Catriona laissa son regard vagabonder dans la grande salle. Elle devait le reconnaître, entre la décoration de la grange et celui qu'elle avait sous ses yeux, Elisabeth avait fait des merveilles avec ce banquet. Comme d'habitude, la royauté française n'avait pas lésiné à la dépense. Des guirlandes avaient été suspendues sur les chevrons, les tables étaient ornées de gigantesques bouquets de roses, une orfèvrerie riche et somptueuse avait été polie et déposée dans le buffet sur un large dais de brocart.
Une fois de plus, les regards insistants des autres convives la mettaient mal à l'aise et elle fut ravie qu'Aileas et Mairhead la rejoignirent.
— Ne fais pas attention à eux, Cathie, la réconforta son amie, une coupe de vin à la main.
— Comment le pourrais-je ? Je suis la risée de la Cour, se lamenta Catriona. Et maintenant, un innocent est en prison.
— Tu as entendu le Roi, il est recherché par les autorités depuis longtemps, c'est loin d'être un innocent, qu'importe son crime, trancha Aileas. Nous devrions plutôt profiter de cette soirée.
— Je vais essayer, marmonna-t-elle, nullement convaincue.
Un Lord aux cheveux poivre et sel participa à la discussion. Il avait fait fortune dans les épices, et bien que Catriona tentait de suivre ses longues mésaventures en Inde, elle ne pouvait s'empêcher de penser à Evrard, coincé dans une minuscule cellule, attendant sa mort.
Soudain, Mairhead lui tapota le bras.
— Ce n'est pas Amaury, là-bas ?
— Effectivement, confirma-t-elle en suivant son regard.
Son fiancé semblait tenir une conversation houleuse avec une dame âgée. À sa grande inquiétude, la brune remarqua la présence de sa mère à leurs côtés, l'air consterné.
— Excusez-moi..., bredouilla-t-elle avant d'aller dans leur direction.
Les mains timidement serrées l'une dans l'autre, elle se rapprocha d'eux. Immédiatement, Jane vint à sa rencontre, le regard encore plus féroce qu'à l'accoutumée.
— Je n'arrive pas à croire que tu oses encore te présenter en public après l'opprobre que tu as jeté sur notre famille, siffla-t-elle entre ses dents.
Catriona s'immobilisa aussi soudainement que si elle avait été frappée. Son visage perdit toute couleur sous la remarque acide de sa génitrice. Ses yeux se posèrent dans les siens, dénigrants.
— Rentres à tes appartements, j'ai déjà assez honte de toi et de ton comportement, cracha-t-elle en la chassant d'un geste de main méprisant. Tu ne te rends pas compte que ton attitude t'a fait manquer une chance unique dans ta vie.
— Mère, pardonnez-moi, mais je ne comprends pas de quoi vous parlez.
— Evidemment ! Comment en serait-il autrement, toi qui es si bête ?
La jeune femme ouvrit la bouche, mais aucun son n'en sortit. Elle se trouvait complètement désarçonnée par les propos de sa mère. Cette dernière la foudroyait du regard comme si elle souhaitait la voir morte sur le champ. Incapable de lui tenir tête, sa seule issue était de s'en éloigner le plus vite possible.
— Mère, nous devrions reprendre cette conversation plus tard, suggéra Catriona d'un ton conciliant.
Sans attendre sa réponse, elle tourna les talons et sortit sur la coursive. A peine eut-elle le temps d'inspirer une grande gorgée d'air frais pour se calmer, qu'une main lui agrippa rudement le bras et la força à se retourner. La jeune femme se retrouva face au visage furibond de sa génitrice.
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Bandit Heart
Historical FictionAlors que l'avenir de la jeune Catriona Loveday est tracé, celui d'Evrard le Gall, ancien Chevalier sans le sou, est plus qu'incertain. Mais dès l'instant où la noble se retrouve entre les griffes de deux brutes, Evrard n'hésite pas à la secourir, a...