écouter de parfaits beaux gosses déblatérer sur tous les petits culs de la SKZ Academy, j'ai envie de plonger la tête la première dans une baignoire de glaçons mais ne boude pas mon plaisir lorsqu'Eunwoo me ramène dans le bâtiment pour le cours de chant d'Irène. Je crois même le voir s'amuser à chantonner et attirer l'attention du professeur, déstabilisant mon amie. Rien ne le force à me ramener encore une fois jusqu'au quartier résidentiel, obligeant ma voisine à prendre le bus. 

Sa grosse cylindrée fait une boucan d'enfer dans cette zone paisible et attire les regards furieux des mères de famille, bien trop occupées à servir des mets de qualité à leur tablée. Je lui rends son casque en secouant mes cheveux comme j'ai toujours rêvé de le faire et me surprends à le voir se lécher les lèvres. 

— Tu ne me fais pas rentrer chez toi? 

— Il se fait tard. Ca ne serait pas convenable. 

Il descend à son tour de sa moto et fait un pas qui le fait pénétrer dans ma zone de confort. Il est particulier de le voir me surplomber avec sa mèche asymétrique lui retombant légèrement sur les yeux. Avec son visage d'ange, il est exactement le gendre rêvé pour toutes les mères au foyer et son côté mauvais garçon caché derrière un regard vous déshabillant dans la seconde se charge de séduire la gente féminine. 

— Est ce qu'on se soucie vraiment du convenable? 

Je ne pensais jamais entendre une telle phrase venant de la part du plus beau parti de tout Séoul. Je crois qu'il vient de repasser secrètement en tête devant Chris et Changbin. Une part sombre enfouie au creux de mon ventre et qui a accès à l'humidité entre mes cuisses commence à me convaincre que tout cela pourrait rester secret. Est-ce mal de vouloir se faire du bien? 

Les lumières automatiques s'activent dans mon allée, dévoilant la silhouette de mon paternel. Je crois que la chaleur qui naissait entre mes cuisses disparait automatiquement. Pourquoi faut-il qu'il soit chez nous le seul soir où j'envisage d'abandonner mes vieilles habitudes? 

— Meena? 

Il m'a très bien vu mais fait mine de nous rejoindre comme s'il était surpris de me trouver sur le trottoir devant notre villa à une heure tardive. Son regard oscille entre mon chauffeur et moi-même. Je prends quelques secondes pour réfléchir puis lui souris bêtement en désignant le beau gosse à côté de moi. 

— Papa! Quelle surprise! Eunwoo, voici le co-responsable de ma venue dans ce monde. Papa, voici le chauffeur qui a sauvé mes petits pieds d'une longue agonie. Je crois que mes Converse sont devenues trop petites, ça me donne de ces orgasmes. 

Mon visage se fige devant l'absurdité du dernier mot prononcé. Non, je n'ai pas dit ça. Ce doit être une hallucination due à une vitesse excessive en deux roues. 

— Un orgasme? 

— Oui... Un orgasme... de douleurs d'ampoule. Je pense que tu dois comprendre l'idée. Bref, je le remerciais pour sa gentillesse et... 

— Je suis enchanté de vous rencontrer, Monsieur Jung. 

Je fonds devant le regard de tombeur qu'il offre à mon paternel. Ce dernier semble conquis et affute son regard de commercial. 

— Je sais que cela n'est pas très distingué mais puis-je disposé de vos toilettes avant de reprendre la route? 

— Bien entendu. Suivez-nous. 

Tous deux commencent une discussion sur les études à la SKZ Academy. Mon père semble même intéressé d'apprendre que mon chauffeur sexy est en dernière année et s'apprête à entrer dans le monde impitoyable de la K-Pop. A ce moment, je deviens aussi utile qu'un cactus dans une forêt tropicale. 

— Bon... Je vous raconte ma vie mais je vais vous faire rentrer tard. Meena, montre-lui les toilettes à l'étage s'il te plaît. Je vais me charger de réchauffer le repas sans brûler la cuisine. Eunwoo, ce fut un plaisir. J'espère vous revoir très bientôt. Vous êtes le bienvenue, ici, en ma présence. Bien sûr si vous deux... Enfin... Je ne veux pas me montrer trop indiscret si vous et ma fille...

La gêne puissance mille quand vos parents essaient de se la jouer cool tout en voulant gratter des informations sur votre situation amoureuse. 

— Papa, Eunwoo est juste...

— Son petit ami. 

Mon quoi?
Je viens de perdre l'une de mes neuf vies devant ce décès subit. 

— Oui... Un ami tout petit... Dis-je en tapotant sa chevelure, ce qui m'oblige à me mettre sur la pointe des pieds. 

Je pense qu'il doit être plus grand que Hyunjin de quelques centimètres. 
Mon père ne semble pas convaincu par notre désaccord mais si je tiens à laisser les choses telles qu'elles, c'est parce que j'ai en tête son rapprochement avec Winter lors de la dernière fête de Felix. 

— Bon... Je vous laisse, les enfants. 

Mon père s'éclipse tandis que j'attrape ce Perfect Boyfriend par le devant du t-shirt pour l'entraîner à l'étage. Afin de ne pas le gêner, je le laisse devant la porte des WC et me réfugie dans ma chambre. Sans que je ne réfléchisse à mon geste, je branche mon portable au niveau de la prise de la fenêtre et observe de la lumière dans la chambre de mon voisin. 

Je réalise alors la gaffe monumentale que j'ai commise. Mon sac avec le portable concernant le traceur se trouve actuellement au lycée. Si mon père se décide à vérifier son traceur, je suis plus que mal. Cette pensée me fait tressaillir, en plus des bras qui s'enroulent autour de mon ventre sans que je m'y attende. 
Eunwoo pose sa tête dans le creux de mon cou et chuchote si près de mon oreille qu'il m'est impossible de ne pas frissonner. 

— Ca te gêne tant que ça que je veuille être ton petit ami, ma douce Meena? 

Il a dit que j'étais douce? 

Je me tourne pour observer cette bouche si tentante et essaie de me répéter le nom de Winter une bonne vingtaine de fois pour ne pas craquer. 

— Notre marché n'inclut pas un mensonge sur notre relation. 

— Pourtant, on pourrait lier l'utile à l'agréable. N'est ce pas?

Mon dos est maintenant contre cette vitre pas assez fraiche pour éteindre le feu qui commence à me consumer. Je préfère fermer les yeux tandis qu'il fait glisser ses lèvres si parfaites sur la peau longeant mon cou jusqu'à la naissance de ma poitrine. Je me sens faiblir lorsqu'il pose ses mains puissantes sur mes hanches pour m'empêcher de trembler. Ou peut-être veut-il s'assurer que je ne fondrai pas à ses pieds? 

— Tu... as dit que je devais rester discrète. Pour la trouver... Ça ne serait pas malin de s'afficher ensemble.

Il hoche la tête tout en frôlant mes lèvres, me laissant en hyperventilation, les yeux grands ouverts devant la perfection qu'il incarne. J'en viens même à regretter qu'il ne franchisse pas ce centimètre qui nous sépare. 

— Tu as raison. Mais... Ici personne ne le saurait... Enfin, à part ce voyeur. 

Son brutal changement d'attitude me pousse à me tourner vers l'endroit qu'il désigne. J'aperçois alors le mannequin à la chevelure de feu, planté devant sa fenêtre, le regard sombre. Il ne se cache même pas de son geste impoli. 

— On continuera ça une prochaine fois. Je te laisse pour ce soir. Garde les yeux bien ouverts, ma princesse et trouve-moi cette fouille-merde. Je compte sur toi. 

Il pose un baiser sur ma tempe et envoie son majeur en direction de mon voisin avant de décamper en descendant les marches deux à deux. Quelques secondes plus tard, j'entends sa grosse cylindrée ronronner avant de quitter notre paisible quartier. 
Lorsque je retrouve mon esprit, la lumière de la chambre d'en face est éteinte et je ne sais pourquoi, un sentiment de culpabilité insensé s'empare de moi. 

Red LightsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant