16. Catriona

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Catriona regarda son reflet dans le miroir et vit ses yeux se remplir de larmes. Elle se détourna promptement, essayant de penser aux festivités à venir. La servante tenait la longue robe de couleur blanc cassé ornée de fils dorés avec d'infinies précautions et la déposa au sol de façon à ce que Catriona pût prendre place en son centre.

— Je ne devrais pas vous dire cela, Mademoiselle... commença-t-elle, avant de prendre une longue inspiration. Ma sœur m'a avoué que votre mère et la Reine étaient très proches en ce moment.

— Comment ça ?

Le tissu s'ajustait aux courbes de la jeune femme, couvrant peu à peu son corps.

— Cet après-midi, elle l'a vu discuter avec Sa Majesté, elles traitaient au sujet de votre agresseur, qu'ils auraient retrou...

— Mon agresseur ? la coupa Catriona, nerveuse. Ils étaient deux.

— Certes Mademoiselle, mais...

— Que voulez-vous me dire enfin... Pardonnez-moi, je ne fais que de vous interrompre.

— La Reine veut conclure ce malheureux incident au plus vite, Mademoiselle, bredouilla-t-elle, crispée. Cela arrangerait profondément la famille des Valois d'avoir un coupable à porter de main très rapidement.

Catriona devait ne laisser apparaître aucune émotion, cette tragédie devait reposer derrière elle à présent, mais elle ne pouvait supporter qu'un homme innocent soit pendu à leurs places.

— Et ma mère dans tout cela ? reprit-elle. Pouvez-vous m'en dire plus sur le sujet ?

Elle savait que sa génitrice n'avait guère de compassion pour elle, elle qui n'était même pas venue la voir après son agression. Cela ne présageait rien de bon.

— Votre mère à récemment acquis des herbes de la réserve personnelle de Sa Majesté.

La domestique l'aida à enfiler les manches ajustées de sa robe.

— Et ? Peut-être est-ce des herbes pour soigner ses maux ?

— Ce n'en est point, avoua-t-elle en nouant fermement le corset à l'aide d'un ruban en soie d'or. Mademoiselle, ils ont attrapé un homme ce matin même et elles ont conclu un marché à votre sujet, termina-t-elle en accrochant de grandes ailes blanches dans son dos.

— Bien, et de quoi s'agit-il ?

Catriona sentit monter en elle de la crainte, de la colère.

— Pour ce qu'il en est des herbes, je n'en sais rien, mais pour le reste, je pense que la famille royale souhaite vous utiliser à leurs fins.

Son inquiétude s'intensifia. À quel triste rôle la destinait-on ? Comment allait-elle se sortir de cette situation délicate ?

— Merci de m'en avoir informé, déclara-t-elle d'un ton neutre. Je verrais cela au moment venu. Allons-y, je suis attendue.

La brune se retourna une dernière fois pour voir son reflet dans le miroir de sa coiffeuse : il lui était de plus en plus difficile de se regarder dans les yeux, après ce qu'elle avait subi. Elle ressentait encore le souffle de ces vauriens dans son cou, leurs mains indélicates sous ses vêtements, dans chaque fibre de son corps et plus elle les endurait et plus elle s'endurcissait, mais son cœur, lui, se flétrissait.

Catriona apparut dans la salle de trône, prête pour le bal qui suivra. Autour d'elle, les bonhommes et dames de la Cour étaient présents, tous étaient déjà vêtus comme elle pour la soirée. Elle remarqua Aileas et Mairhead dans leurs costumes qu'elles avaient choisis, ainsi que François et Elisabeth. Ils avaient opté pour deux figures fortes : Saint-Michel et Jeanne D'Arc. Sa mère était également présente, tapie dans l'ombre au bout de la salle.

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