Tempérer l'ardeur de Catriona à se débarrasser de tous les meubles qui pouvaient lui faire penser de près ou de loin à sa mère ne fut pas une mince affaire. Evrard et les serviteurs avaient entassé une montagne d'objets hétéroclites dans l'arrière-cour du domaine. Le Chevalier avait mollement protesté lorsque la jeune femme leur avait ordonné d'y mettre le feu, mais il ne l'avait pas empêché de jeter une torche au milieu des débris.
Tandis que le bois s'embrasait et que les flammes léchaient et noircissaient les portraits dédaigneux de Jane D'Usez, les épaules de Catriona s'étaient imperceptiblement détendues et elle avait affiché un sourire triomphant et soulagé. Elle avait fait table rase du passé, sa vie prenait un nouveau départ.
Tout comme celle d'Evrard. A présent, il ne se voyait plus sur les routes, tel un vagabond qui mendiait un toit et un peu de pain en échange de quelques menus travaux. Il ne comptait plus voyager, à moins qu'il ne revienne à chaque fois auprès de Catriona, comme le bateau qui revenait sans cesse au port après avoir traversé les flots. Le Chevalier était tout à fait disposé à accepter son rang et ses responsabilités.
Loveday Hall lui plaisait beaucoup. La jeune femme avait eu une bonne intuition lorsqu'elle lui avait dit qu'il adorerait le domaine. Tout y était sauvage, des montagnes aux arrêtes effilées qui se découpaient dans le ciel changeant jusqu'aux landes inapprivoisées à l'herbe jaunâtre et rugueuse dans lesquels quelques chevaux, dont certains étaient les plus petits qu'Evrard n'ait jamais vu de sa vie, paissaient paisiblement parmi un troupeau de mouton.
— Qu'est-ce qui vous fait sourire ainsi ? lui avait demandé Catriona lors de leur balade autour de la propriété.
— La prochaine fois, c'est l'un d'eux que vous devriez prendre, s'était-il moqué en désignant les poneys. Plutôt que je vous aide à monter, vous n'aurez qu'à l'enjamber.
Cette boutade lui avait valu un coup de poing dans l'épaule, mais ne l'avait pas empêché de ricaner tout le chemin du retour.
A la fin de la journée, le Chevalier avait mémorisé tout ce qu'il y avait à savoir sur l'agencement du château. Il y avait deux cours intérieures, séparées par le bâtiment principal qui comportait six chambres, une salle de réception, deux petits salons, un bureau, une salle à manger, les cuisines, le cellier et les quartiers des domestiques. La salle des gardes, tout comme la salle d'armes se situaient dans la tour adjacente au domaine. Il ne manquait plus que des soldats et des domestiques pour veiller à leur sécurité et leur confort.
Evrard avait eu à cœur d'apprendre le nom de chaque serviteur qui travaillait pour eux. La plupart n'avaient jamais cessé de travailler pour le domaine depuis que Catriona était partie, il y a bien des années. Et chacune et chacun l'avait aussitôt considéré et respecté comme le nouveau seigneur de Loveday Hall, ce qui, après plusieurs heures, avait cessé de le rendre mal à l'aise.
Une chambre lui avait été attribué mais il n'y passait guère beaucoup de temps, préférant se glisser durant la nuit dans celle de Catriona pour goûter à nouveau au plaisir brûlant de ses baisers et de ses courbes qui se mouvait sensuellement contre lui durant leurs ébats.
Au matin, le Chevalier se réveilla sous les caresses de la jeune noble qui effleuraient et parcouraient sa peau lézardée.
— Seriez-vous donc entrain de m'explorer ? se moqua-t-il gentiment.
— J'avoue que j'apprécie de vous redécouvrir à chaque fois, sourit-elle en passant une jambe par-dessus son bassin.
A califourchon sur lui, elle se pencha pour l'embrasser amoureusement dans le cou, une main frôlant sa nuque et l'autre en appui sur son pectoral. D'un geste langoureux, la jeune femme bougea son bassin pour mimer un lent va-et-vient. Evrard posa ses mains sur ses hanches pour son mouvement, sa virilité commençait à durcir et il n'avait qu'une hâte, de pouvoir s'introduire à nouveau dans l'intimité de sa belle.
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Bandit Heart
Historical FictionAlors que l'avenir de la jeune Catriona Loveday est tracé, celui d'Evrard le Gall, ancien Chevalier sans le sou, est plus qu'incertain. Mais dès l'instant où la noble se retrouve entre les griffes de deux brutes, Evrard n'hésite pas à la secourir, a...