20. Catriona

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Je ne suis pas vraiment convaincue que tout cela soit une très bonne idée, frémit Aileas, alors qu'elle et Catriona s'engouffraient dans les dédales de ruelles pour trouver la maison de passe. Pourrais-tu m'expliquer pourquoi nous allons dans ce fichu endroit ?

— Parce qu'Evrard le Gall est mon unique solution pour quitter la Cour, répondit Catriona en ajustant la cape de tissu grossier qu'elle avait empruntée à une servante pour se cacher.

Les images fugaces de son agression lui revenaient par vagues devant les yeux et elle ne cessait de jeter des coups d'œil autour d'elle, inquiète à l'idée que le même schéma se reproduise une seconde fois.

— Et qu'espérons-nous y trouver exactement, rappelle-moi ? demanda Aileas, luttant contre le vent pour dégager son visage de ses longues boucles.

Quand son amie, la mine déconfite, avait frappé à la porte de sa chambre après sa visite dans les donjons du château, la blonde n'avait pas pu se résigner : elle s'était laissée entraîner dans le plan tordu de sa dame sans même sourciller.

— Il m'a parlé d'une Florie qui pourrait nous aider.

— Je crois que c'est là, déclara Aileas en désignant la maison.

Catriona s'arrêta, incertaine. Plusieurs filles de joies se tenaient devant le porche et lançaient des œillades ou des commentaires suggestifs aux hommes qui passaient devant elles. Deux d'entre eux s'approchèrent, leurs tendirent une pièce et se laissèrent entraîner à l'intérieur.

— Cela ne fait aucun doute, frissonna-t-elle.

Elle se fustigea d'avoir accepté de suivre le plan de ce Chevalier. La jeune femme n'avait certainement pas sa place dans cet endroit.

— Rappelle-moi : comment s'appelle la fille que nous devons convaincre ? s'enquit Aileas, déglutissant bruyamment.

— Florie, répondit Catriona, le visage troublé par la scène se déroulant devant elle.

— Très bien.

Après un grand soupir pour se donner du courage, les deux amies se dirigèrent vers la porte d'entrée et furent aussitôt abordées par les rires moqueurs des prostituées.

— Vous cherchez vos maris ? taquina l'une en claquant la langue.

— Soyez sans crainte, s'ils sont ici, ils sont entre de bonnes mains ! renchérit l'autre, provoquant l'hilarité parmi elles et faisant rougir Catriona.

Aileas s'avança d'un pas décidé, nullement déstabilisée.

— Nous cherchons Florie, est-elle là ?

— Désolée mes mignonnes, mais vous n'êtes pas son genre ! gloussa une troisième qui s'invita à la conversation, ce qui les fit rire davantage.

— Tais-toi, Béatrice ! tonna une voix depuis l'intérieur de la maison.

Une jeune femme apparue sur le seuil et les rires s'évanouirent aussitôt. Après leur avoir lancé un regard assassin, elle porta son attention sur Catriona et Aileas.

— Qu'est-ce que vous voulez ? demanda-t-elle d'un ton autoritaire. Si c'est pour une plainte, il faut parler auprès de la matrone, pas nous.

— Nous ne venons pas pour cela, répliqua la blonde qui commençait visiblement à perdre patience. Nous voulons parler à Florie, nous avons un service à lui demander.

— Rémunéré ? questionna-t-elle aussitôt.

— Peut-on discuter des détails en privé ? bredouilla Catriona, la dévisageant de pied en cap.

Bandit HeartOù les histoires vivent. Découvrez maintenant