27- Un week-end sous le thème de la cohésion. Très... soudée...

4.1K 367 103
                                    

Le trajet n'a pas été aussi reposant que je le pensais. L'attente a eu raison de ma patience. Après deux jours à voir tous mes semblables s'agiter pour ramener le fameux sésame, j'ai baissé les bras et me suis enfermée dans une bulle. A croire que je fais partie des rares dont la négociation avec l'autorité parentale n'a pas été nécessaire. Dire que mon père m'a même encouragé dans mes expériences sexuelles...

Toujours est-il que je patiente devant la villa en voyant arriver les beaux gosses de la Terminale C. Très discrets mais pourtant sulfureux, Yeonjun, Taehyun et Soobin laisse Beomgyu devant la porte en ne manquant pas plusieurs sous-entendus sur de futures soirées agitées. En parfait gentleman, il les fait déguerpir et patiente à mes côtés, le temps que mes amies arrivent. 

— Pas trop stressée? 

— Par quoi? 

Ma réponse est peut-être plus cassante que je ne l'aurais voulu mais je suis sur la défensive depuis qu'un certain mannequin brise toutes mes défenses. 

— Hum... Tu sais... Le fait de passer une nuit avec des hommes dans la maison. 

— Bof. Ça ne me stresse pas plus que ça. 

Mon esprit m'indique que je suis une piètre menteuse.
Il tourne la tête pour fuir mon regard. Je vais finir par le faire déguerpir avec mon stress ambiant. Après un silence pesant, je tente de faire amende honorable en poursuivant la conversation. 

— Tu n'avais pas demandé à être avec Yeonjun et les autres? 

Son pied se frotte légèrement sur les gravillons. C'est à peine si je l'entends marmonner "pas vraiment". Beomgyu n'est pas connu pour être timide, voilà pourquoi son attitude me rend soupçonneuse. Il a une liste de conquête longue comme le bras mais ne s'en vante jamais. Tout ce que j'ai appris de lui était au détour d'un couloir mais il est si secret que cela relève de l'exploit à chaque fois. Il serait un amant remarquable, plutôt ouvert aux pratiques peu courantes, mais ça s'arrête là.

Alors qu'il s'apprête à prendre la parole, une voiture dépose le célèbre mannequin devant nous. Je ne m'étonne même pas de le voir étaler sur ce sol poussiéreux sa valise Louis Vuitton. Agaçant jusqu'au bout. 

— Vous m'attendiez? Dit-il un peu trop joyeux. 

— Il prend ses rêves pour des réalités, comme c'est mignon, je réponds dans la seconde, laissant le concerné bouche bée et Beomgyu mort de rire. J'attends les personnes avec qui je vais passer le meilleur week-end de toute ma vie. 

A ce moment là, un appel rompt ma tirade enjouée. Je décroche dans la seconde avant de déchanter devant la révélation de Joy. Celle-ci m'avoue être enfermée pour les heures à venir après que ses parents aient réalisé ce qu'ils avaient signé en toute confiance. Mais le coup de massue m'achève devant le texto d'Irène qui m'apprend souffrir d'une vilaine grippe et me souhaite bon courage. 

Lorsque je lève la tête devant les deux individus devant moi, je réalise que 48 heures peuvent être très longues. Officiellement parce que j'ai envie d'étouffer celui qui jubile de me savoir dans la panade mais aussi parce que tous deux me renvoient des regards loin d'être innocents. Je crois qu'il va me falloir enfiler une culotte de fer pour y survivre jusqu'à notre retour au lycée lundi. 

— Bien, je crois que nous pouvons entrer et visiter ce qui va être notre demeure pour les heures à venir, nous propose le beau gosse aux cheveux bruns. 

Je les suis, malgré ma mine boudeuse à l'idée que rien ne se passe comme je l'avais imaginé. Il n'y aura pas de soirée pyjama et bonbons, pas de discussions coquines sur nos expériences, pas de médisances sur Winter et sa clique. Je verrai juste ma vie en rouge et noir. 

Je n'arrive pas à me réjouir en découvrant l'immense cuisine ouverte sur le salon. Les propriétaires ont des goûts très occidentaux mais cela n'est pas déplaisant. Le coin nuit se compose de trois chambres dont deux étaient aménagées pour recevoir deux personnes. Nous devions à la base, coller nos lits pour nous réunir toutes les trois. Mais il faut que j'oublie toutes les images que je m'étais faites. Je crois que je m'apprête à vivre une retraite très pieuse pour mon âme. 

— On te laisse la plus grande, ça te va, Meena? Me demande Beomgyu très soucieux de mon bien-être. 

— Oui. De toute façon, ça ne sert que pour dormir donc... 

Je ne vois pas ce que j'y ferai seule. Nous sommes censés vivre en harmonie et partager des repas dans la bonne humeur, en plus des activités imposées. Je me demande si ça ne risque pas de tourner à l'overdose de silence pour fuir les tentations devant moi. 

— J'prends celle d'en face nous indique celui aux cheveux bruns. 

Hyunjin hausse les épaules et marmonne si doucement que je suis la seule à l'entendre. 

— Ca m'est égal. Je dors avec elle. 

Mon coeur cède et mon intimité se noie sous le plaisir. Mais il faut que je sois forte et que je résiste. Je crois que je vais officiellement passer les heures les plus longues de ma vie.

Red LightsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant