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Lyam

Alors que nous longeons la fin de la voie sans issue, nous ne nous attendons pas à voir Meena quitter mon domicile, l'âme en peine. Mason choisit de se garer entre les deux portillons pour nous rapprocher de nos objectifs. Des signaux d'alerte s'allument lorsque je comprends qu'elle vient de s'entretenir avec ma mère. Cette femme malfaisante n'engendre rien de bon dans ses actions. Même si je meurs d'envie de consoler celle qui le mérite, une confrontation s'exige avec celle qui est responsable de cette colère que j'entretiens.
Je ne peux plus me cacher.
Il est temps que les choses soient dites.

— Rejoins Meena, moi je vais par là.

D'un pas décidé, je pénètre dans le jardin de la propriété que ma mère a acheté avec mon compte, sous prétexte qu'il nous fallait un pied à terre dans ce quartier de Santa Monica. Je possède certainement d'autres biens immobiliers, mais je ne peux pas les lister car la tutrice de mon compte bancaire se garde bien de me renseigner sur toutes ses actions.

— Si tu crois que je vais manquer le feu d'artifice, tu me mets le doigt dans l'œil.
— Profitez-en pour récupérer mes papiers dans ma table de chevet. 

Je suis étonné et touché de le savoir à mes côtés pour ce moment qui s'annonce tonitruant. J'ai tant de choses sur le coeur à confier à ma mère, et la possibilité qu'elle ait pu manipuler Meena en mon absence me fait permettre toute bienveillance.
Je déverrouille la porte et ne prends pas le temps de me déchausser puisque je ne compte pas m'éterniser.

— Lyam ! Te voilà enfin. J'espère que tu as bien profité de ta journée de repos puisque tu viens de me donner l'excuse parfaite pour te retirer de cette académie. Oh, mais qui avons-nous là ?
— Je ne suis personne à vos yeux, et cela convient parfaitement, déclare Mason en s'invitant dans cet espace de vie. 
— Non, mais je rêve. Quelle impolitesse ! Je ne sais d'où tu déniches tes camarades, mais il est grand temps de revoir tes critères à la hausse.

D'un coup de tête, j'indique à Mason l'étage. Sans avoir besoin de nommer mes attentes, il comprend que je lui donne le signal pour qu'il récupère mes papiers d'identité et autres documents nécessaires pour des démarches administratives. Ceux-ci sont rangés dans le double fond de ma table de chevet, avec d'autres éléments gênants qui découragent les curieux désirant aller plus loin. 

— Je peux savoir où il va ?
— Récupérer mes préservatifs, lui réponds-je avec provocation.

Je ne suis pas étonné qu'elle ne se souvienne pas de lui. Line Rixon ne s'attarde jamais sur les personnes qui ne lui apportent rien. Mason n'était qu'un convive parmi tant d'autres à la soirée de gala. C'est à peine si elle se souvient de sa mère, car seuls messieurs Wade et Jung avaient de la valeur à ses yeux.

— Je t'ai fait gagner du temps avec la petite voisine. Tu aurais quand même pu trouver plus classe, Lyam. Cette fille s'est dandinée comme une prostituée devant toute son école et elle espérait te faire une grande déclaration. Ri-di-cule. Je lui ai expliqué à quel point tu étais inconstant avec les femmes. Je crois que ça lui a brisé le coeur.
— Tu es complètement tarée.
— Ne me parle pas sur ce ton. Tu me déçois tellement, Lyam. Je m'épuise à faire de ta vie une réussite et toi, tu gâches tout.
— Tu es toxique. Tu détruis tout ce qui a de l'importance à mes yeux pour garder le contrôle.
— Ne te plains pas, j'ai mis au monde un ingrat. Je t'offre plus que tu ne te permets de rêver, et tu passes ton temps à désirer l'insignifiant. Tu es une déception, un raté. J'aurais dû faire appel à une mère porteuse pour concevoir un deuxième enfant et réussir avec lui ce que j'ai échoué avec toi.
— La ménopause a au moins du bon dans le monde.

Plus aucune retenue ne contraint mes mots. La discussion que j'ai eue avec Mason et son avocat dans la voiture m'a conforté dans ma volonté de me détacher d'elle. Cela peut paraître angoissant de couper les ponts avec cette femme, mais je dois cesser de croire que je vais m'effondrer au moment où elle cessera d'exister. Ses mensonges qu'elle n'a cessé de me rabâcher ne doivent plus me toucher. Il faut que je me détache de son emprise.

Red LightsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant