20

397 20 0
                                    

Un guide sur l'attitude à tenir en cas de situation pareille me serait très utile actuellement. Troublée, mais surtout impressionnée par le poids du membre que je tiens entre les mains, je fais mon maximum pour ne pas l'agiter ou le caresser. Consciente du pouvoir que je détiens, je mets de côté mes sens qui s'émoustillent pour mettre en place une négociation originale.

— Lyam, je vais poser mon arme sans faire de gestes brusques quand tu m'auras rendu ce caleçon. On va agir tous les deux lentement. Ceci est une question de confiance. L'échange va s'effectuer dans trois, deux...

Tout comme le démineur démêle les fils et se décide à couper le rouge ou le vert, je plonge mon regard dans le sien afin de savoir si sa parole est fiable, mais le jeune mannequin plaque sa main sur la mienne avant même que mon compte à rebours n'expire. Surprise et paniquée, je tente de retirer ma prise malgré la pression de ses doigts sur les miens, formant un étau. Lorsque je pense m'en défaire en trouvant son gland, celui qui me retient en otage me ramène vers lui avec un dessein inconnu qui m'agace aussi bien qu'il m'amuse. Insistant pour me défaire de lui et lui montrer que j'ai le dessus, je recule à nouveau et grogne lorsqu'il me ramène brutalement contre lui. Nos corps s'entrechoquant, nous basculons sur le carrelage froid de sa chambre et entremêle nos jambes dans un chaos total. Le temps de prendre appui sur tout ce que je trouve et de remettre de l'ordre dans mes idées, je constate son sexe en érection, après une séance de frottement qui ne lui a pas déplu. 

— Nom d'une pipe ! Lyam Rixon, tu es un gros dégueulasse. 

Agacée d'avoir été sa poupée en plastique le temps d'un duel, je lui arrache le caleçon tandis qu'il profite de son fou rire et se décide enfin à renfiler un boxer neuf qui se tend à cause de son érection proéminente. 

— Ca va, c'était juste pour rigoler. 
— Ma main a été victime d'une utilisation erronée. Ne me parle plus, monsieur le pervers. 
— Et c'est la voyeuse qui s'est infiltrée dans ma salle de bain après m'avoir suivi dans le SPA pour hommes qui joue les donneuses de leçon ? 
— Je... moi ? Une voyeuse ? Mais pas du tout ! Il y a erreur sur toute la ligne. Je me trouve ici par pur hasard écologique ! Figure-toi que je milite contre le gaspillage énergétique. 
— Toi, dont toutes les pièces restent constamment allumées comme si vous étiez quarante à vivre dans cette baraque ? 
— Je... même pas vrai. J'ai procédé à un test pour savoir de quel bord tu te trouvais et tu m'as déçu. Quelle n'a pas été ma désillusion de réaliser que je devais mettre ma vie en danger pour venir éteindre les lumières de ta chambre afin de protéger les petites chauves-souris de la pollution nocturne ? Cruel inconscient ! 

Mon torse se bombe tout comme mes seins qui se gonflent sous ses yeux pour apporter de la crédibilité à mes propos. Je lui dissimule ainsi ma phobie des petites bêtes se cachant dans les arbres, réveillant maintenant une peur insoupçonnée que je devrai affronter en regagnant ma chambre. 

— Tu serais presque crédible si je n'étais pas sûr que les lumières étaient éteintes. 
— Grâce à mon acte de bravoure. Je te laisse me remercier et t'excuser au plus vite. 
— Oh mais je compte le faire. Dès que tu m'auras indiqué la couleur de mes leds. 
— Tes ? Euh, jaune, évidemment. 

Dans le panel de colorimétrie des ampoules, celle-ci est la plus répandue avec la couleur blanche. J'espère ne pas m'être trompée dans le choix, et si j'en crois le sourire de mon adversaire, la poisse est de mon côté. 

— Tu me déçois. Moi qui te pensais observatrice.

Comme s'il mourait d'envie de m'humilier, Lyam m'entraine devant son lit et frappe des mains pour activer l'interrupteur qui éclaire les points lumineux accrochés aux murs de sa chambre. Ceux-ci dévoilent des lumières rouges envoutantes. Très vite, je perds le fil de ses déclarations pour admirer l'ambiance dans laquelle je suis plongée. La tête levée vers ce rouge carmin, je pivote juste me laisser flotter par cet état d'euphorie et croiser le regard de celui qui en est l'heureux propriétaire. 

— C'est magnifique.

Du pas qu'il effectue pour réduire à une peau de chagrin la distance entre nous, sa présence remplit la pièce à mes yeux. Chaque mouvement, de ce corps qui me surplombe à ses lèvres qui frémissent capte mon attention et donne une raison à mon pouls de m'étourdir. J'ai envie de plaquer mes mains sur son torse, sans savoir si je souhaite l'attirer à moi ou le repousser. Sa bouche effleurant le lobe de mon oreille, je le laisse s'agripper à mes hanches pour me dicter sa pensée. 

— Reconnais que tu es une petite voyeuse, Jung Meena.
— Uniquement dans tes fantasmes, Lyam Rixon. 

Sa voix prend le premier rôle dans mes divagations et me fait sursauter alors que des frissons se répandent sur ma peau. Je recule instinctivement jusqu'à buter contre son lit et ne trouve aucune accroche alors que mon corps bascule en arrière. Une fois prise au piège entre ses draps, je recule pour mettre de la distance entre nous et réfléchir au chemin que nous prenons. Mes seins apparents ne quittent pas ses yeux et provoquent en lui de profondes inspirations. Je ne suis pas certaine qu'il ait conscience de cette lèvre qu'il humidifie et mordille avec insistance. À genoux sur le matelas, le boxer tendu par son excitation, je le laisse croire qu'il peut m'approcher jusqu'à lever la jambe contre son torse pour le bloquer. Ravi de ce contact, Lyam s'empare de ma cheville pour commencer à me masser la plante du pied. 

— Si tu savais tout ce que tu réveilles en moi. 
— J'aimerais en dire autant mais tu ne fais qu'éteindre mes envies. 
— Petite menteuse. 
— Grand rêveur. 

Se penchant pour embrasser ma cheville avant de la reposer délicatement sur le drap, je me sens pour la première fois femme. À travers ses yeux, j'y vois un désir qu'aucun autre garçon ne m'avait fait ressentir. Une vague de frissons me parcourt jusqu'à l'épicentre du désir et me fait m'ancrer un peu plus dans cette folie. 

— Cap ou pas cap de rester silencieuse pendant que je t'embrasserai ? 
— Tes défis sont d'une facilité déconcertante, surtout si ma bouche est active.
— Qui t'a dit que je parlais de ces lèvres-là ?

Le souffle court, je laisse Lyam Rixon, le mannequin star et fantasme de mes nuits s'avancer vers moi pour prendre possession de mon corps. 

Red LightsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant