Une Seconde Éternité

Ch 40 : Pluie d'étoiles

Sun Kaze arriva à plusieurs zhangs au-dessus des dunes et balaya son regard autour de lui. Il vit alors Qian Jingliu qui abattait des éclairs sur Setesh. Il avait le dessus sur la magnifique bête !

Le ciel était aux côtés du noble Tigre qui faisait déferler une puissance impressionnante dans ses attaques. Le ciel s'était transformé en un lourd manteau noir d'épais nuages qui s'illuminaient sous les décharges d'éclairs comme des fleurs de parts en parts. On croirait le Dieu du Tonnerre descendu en personne frappant sur son enclume pour forger l'orage. Sun Kaze arrêta son regard longtemps sur l'alchimiste, un demi-sourire rivé au creux de sa joue.

''C'est donc lui qui a changé le ciel'', comprit-il.

Un voile de déception traversa aussitôt son visage. S'il avait fait cette cuve de glace pour apporter le froid dans le désert, c'était surtout pour amenuiser la puissance de Setesh qui tirait sa force de la chaleur du sable et du soleil.

''Visiblement, il n'a pas besoin de moi.''

Un coin de sa bouche tiqua et il s'en voulut. Son vieux ver de compétition se réveilla. Qian Jingliu respectait sa part du contrat alors que lui, au lieu de se préoccuper de son rôle à lui, tentait de 'l'aider' avec sa proie, qu'il lui avait par ailleurs lui-même assigné sans faire cas de son avis.

« ...Tssk » fit Sun Kaze. Il se retourna et regarda le sable avec des flammes dans les yeux. Sun Kaze intima un nouvel ordre à son sabre dans son nom :
« Brinicle, va. »

Le sabre quitta ses pieds et vola seul pour aller se placer plus loin de lui. Elle resta en lévitation au-dessus d'une dune et pointa sa lame vers le sable.

Sun Kaze, se tenant immobile dans les airs, invoqua une centaine d'étoiles dans le ciel qui apparurent derrière les nuages noirs. Elles illuminèrent le ciel telles des lucioles géantes derrière un épais rideau feuillu. Ce spectacle silencieux fut visible jusqu'au Croissant d'Oasis, et même l'armée qui marchait put l'apercevoir.

Sun Kaze abaissa sa main. Les étoiles tombèrent telle la pluie sur les dunes. Tous ceux qui se trouvaient dans les environs jusqu'au loin, se crurent soudain sur le dos d'une bête vivante qui se cabrait, prête à charger sous leurs pieds pour les gober. On ressenti les secousses jusque dans le grand Gobi.

On pouvait apercevoir, depuis les provinces avoisinantes, un flash brillant et éblouissant à l'endroit où les astres lumineux s'étaient manifestés, puis soudain, le bruit assourdissant d'une série d'intenses explosions se fit entendre à travers l'étendue du désert comme un long roulement de tonnerre. La terre trembla sur toute sa surface.

Semblables à des âmes désireuses de retourner dans les étoiles, une centaine de nuages crées par l'impact des corps célestes firent surgir des champignons géants de poussière. Les étoiles qui n'étaient pas plus grosse qu'une maison en réalité, exterminèrent l'armée de Mo qui traversaient en rampant dans le sable. Il devait y en avoir plusieurs milliers enfouis dans le désert, les rendant invisibles à l'oeil nus.

Ce qu'il resta de l'endroit arrosé par ces météores ne fut qu'un immense cratère creux et vide. Mais, ni l'onde de choc des explosions, ni même le plus petit grain de sable, ne dépassa Brinicle. Elle resta là à contenir toute la force et le souffle puissant de cette attaque tout en protégeant les cultivateurs qui se trouvaient derrière elle. Même le sable qui tombait en pluie ne se propageait pas derrière elle.

Cependant, ceux présents dans les proches environ de Brinicle avaient été témoins de la terrible frappe de Sun Kaze. Ils ne purent que la qualifier de terrifiante et d'apocalyptique ! Les lumières aveuglantes, le bruit des explosions... Les tremblements ressentis sous leurs pieds, la vibration de l'air, leurs coeurs qui voulaient bondir pour fuir hors de leurs poitrines en courant à toutes jambes ! Les cultivateurs du Bambou de Jade étaient si terrorisés par ce qu'ils venaient de vivre et de voir de si près, que leurs mains furent incapables de cesser de trembler. Les brutes terribles étaient à terre, le coeur débridé, les genoux enfouis dans le sable, ils n'arrivaient pas à retrouver la force de se relever. Cette soudaine sensation de n'être que des microbes insignifiants les terrifia sur place et les fit tomber au sol avec effroi. Tous restaient hébétés.