72. Catriona

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Contre toute attente, Catriona décida de participer au repas du soir. Elle estimait qu'il s'agissait d'un honneur à accorder envers son hôte généreux, bien que Mairhead et la soigneuse soient contre cet avis.

— Tu es bien trop faible, protesta sa demoiselle de compagnie, l'air paniqué en la voyant se lever de son lit.

— Mais non, je me sens bien, souffla-t-elle d'une voix plus essoufflée qu'elle ne l'aurait voulu.

— Mairhead a raison, opina la soigneuse en tentant de la faire se rallonger sur ses oreillers. Il n'est guère prudent que vous fournissiez de tels efforts. Lord Byron comprendra parfaitement votre indisposition...

— Je n'ai rien, répliqua-t-elle plus sèchement. Je me dois de faire honneur à notre hôte de ma présence, après tout ce qu'il a fait pour moi...

— Quel intérêt de te présenter à sa table si tu ne peux rien avaler ? soupira la demoiselle d'honneur d'un ton affligé. Tu as meilleur temps de rester alitée, nous te porterons un potage et un peu de viande maigre pour te restaurer...

— Je souhaite quitter le lit, asséna Catriona d'une voix ferme.

— Mais...

— Il n'y a pas de « mais » qui tienne ! Mairhead, va préparer mes toilettes. Je voudrais m'apprêter pour le repas de ce soir.

Elle ne voulait pas l'avouer, mais la principale raison qui la poussait à se montrer aussi autoritaire et impatiente à participer au dîner était de retrouver Evrard. Son amie lui avait appris qu'il n'était passé la voir qu'en coup de vent, alors qu'elle était profondément assoupie. Catriona avait espéré voir son visage et son sourire narquois à son réveil. Elle aurait même apprécié une de ses remarques cinglantes dont il avait le secret. Aux dires de Mairhead, il n'était pas resté, préférant vagabonder à cheval dans les landes. Bien que la jeune noble ne soit pas surprise par le comportement du Chevalier, elle ne pouvait s'empêcher de ressentir une pointe de déception lui entailler le cœur. Elle aurait adoré qu'il reste à ses côtés, qu'il la couve comme une louve protectrice, son regard clair absorbé par son visage endormi, la détaillant avec attendrissement. Mais Evrard était bien trop pragmatique pour s'abaisser à cela. Il la savait en sûreté, c'était tout ce qui comptait à ses yeux.

Après que la soigneuse soit partie et avec d'infimes précautions, Maihead apprêta Catriona d'une ravissante robe bleu nuit bordée d'un col en dentelles et la coiffa élégamment de quelques épingles dans ses boucles brunes.

Quelques minutes plus tard, elles descendirent dans la salle des banquets. Catriona lissa le devant de sa robe et remit une mèche de cheveux en place dans un geste nerveux avant d'entrer, suivie de près par sa demoiselle de compagnie.

La pièce était spacieuse et richement décorée. Trois lustres en métal ornés de bois de cerfs baignaient les lieux d'une lueur dorée et chaleureuse. Le plafond était voûté comme celui d'une cathédrale et entièrement peint pour représenter une scène de chasse au faucon. Des panneaux de bois clair, sculptés d'arabesques gracieuses, couvraient les murs et une longue table imposante trônait au centre de la salle, entourée d'une vingtaine de chaises confortables.

Lord Byron et Evrard étaient déjà installés devant leurs assiettes et n'attendaient plus qu'elle. Leur hôte se leva depuis le bout de la table :

— Catriona ! l'accueilli-t-il avec chaleur. Quelle joie que vous ayez pût vous joindre à nous. Comment vous sentez-vous ?

— Beaucoup mieux, le remercia-t-elle en s'inclinant avec un sourire.

— Je suis ravi de l'apprendre. Vous nous ferez donc l'honneur de votre présence lors des festivités que je vais donner demain soir ?

Bandit HeartOù les histoires vivent. Découvrez maintenant