18- Mission infiltration chez le Mannequin

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La fin de semaine passe sans que je ne puisse m'entretenir avec mon mannequin préféré avant qu'il ne révèle quoique ce soit de ce qu'il a vu à quelqu'un. Tout simplement parce qu'il est absent le vendredi et joue au mort pendant le week-end.

Je ne peux que constater les nouveaux articles qui tournent à son sujet. Une jeune patineuse assure s'en vouloir concernant cette rupture et présente ses excuses à la Nation pour la honte qu'elle inflige à sa famille et à la vedette du pays. Je crois que je suis totalement perdue avec les histoires de coeur de ce garçon. 

Toujours est-il qu'il est aux abonnés absents et que cela m'agace profondément. Le lundi soir, après un cours de danse relevant plus de la torture pour moi, je prends ma douche et commence à battre des pieds, de rage dans mon lit. A peine vêtue de mon petit short et d'un grand t-shirt, je décide de me rendre sur la terrasse et de tenter de jeter un coup d'oeil en face. Mais le vent a décidé de me rendre la tâche difficile en secouant les branches du Sakura. Je traverse donc la bordure jusqu'à ma pièce refuge mais encore une fois, la lumière est éteinte. Comme s'il n'y avait plus âme qui vivait. 

Une idée diabolique germe dans mon esprit. Si mes voisins ne sont pas présents, rien ne m'empêche d'aller fouiner dans les petits secrets de notre star nationale. Je saute jusqu'à la branche la plus proche pour entamer une traversée périlleuse. Note à moi-même: enfiler une tenue de combat la prochaine fois que j'envisage de me la jouer "Mission Impossible". La bordure jouxtant sa fenêtre est si infime qu'il me faut me tenir au battant pour ne pas basculer dans leur jardin. Je réalise que je serai plus que ridicule si je reste bloquée dans cette position. Heureusement pour moi, la vitre coulisse facilement vers le haut et me permet une entrée dans l'antre du plus agaçant des lycéens que je connaisse. 

S'il vous était possible de découvrir les secrets les plus honteux de votre ennemi, la morale vous empêcherait-elle d'agir ?
Pas le temps de réfléchir que je commence à me pencher vers sa table de chevet. C'est là que se trouve tout ce qui se rapporte au sexe. J'ouvre le tiroir et en sors un roman de Margaret Artwood mais aucune capote ou lubrifiant. Bon, je suis certaine qu'il doit ranger ses revues porno dans son armoire pour éviter que sa mère ne tombe dessus. Mais mis à part un dressing faisant le triple du mien, rien de croustillant ne trouve grâce à mes yeux. Ce type m'agace donc profondément. Tout est trop parfait, comme s'il prenait un malin plaisir à envoyer un doigt à la société en se montrant sous son plus beau visage en permanence. 
Même ce vingt mètres carrés défie toute concurrence. Il n'y a pas un meuble de travers, pas une chaussette qui traine. Quand on sait que j'en viens toujours à me demander où se trouvent mes deuxièmes côtés ou mes culottes préférées...  

La seule chose qui attire mon attention est l'installation lumineuse, en partance de sa lampe, faisant tout le tour de son espace. Comme si une grande guirlande était installée dans mon salon. Je me demande ce que fait que cette fantaisie dans cet...

Pas le temps de terminer cette réflexion que des voix attirent mon attention ainsi qu'une montée au pas de charge dans les escaliers. Mon corps hésite entre sauter par la fenêtre et terminer aplatie comme une crêpe en contre-bas et me réfugier vers cette deuxième porte que je n'ai pas eu le temps de visiter. Je pénètre donc avec précipitation dans cette pièce attenante et y découvre une salle de bain spacieuse avec baignoire. Je crois que notre petit mannequin se met bien dans cette villa. 

J'hésite à rester plantée tel un cornichon en plein milieu de la pièce et opte pour l'idée la plus stupide. Je me réfugie dans cette piscine miniature et grimace en sentant les emplacements des jets me rentrer dans le dos et les fesses. Il fallait que monsieur soit adepte des SPA maison. 
En parlant du loup, je découvre qu'il se trouve juste de l'autre côté de ce battant et discute avec sa mère. Enfin, quand je dis discuter, disons plutôt que ça hurle. 
Mon côté fouine s'éveille aussitôt et je tends l'oreille pour comprendre le motif de cette dispute. Les mots "petite prostituée", "honte", "fric" et "contrat" s'enchaînent à toute vitesse. Si j'en conclus la voix de la furie qui vient de pénétrer à son tour dans la chambre de son fils, elle ne porte pas dans son coeur notre petite patineuse souffrant de rédemption. 

— Tu me fais chier, clairement! Lance Hyunjin fou de rage. 

Il ouvre la porte, ce qui me fait me ratatiner contre la paroi glacée de la baignoire mais mon sursaut est masqué par la porte qu'il claque au nez de sa mère, qu'il s'empresse de verrouiller. 

— Ne me parle pas sur ce ton! Tu me dois tout! 

— Non, je ne te dois rien. Va te faire foutre. 

Les propos me mettent plus que mal à l'aise. Jamais je ne me permettrais de lancer de telles déclarations à mon père mais il semble déborder d'une rage sous-jacente. Un plok ne m'indique rien de bon concernant la suite des événements. 

— Ouvre-moi tout de suite! On n'a pas fini cette conversation!

— Je suis à poils. T'as envie de continuer à me souler, la teub à l'air? 

Voilà qui cloue sa mère sur le chemin de la honte mais m'envoie des images plus que troublantes. Il a dit qu'il était comment? Une petite étincelle d'instinct de survie me pousse à revenir d'entre les morts, d'autant plus que sa mère semble s'être retournée dans le couloir. Je lève un petit doigt mais le geste arrive trop tard. Une chevelure rouge me surplombe, effarée, la main posée sur le robinet. 

— Je... peux tout t'expliquer. 

***
C'est cadeau ;)

LilouMeow

Red LightsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant