19- I fucked up

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Je pense que les arrêts sur image ne se vivent pas que dans les films. Quand Hyunjin me trouve allongée dans sa baignoire grand luxe et qu'il me regarde l'air ahuri, je suis persuadée que le temps s'est arrêté. Sa main est posée innocemment sur le robinet qu'il s'apprêtait à faire couler. Peut-être veut-il que je fuis sur le champ pour le laisser profiter d'un bain revigorant? Cette idée me convient parfaitement. J'envisage de sourire pour la lui soumettre quand il pivote le bouton et déclenche un jet glacé qui me saisit jusqu'à la moindre terminaison nerveuse de mon corps. 

Mon hurlement ne manque pas. Je saute pour échapper à l'iceberg qui me tombe dessus en continue et me rue machinalement contre lui pour m'accrocher à son cou. Une part de moi se demande comment je peux avoir des réactions aussi insensées dans des situations si catastrophiques. Cependant, je ne calcule pas sa surprise de me sentir tel un petit koala accroché à son bout de bois et l'entraîne avec moi vers les abysses de cette mer gelée. Nous terminons dans un plat magistral au milieu des jets activés par mégarde qui nous inondent la tête à foison. Si on avait été dans un film porno, je crois que nous aurions été primés pour la beauté de l'action. 

— Hyunjin? Hyunjin? Tout va bien? Demande la voix qui tapote avec inquiétude contre la porte. 

Mon ennemi aux cheveux rouges semble se ressaisir puisqu'il coupe l'eau du robinet et prend une voix tout à fait naturelle. 

— Oui. Je me suis trompé entre l'eau chaude et l'eau froide. Pour ça aussi faut que je te rende des comptes? Je ne peux plus hurler dans mon bain? 

Il se redresse et vit le moment avec passion tel un pauvre petit canard harcelé par l'équipe des poussins. 

— Je vais crier si fort que ma voisine d'en face m'entendra. Oui! Je suis Hwang Hyunjin, et j'emmerde la société et l'eau chaude qui met un peu trop de temps à arriver quand on veut prendre un bain!

Je crois que cet individu a complètement pété un plomb. Il se tient droit comme s'il jouait la réplique de sa vie dans une pièce de théâtre bondée. Seulement, je suis la seule à assister à ce désastre. 

— Tu me rends fou, Hyunjin! J'abandonne! Inonde la maison, fais ce que tu veux mais moi je vais prendre un verre. 

Sa mère quitte les lieux avec fracas et descend les escaliers comme un boxeur défonce son sac de frappe. J'envisage de lui dire d'installer de la moquette sur les marches pour une meilleure protection sonore quand il me lance le regard de la mort qui insinue que je vais bientôt y passer. 

— Jung... Meena. 

Plaît-il? 

Je sors à mon tour de cette baignoire et constate que je suis entièrement trempée. Enfin, visiblement, je ne suis pas la seule puisque son visage se mue en de la gêne mélangée à de la curiosité tandis qu'il lorgne sur mes tétons qui apparaissent sous ce t-shirt blanc entièrement transparent. N'en parlons pas de ma culotte Titi et Gros Minet qui se dévoile sous le satin trempé. 

— Ca va? J'te gêne pas? 

— J'admire la vue qui s'offre à moi. 

C'est petit et je ne masque même pas ma grimace. Alors qu'il jubile devant mon côté chaton mouillé, j'attrape une serviette et m'enroule dedans tandis que je retire mon t-shirt et mon short. Mais il ne fait toujours rien pour me venir en aide. 

— T'as besoin que je t'envoie un sms ou ça ne se voit pas que j'ai besoin de vêtements de rechange. 

— T'as besoin de rien. Je te trouve très bien comme ça. 

Des émotions contraires me parcourent le corps. Visiblement, mon cerveau est irritée par son arrogance tandis que mon intimité frétille sous l'appel du vice. Je décide de faire taire cette culotte trempée et le pousse contre le battant de la porte pour le faire réagir. Mon corps se plaque contre lui pour entreprendre une action intimidante. Qu'il le veuille ou non, je vais le dépouiller d'un pyjama pour pouvoir retourner tranquillement chez moi. 

— Pas de gestes brusques, Hwang Hyunjin. Je te tiens. 

Il hausse les épaules regardant mes mains qui ne font que serrer cette serviette. Bon... Je n'ai peut-être pas employé les mots les plus pertinents dans cette situation. Je décide donc de tapoter son torse musclé de mon index pour le faire trembler. 

— Tu vas me fournir tes fringues et me dégager l'accès immédiatement. Tu m'entends, petite tête? 

Encore une fois, il affiche un visage surpris puis un sourire m'indiquant qu'il n'y a rien de bon qui s'est faufilé dans son esprit. J'envisage sur le champ de faire marche arrière et de lui indiquer que je vais tenter de l'acrobranche en tenue de début de film porno quand il accède à ma demande. 

— A vos ordres, mademoiselle. 

Il se redresse et me fait reculer malgré moi. Je panique alors tandis qu'il retire le dernier vêtement qu'il portait, c'est-à-dire son caleçon guess homme à motif rayé qui ne semble en rien triché sur la taille de son paquet de concombre emballé. 

It was at this moment, she knew she fucked up...

Je revis la scène au ralenti, pourtant la honte et l'incompréhension sont toujours les mêmes. J'avance ma main dans l'espoir d'accrocher son caleçon pour qu'il reste en place mais il est bien trop rapide et tout ce que je trouve comme poignée ressemble à un tuyau assez large d'une longueur plus que troublante. 

Il me regarde.
Je le regarde. 
Nous nous regardons.

Et ce, pendant de longues et interminables secondes. 

Red LightsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant