82. Catriona

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À la suite du départ d'Evrard, Catriona s'habilla d'une robe légère. Cela lui convenait de ne pas mettre de corset ou de se parer de bijoux, cela lui rappelait toutes ses journées où elle était en fuite sur les routes. Elle ne prit même pas la peine de se coiffer, laissant ses longues boucles brunes se balancer dans son dos. Ne sachant pas quand il allait revenir et estimant qu'il en aurait pour un moment, elle décida de sortir faire quelques pas à l'extérieur.

Le temps était doux en cette matinée d'été et le ciel était dénué de nuage. Un léger vent s'était levé et emportait avec lui l'air iodé du loch. Depuis son arrivée, elle n'avait pas eu le temps de fouler le pied de la plage de galets à quelques mètres de la bâtisse principale et c'était l'occasion de s'y promener quelques instants avant de rejoindre les deux hommes.

Elle quitta la cour et suivit le sentier qui descendait en pente douce jusqu'à la rive. Les petites pierres roulaient sous ses pieds et elle s'enfonçait légèrement dans le sable mouillé. Les vagues roulaient paresseusement et inlassablement jusqu'à elle et parfois la jeune femme dû faire un écart pour ne pas se mouiller.

Ses pensées se tournèrent sur Evrard et leur moment d'intimité partagé. Savoir qu'il était à ses côtés à présent fit naître un petit rictus sur son visage radieux. Tous les drames étaient à présents derrière eux. Apaisée, elle s'accroupie et ramassa un galet plat et arrondi. Elle sourit en se remémorant toutes les fois où elle faisait des concours de ricochets avec Lady Byron. Se demandant si elle était toujours aussi adroite, elle se positionna et jeta son projectile dans la baie. La pierre heurta deux fois la surface paisible de l'eau avant de couler.

Alors qu'elle voulu en reprendre une, un morceau de tissu entra furtivement dans son champ de vision. Si vite qu'elle cligna des yeux. Une pression s'exerça aussitôt sur sa gorge, sans qu'elle comprenne ce qui lui arrive. Mue par l'instinct de survie, elle porta les mains à son cou et tenta de se dégager de la prise qui l'opprimait. La jeune femme se débattit furieusement en hurlant. Une main se plaqua alors sur ses lèvres pour la faire taire, mais elle lui mordit aussitôt les doigts. Son assaillant poussa un cri de douleur et relâcha légèrement sa prise, assez pour lui permettre de pivoter sur le côté et de lui asséner un coup de coude dans le ventre.

Cormag se tenait devant elle, les lèvres retroussées dans un rictus barbare. Prestement, il se jeta sur elle pour tenter de l'immobiliser, mais la jeune femme, qui s'était remise de sa surprise, échappa de peu à son emprise. Elle courut en direction du sentier, toutefois le sable alourdissait ses pas et l'empêchait de prendre autant d'élan qu'elle ne l'aurait souhaité. Une douleur vive se fit ressentir lorsque ses cheveux furent tirés en arrière, l'immobilisant dans sa course.

Le serviteur la jeta sans ménagement sur son épaule, lui coupant le souffle lorsque son ventre percuta sa clavicule. Avec véhémence, Catriona se tortilla, le griffa, le martela de ses poings et de ses genoux dans un cri horrifié. Pourtant, rien ne l'empêcha de la transporter le long de la plage, l'éloignant du sentier qui menait au château.

— Lâchez-moi immédiatement ! ordonna-t-elle.

— Pas avant de retrouver mon commanditaire, grogna-t-il.

A ses mots, Catriona ressentit un frisson glacé la parcourir, comprenant qu'une fois de plus, sa mère était derrière cette attaque. Elle se révolta avec force et s'agita tant et si bien que Cormag ne parvint plus à la maintenir. Elle tomba lourdement sur son flanc, mais guidée par l'instinct de survie, la jeune femme détala comme un lapin. A l'instant où elle voulu se redresser, le pied de l'homme projeta une pluie de sable qui l'atteignit en plein visage. Ses yeux et sa gorge se mirent à la brûler. Il lui attrapa rudement le bras et la contraint de se mettre debout. Sa trachée l'irritait tellement qu'elle se mit à tousser.

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