Ch 45 : Nouvelles alliances, nouvelles traîtrises

67 13 9
                                    

À plusieurs li de la circonvallation. Sur le bec d'un grand paon.

« As-tu la chose sur toi ? demanda Yu Zhaocai à son frère.
— Oui Renxiong.
— Le démon, est-il ici ?
— Aucun signe de lui. Cela fait cinq chandelles* que nous sommes arrivés. S'il était ici, il aurait dû se montrer depuis longtemps.
— Hmm hmm.... Bien. Je me suis assez diverti avec ces sombres idiots. Regarde-les... mhih ! Les clans Sima, les derniers Zhang, les Seize Temples, les Shao, les Neuf Glaives d'Or. Tous en train de se battre pour le clan Yu ! Si seulement Mère pouvait voir cela !
— Nous avons l'avantage du nombre, mais les rebelles résistent de façon remarquable. Je crains qu'ils aient forcé nos alliés à capituler. Regardez, Renxiong ! Les Yeux Noirs ne se battent plus ! Renxiong, pourquoi laissez-vous traîner les attaques et n'envoyez-vous pas les Mo et les Yao les affaiblir ? N'importe quel esprit d'eau ou de marée pourrait facilement en venir à bout de ces murs, nous perdront moins d'hommes.
— Mei Fang, n'aie aucune crainte, nous sommes déjà victorieux, mhih ! Il faut que mes alliés ressentent ma puissance et sentent que sans moi, ils ne sont rien que des incapables, hih ! Laisse ces enfoirés de Huang ! J'en fais mon affaire... » répliqua Yu Zhaocai en se levant du bec sur lequel il était assis.

Il ajouta :
« Tu es dans le vrai ! Il est temps que je commence les hostilités moi aussi. Et peut-être que ça fera sortir le démon, qui sait, hmm ? »

Il fit un bond vers le sommet du crâne du paon où une balustrade d'observation avait été installée à sa demande. Il aimait s'y asseoir comme si ce fut un trône. Mei Fang, qui l'observait depuis le bec, le vit écarter les bras en criant à tue-tête de sa voix chantante :
« Que la guerre commence enfin ! »

Sun Kaze se téléporta quelque part près du camp de l'ennemi. Le paysage de dunes avait constamment été remodelé en l'espace de quelques heures. Cela se ressentit dans l'air refroidi, dans le sol boueux qui se mélange aux cristaux de verres et dans les allées d'eau vaporeuse qui répandaient la poussière âcre de la guerre. Yu Zhaocai avait invoqué une centaine de yaoyins qui se dirigeaient vers le camp rebelle. Cela n'évoquait rien de bon pour son camp, mais Sun Kaze avait confiance en leur capacité. Le meilleur moyen pour lui d'aider les rebelles était de neutraliser le quartier-général des Yu. Il se doutait que leur position devait être truffée d'alarmes et de pièges contre les démons, ''Certainement même avec ces bols avec la matière noire des Enfers'', pensait-il avant d'élaborer un plan pour s'approcher discrètement de l'ennemi quand, sortant de nulle part, une silhouette inconnue apparut soudain à ses côtés.

Surpris, Sun Kaze scruta le nouveau venu de haut en bas. L'étranger était plus grand que lui et son visage était aussi dur que la surface froide d'une lame. Il avait une profonde ride, comme taillée par la pointe d'un couteau, pile au milieu de ses sourcils rapprochés, ce qui donnait à l'intrus l'air d'être en colère. Sa bouche comme son regard étaient sévères. L'ensemble de son visage toutefois, était raffiné et élégant pourtant, on ne pouvait dire s'il était bel homme ou non. À la base de son cou, il portait un tatouage rouge circulaire qui rappelait la trace d'un étranglement.

Cet étranger ne lui évoquait rien de particulier, alors Sun Kaze demanda :
« Toi, t'es qui ? »

L'apparition poussa un soupir de déception.

« Alors, c'est donc vrai... Père est de retour. Et Père ne reconnaît plus son propre fils » déclara l'étranger en s'approchant de son visage pour le regarder de plus près.

Sun Kaze bondit de surprise.

« Son fils ? Eh, attends une minute, de quel père parles-tu ?
— Nous vous retrouvons enfin, Père.
— Toi là, doucement ! Je crois qu'il y a erreur sur la personne. Qui es-tu au juste ?
— Évidemment, vous ne pouvez être notre père, soupira l'étranger. Sinon comment expliquer que Père se serait caché de ses propres enfants pour les préférer à un simple mortel ? Père s'est donc laissé séduire... Pour ne vouloir faire qu'un avec un homme.
— Et si tu commençais par me répondre ? T'es qui ? D'où viens-tu et que me veux-tu ? » siffla Sun Kaze, le ton frisant la menace.

Une Seconde ÉternitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant