Une Seconde Éternité

Ch 47 : Rose éclose, un rêve qui se fane

Autour du Croissant d'Oasis.

Le vacarme de la horde de Mo qui s'éleva du sable autour de Croissant d'Oasis résonna de telle sorte qu'on aurait cru que le ventre de la terre s'était brisé et ouvert en deux. La terre tremblait tellement sous le poids des sabots qu'elle faisait fléchir les jambes des soldats et claquer les genoux. Dans trois battements de cils, ils se feraient engloutir par cette marée de monstres déferlants. Les cultivateurs réagirent vite en créant des barrières et des sorts pour repousser et contenir cet assaut éléphantesque.

Qian Jingliu avait retrouvé Shen Shuwen et les alchimistes après la soumission du clan Huang. Sans tarder, il grimpa sur Pétrichor et monta haut dans les airs. De nombreux cultivateurs se battaient dans le ciel, mais cela ne l'empêcha pas de traverser leurs lignes en se dissipant dans un épais brouillard qui se répandit autour de lui. À terre, Shen Shuwen fit grossir ce brouillard.

Au-dessus du tapis de brume, Qian Jingliu leva une main devant son visage dans le signe du salut et d'ouverture. Il allongea son bras gauche et referma son poing, comme s'il tirait sur des fils invisibles. Les hordes de Mo se trouvant sous ses pieds, s'affalèrent instantanément de tout leur poids. Comparables à une onde de choc qui se répandait à travers le désert, les cadavres de Mo tombèrent à terre l'un après l'autre, inertes. Semblable à un souffle de mort, les monstres s'écroulèrent aussi vite qu'une rose éclose se fane. Qian Jingliu leur avait ôté la vie. Sans bruit, sans étalage.

Sans attendre pour voir ce qui se passait ensuite, Qian Jingliu toucha la marque 'Uni' que Sun Kaze lui avait greffé et ressentit sa présence et sa position. En vitesse, il fila dans sa direction et apparut aussi vite que l'éclair à ses côtés.

Au moment même où il s'arrêta à sa hauteur, il entendit Sun Kaze dire à voix haute :
« Jueye Qian ! Jueye Qian ! Le voici... ! C'est lui qui m'a capturé et je me suis déjà rendu à lui. Il n'y a que lui qui peut disposer de moi, n'est-ce pas Jueye Qian ? »

Étrangement non surpris par cet accueil, Qian Jingliu voulut parler mais aucun son ne put sortir immédiatement de ses lèvres car ses yeux s'étaient posés sur le cadavre de Yu Zhaocai, une épée plantée dans le cœur et gisant aux pieds de son frère Mei Fang. Le fourreau à la ceinture de Mei Fang n'avait pas son épée et ses mains ensanglantées témoignaient que c'était lui qui avait planté son frère.

Qian Jingliu lança un regard surpris à Mei Fang, puis à Sun Kaze, puis à la dizaine d'Immortels qui se tenait sur la tête du paon et qui volaient dans les airs sur leurs épées.

À l'instant même, le duc Qian, Zhu Yazhu et Shen Shuwen apparurent.

« Que se passe-t-il ici ? demanda alors Qian Jingliu.
— Je crois que la guerre est finie, répondit Sun Kaze. Yu Zhaocai est mort. Et c'est son propre frère qui l'a tué. »

*****

Les paupières tremblantes de Yuan Lie s'ouvrirent dans une chambre baignée d'une lumière chaleureuse venant des doux rayons du soleil du matin. Il lui fallut un moment pour que sa vision s'adapte à la luminosité et pour que son esprit s'éclaircisse peu à peu. La sensation était semblable à un réveil après un sommeil profond de trois jours, sa tête était remplie de brouillard.

Il se trouvait sur un lit à baldaquin d'où descendait un fin drapé qui gonflait à chaque souffle de vent chaud. Il sentait une brise légère caresser ses bras, son cou et son visage brillant à cause de la sueur. Petit à petit, il capta des sons ressemblant à des voix provenant d'une pièce attenante. Son cerveau tenta de s'accrocher aux sons mais un autre de ses sens fut soudain submergé d'informations. Une forte odeur de plantes médicinales vint lui piquer le nez et lui déboucher les narines comme s'il avait respiré une pincée de poivre. Il fut saisi d'une série d'éternuements et leva son coude pour atténuer le bruit de ses expulsions d'air involontaires. Les éternuements attirèrent les propriétaires des voix qui déboulèrent en troupeau dans la chambre.