Une Seconde Éternité

Ch 19 : Ces remèdes entre nous

L'après-midi du jour suivant, Yuan Lie et Qian Jingliu atteignirent leur destination à Yongdi, dans le royaume de Guo.

« Nous y sommes ! » s'exclama Yuan Lie, jaillissant d'une sente de montagne animalière entourée de grands pins bruissant sous le vent, au moment où le soleil commençait sa descente.

Les deux voyageurs avaient atteint le sommet d'une colline et d'où ils se trouvaient, ils bénéficiaient d'une vue imprenable et pouvaient facilement observer les mouvements sur la montagne d'en face. Sous leurs yeux, ils virent percer une ville-citadelle aux toits jaunes, encerclée de murs fortifiés qui projetaient leurs ombres au sol et autour de la place.

Le mont faisait partie d'une cordillère réputée pour ses nombreuses variétés de frênes et qui s'étendait d'est en ouest sur près de trois mille li. Dans la vallée et aux pieds de la cordillère, plusieurs villages avaient été érigés dont certains plus loin près des grandes passes devenant désertiques, étaient des caravansérails pouvant accueillir de nombreuses caravanes de passage qui allaient et venaient vers le désert de sable et les plaines stériles.

Juchée sur le versant d'une montagne de forêt de frênes verdoyante, la citadelle était surplombée d'un temple construit au centre de seize pavillons qui dominaient la ville et ses habitations. Le son d'un bronze résonna du temple, montant jusqu'au ciel pour se mélanger aux cris des perdrix. Des humains de la taille de fourmis circulaient en grand nombre dans le temple et ses alentours. Ils avaient l'air d'être venus prier et au loin, Yuan Lie et Qian Jingliu pouvaient discerner quelques files de processions allant au temple.

Yuan Lie et Qian Jingliu avaient pour mission de pénétrer dans la ville pour se glisser à l'intérieur du seizième pavillon entourant ce temple. Ce pavillon, nommé le Pavillon du Lotus Céleste, était la résidence du chef de clan, Shao Liu.

Non seulement la ville entière, perchée à mi-chemin sur le Mont Tai Yi, était une place-forte stratégique et imposante qui tenait lieu de passe vers les pays du nord et de contrôle des frontières nord-ouest, mais elle était également un berceau économique, politique et culturel, placée sous la protection directe des cultivateurs de la secte Carapace Noire et sous la juridiction de la secte Yeux Noirs, localisé au Shazhou.

Bien que difficile à atteindre et à rejoindre, la place-forte fut auparavant un poste de contrôle qui s'était développé en ville avec le temps, pour contrer les invasions des barbares du Nord. Cette ville s'était transformée en un lieu foisonnant de monde qui attirait dans cet endroit reculé, commerçants, marchands, éleveurs, religieux et quelques artistes de passages, mais également les réfugiés de guerres, qui espéraient trouver du travail et du riz, pour reconstruire leurs vies et bâtir des maisons où leurs enfants pourraient entendre les cris des poulets et des chiens* dans la cour.

À cause du temple, la ville-citadelle était perçue comme une ville pieuse et un endroit de pèlerinage qui attirait bons nombres de dévots, bien qu'en réalité, elle séduisait encore plus de jeunes gens du monde séculier, désireux de rejoindre le rang des cultivateurs de la secte Carapace Noire, ou à défaut celui des soldats de l'armée du clan Shao, la famille qui dirigeait cette secte. Parce que la ville constituait une voie de passage pour l'une des passes vers la route de la Soie*, son appétit pour le sang frais des jeunes recrues était constant et vorace.

Les points de passage faisaient inlassablement face à une série de troubles fréquents de brigands, de rebelles et de barbares qui tentaient de prendre le contrôle aux dépens de l'autorité centrale. Ces tensions menaient souvent à des attaques, des invasions, et même parfois à la guerre entre pays voisins, semant désolation et chaos, sans compter un nombre de victimes toujours plus nombreux parmi la population.