Les chevaux fatiguées, Evrard décida de s'arrêter dans une petite ferme non loin de la grande route qui menait tout droit à Paris.
— Attendez-moi là, ordonna-t-il d'un ton autoritaire pendant qu'il descendait de la monture.
Catriona l'observa s'avancer d'un pas confiant vers un homme à l'allure frêle sous sa chape en laine. D'un geste timide, il renoua les attaches de sa cale en lin, où quelques petites mèches de cheveux grisâtres dépassaient subtilement. Vêtu d'une cotte beige et de chausses brunes en laine, il frotta ses mains dans un vieux chiffon qu'il jeta sur un tonneau.
Le paysan n'était pas impavide face à la carrure de son guide, qui lança avec une aisance stupéfiante la discussion. Après quelques signes de têtes et deux trois sourires pincés, Evrard, un air victorieux sur le visage, revint auprès d'elle.
— Il nous propose de soigner les chevaux et de dormir dans la grange cette nuit contre deux sols et de l'aide aux champs, qu'en pensez-vous ?
— Je pense que c'est honnête, dit la jeune femme en acquiesçant d'un signe de tête avant de lui tendre les pièces qu'elle gardait précieusement sur elle.
Il retourna vers le paysan pour conclure l'affaire, puis aida Catriona à descendre du cheval. Au même moment, une tignasse blanche aux reflets jaunâtres sorti de la chaumière et les salua avec gaité. Cela devait être sa femme.
— Bonjour, les salua-t-elle en frottant ses mains sur son tablier. Blaise, qui sont ces gens ?
Son mari lui expliqua la situation qu'elle prit très au sérieux.
— Voulez-vous entrer Mademoiselle ? Vous semblez avoir fait longue route.
— Merci beaucoup, Madame.
— Appelez-moi Anne.
Quant à Evrard, il n'avait malheureusement pas cette chance. La promesse d'aider le fermier lui tenait à cœur, bien que la fermière lui eût proposé de se reposer. Blaise, qui avait déjà entre les mains la bride d'un magnifique cheval de trait brun, l'attendait en tapant du pied près de la clôture, le pressant.
L'intérieur de la maison était simple. Une grande table en bois prenait la majeure partie de l'entrée et un petit fourneau en pierre dans lequel était déposé des brindilles et des bûches brûlantes, occupait l'espace à droite de la porte. Contre le mur d'en face, une grande cheminée dans laquelle un chaudron suspendu à un crochet en fer émanait de la vapeur, rendant la pièce chaleureuse. Plus loin, une échelle permettait de monter dans une partie du toit, certainement la chambre.
La vieille dame prit avec ferveur une grande cuve en fer couvert d'un drap blanc et la plaça devant l'âtre.
— Un bon bain vous fera du bien.
Puis, elle fit cuir de l'eau dans une énorme bassine d'eau, la renversa dans la baignoire avant de réitérer son geste à plusieurs reprises sous le regard attentif de Catriona qui attendait toujours près de l'entrée. La paysanne s'éclipsa un instant et revint avec une pile de vêtements.
— Prenez ceci ma petite, je vais décrasser les vôtres.
— Ce n'est pas nécessaire.
— Je ne le proposerais pas si cela me dérangeait. Allez, entrez dans ce bain avant qu'il ne refroidisse.
— Je ..., reprit la noble.
Elle regarda derrière son épaule.
— Oh, ne vous en faites pas, personne n'ouvrira cette porte avant des heures.
Catriona, gênée, se mordit la lèvre inférieure en remettant une de ses mèches de cheveux derrière son oreille.
— Je vous le jure, Mademoiselle, reprit l'hôtesse en lui tendant le tas d'habits. Vous serez tranquille, les hommes ont beaucoup de travail et ne rentreront pas avant la tombée de la nuit. Puis, mon mari et moi sommes les seuls habitants de cette modeste demeure, ajouta-t-elle avant de placer de la cendre dans un saut. Je reviendrais dans quelques minutes chercher votre robe.
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Bandit Heart
Historical FictionAlors que l'avenir de la jeune Catriona Loveday est tracé, celui d'Evrard le Gall, ancien Chevalier sans le sou, est plus qu'incertain. Mais dès l'instant où la noble se retrouve entre les griffes de deux brutes, Evrard n'hésite pas à la secourir, a...