Ce matin, il sembla à Catriona que l'aube mit une éternité à peindre l'horizon. Elle était couchée sur le côté, agrippée à la couverture en laine. Les draps de soies de la Cour lui manquaient chaque nuit d'avantages, sans parler de son lit moelleux près de la cheminée. Elle observa Evrard, qui avait les yeux perdus dans le vide, l'épée sur les genoux, à l'affût des bruits environnants et se demanda qui il était en réalité. Peut-être avait-elle été trop dur avec lui depuis le début, alors qu'il ne faisait que l'aider sans rien attendre en retour, du moins, plus à présent.
Le ciel changea lentement de couleur, passant d'un orange vif à un rose éclatant. Les reflets de la lumière se projetaient sur les cheveux mi-longs de cet homme à la stature rassurante. Elle devait l'admettre, elle se sentait bien à ses côtés, sa voix la réconfortait et lui donnait du courage dans leur périple. Grâce à lui, le voyage était bien plus agréable. La jeune femme ferma les yeux, gardant l'image d'Evrard encore quelques secondes, dessinant un petit sourire sur son visage détendu.
Les multiples couleurs du ciel étaient passées à un bleu pur lorsqu'un bruit sec la réveilla brusquement. Le Chevalier préparait la monture pour se remettre en route. Catriona se redressa sur ses coudes dans une grimace.
— Avez-vous mal ? demanda-t-il à sa vue.
— C'est tolérable.
La jeune femme s'assit et plia la couverture.
— Pensez-vous pouvoir supporter le trajet ?
Le regard de Catriona se refroidit.
— Ai-je vraiment le choix ?
— Nous sommes restés ici bien plus longtemps que je ne l'aurai voulu. Votre fiancé pourrait nous tomber dessus à tout moment.
Son visage trahissait sa préoccupation, tandis que celui de la noble marquait la fatigue. Elle se frotta les yeux, puis laissa sortir un bâillement avant de préciser :
— Mon ancien fiancé.
— Pardon ?
—Ancien fiancé, accentua-t-elle en levant les yeux au ciel.
Evrard lui tendit la main pour la lever. Ce geste réveilla ses côtes, qui redevinrent douloureuses, et dans un gémissement, elle plaça délicatement sa paume sur l'endroit endolori.
Le Chevalier rangea la couverture dans le paquetage avant de se hisser sur la monture et l'aida à le rejoindre.
— Je vous le promets, nous irons au pas.
— Merci.
Après plusieurs heures de route sans échanger un mot, une rivière se dressa devant eux. Evrard observa longuement les alentours et lâcha un juron.
— Mordiable ! Il n'y a pas de pont, nous allons devoir la traverser à pied.
— Etes-vous certain que ce soit une bonne idée ?
— Le courant n'est pas très fort à cet endroit, nous ne risquons rien. Je vais guider le cheval, vous restez dessus et vous vous y agrippez. Je n'ai pas l'intention d'aller vous repêcher.
— C'est une très bonne idée, vous commencez à sentir la vieille jument, rétorqua-t-elle, un sourire taquin sur les lèvres. Un bon bain vous fera beaucoup de bien.
Evrard lui lança un regard noir avant d'enlever ses chaussures et sa chemise d'un geste fluide, puis déboutonna son pantalon.
— Que faites-vous ? s'étrangla-t-elle.
— Je ne veux pas voyager avec des vêtements mouillés, répondit-il en enlevant le dernier tissu.
La jeune femme eût juste le temps de tourner la tête en rougissant, gênée par sa nudité, ce qui arracha un petit rire au Chevalier.

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Bandit Heart
Narrativa StoricaAlors que l'avenir de la jeune Catriona Loveday est tracé, celui d'Evrard le Gall, ancien Chevalier sans le sou, est plus qu'incertain. Mais dès l'instant où la noble se retrouve entre les griffes de deux brutes, Evrard n'hésite pas à la secourir, a...