Un doux chatouillement parcourut sa joue pâle, lacérée de petites plaies qui commençaient à cicatriser. Catriona ouvrit les yeux et pencha légèrement la tête vers Evrard, qui avait un sourire rassurant sur les lèvres.
— Nous sommes arrivés, indiqua-t-il.
Catriona se redressa péniblement et regarda à travers les rideaux.
En face de la calèche, un petit pont de pierre s'élançait au-dessus d'un ruisseau. Au loin, une gigantesque maison fortifiée formait une masse compacte et imposante dans le paysage. Des murs épais de pierre et de hautes meurtrières faisait office de fenêtres. De la fumée s'échappait des cheminées disséminées sur le toit de tuiles foncés et assombrissait le ciel. La porte de l'enceinte était juste assez large pour laisser passer le carrosse. La cour était parsemée de graviers, des pots de fleurs rouges et jaunes décoraient ce petit terrain pittoresque, ainsi qu'un puit et un banc en bois sur lequel une sculpture de loup était gravée.
Le cocher tira sur les rênes et la calèche s'arrêta sous le renâclement des chevaux.
— Bienvenue à la maison, entonna Lord Byron, qui descendit le premier de la voiture.
Catriona, contente d'enfin revoir un lieu familier, se releva, mais elle fît prise d'un violent vertige et retomba lourdement dans le siège, les mains sur ses tempes.
— Laissez-moi vous aider, se proposa Evrard en lui donnant le bras.
La jeune femme lui lança un regard attendri et prit appuie sur lui. Ils sortirent du carrosse à leurs tours et très vite, un petit groupe d'enfants curieux les encercla. Le plus courageux d'entre eux s'approcha d'Evrard et voulut poser un doigt sur son épée, mais le Chevalier fit un pas en arrière si brusque que le garçon sursauta comme s'il s'était fait piqué par une guêpe et s'empressa de se cacher derrière le Lord. Ce dernier passa une main dans ses cheveux châtains pour le rassurer.
Une voix stridente résonna depuis l'entrée de la bâtisse.
— Je crois que ma surprise a hâte de vous revoir, ma chère, sourit-il.
Catriona releva la tête et aperçu une chevelure rousse et sauvage apparaître à la porte.
— Mairhead ?
Sa fidèle demoiselle de compagnie releva le bas de sa robe pour accourir au plus vite auprès d'elle.
— Tu es vivante ! s'écria-t-elle. Tu es vivante !
Exaltée, des larmes de bonheur perlant au coin des yeux, Mairhead se jeta dans les bras de la noble en bousculant Evrard au passage qui céda sa place. D'abord éberluée de revoir son amie, Catriona céda à la joie de l'instant et lui rendit son étreinte. Mais cette dernière fut si étroite qu'elle peinait à retrouver son souffle et il lui fallut plusieurs tentatives pour pouvoir remettre une distance convenable entre les deux jeunes femmes.
Les yeux de la rousse se figèrent sur Evrard comme si elle venait de remarquer sa présence et l'examina des pieds en cape d'un air perplexe.
— Que fais-tu ici ? demanda Catriona alors qu'elle s'agrippait fermement au poignet du Chevalier pour ne pas vaciller.
— J'ai apporté moi-même ta lettre au Lord, ma chère, clama-t-elle en jaugeant toujours le guide.
— Toute seule ?
— Grand Dieu non, reprit-elle en levant les yeux au ciel. Un des gardes personnels de la princesse Elisabeth m'a accompagné. Nous en discuterons plus en détail au moment opportun.
— Est-ce qu'Aileas est avec toi ?
— Malheureusement non, elle est restée en France... Pour assurer nos arrières, chuchota-elle sur la fin comme si elle ne voulait pas qu'Evrard l'entende. Mais elle m'a assurée qu'elle nous rejoindrait bientôt, lorsque le moment sera venu.
VOUS LISEZ
Bandit Heart
Historical FictionAlors que l'avenir de la jeune Catriona Loveday est tracé, celui d'Evrard le Gall, ancien Chevalier sans le sou, est plus qu'incertain. Mais dès l'instant où la noble se retrouve entre les griffes de deux brutes, Evrard n'hésite pas à la secourir, a...