Ch 21 : Difficiles positions

110 23 20
                                    

Au petit matin, Qian Jingliu et Yuan Lie eurent le droit de profiter d'un bain préparé par des domestiques qui les voulurent propres et apprêtés pour rencontrer le chef des lieux. Yuan Lie n'eut droit qu'à un grand baquet en bois qu'il dut remplir d'eau lui-même dans sa chambre, tandis que Qian Jingliu eut le plaisir de jouir d'un bain aux huiles et aux parfums des fleurs, préparé par des servantes aussi jolies qu'elles étaient jeunes et mignonnes.

Comme les doigts d'une main, elles se comptaient au nombre de cinq, coiffées toutes de tresses enroulées en boule des deux côtés de la tête. Elles avaient la bouche légèrement maquillée d'un teint orangée ou rosée, et les joues poudrées comme le cerisier, ce qui semblait étrange pour de simples servantes.

À chaque fois qu'elles arrivaient avec un pichet d'eau, elles souriaient à toutes dents lorsqu'elles virent passer Yuan Lie par la porte en portant une bassine d'eau dans ses mains. Elles gloussaient jovialement en lui lançant quelques regards scrutateurs qui le mettaient mal à l'aise. Il était sûr d'avoir une poignée d'années de plus qu'elles, alors par courtoisie, il voulut les aider à porter l'eau du bain de Qian Jingliu, mais elles refusèrent.

« Jeunes servantes, il semble que vous deviez faire beaucoup d'allers-retours. Permettez-moi de vous aider dans cette tâche. Je peux vous apporter toute l'eau qu'il vous faut très vite. Si vous acceptez que j'allège un peu votre charge, je serai heureux de vous aider.
— Serviteur, tu es très gentil, dis l'une d'elles qui semblait être la cheffe de ce petit groupe, mais ceci n'est rien pour nous, on fait ça tous les jours. On peut porter cette eau pour le bain de ton Seigneur, tu devrais te dépêcher de préparer ton propre bain.
— Dans ce cas, je ne vous dérangerai pas dans votre travail », répondit-il en leur offrant son charmant demi-sourire.

Yuan Lie se plia à leurs requêtes et reprit son chemin lorsqu'il aperçut Qian Jingliu debout sur le pas de la porte de sa chambre, les fixant d'un œil austère avec les bras croisés. Qian Jingliu se retourna pour repartir dans sa chambre sans un mot. Yuan Lie sentit une soudaine décharge dans son cœur dès qu'il l'aperçut, et se demanda s'il avait imaginé son regard froid lorsqu'il parlait à ces jeunes filles, mais puisqu'il n'y avait aucune raison pour laquelle Qian Jingliu pourrait être en colère, Yuan Lie balaya vite cette pensée et continua son chemin avec son baquet d'eau dans les mains, lorsqu'il les entendit murmurer :

« Le serviteur est très mignon ! Je m'allongerai bien à côté de lui.
— Son visage est vraiment doux et adorable, mais son Seigneur est encore plus beau ! Je l'ai aperçu dans sa chambre, il est grand et fort, il a une peau aussi blanche que la porcelaine de Madame. On dirait un prince ! »

À l'entrée de sa chambre, Yuan Lie se cogna le pied et renversa toute l'eau qu'il venait d'apporter. Bien qu'elles aient parlé à voix basse, il les avait clairement entendus. L'eau éclaboussa sa chambre sans qu'une goutte ne tombe dans la baignoire et son baquet vide tomba dans un grand fracas sur le sol, heureusement sans se casser. Yuan Lie les entendit lâcher un petit rire et se hâter d'aller dans la chambre de Qian Jingliu. Il poussa un soupir et se sentit lésé.

Peu de temps après, lorsqu'il plongea dans l'eau de son bain, il remarqua que sa chambre était collée à la salle d'eau de la chambre principale où avait dormi Qian Jingliu. Il put clairement entendre les rires des jeunes filles et même percevoir distinctement ce qu'elles disaient parfois.

Elles lâchaient des petits rires et des paroles doucereuses à Qian Jingliu, qu'elles trouvaient toutes d'une grande beauté et surtout très à leurs goûts. Du vue de leurs jeunes âges, elles n'étaient pas des servantes depuis très longtemps et par leurs attitudes plutôt amicales, ces jeunes filles paraissaient différentes des servantes que le noble eut déjà croisées.

Yuan Lie pouvait les entendre depuis sa chambre, lui dire :

« Votre Seigneurie, votre bain sera bientôt prêt ! Laissez ces jeunes concubines* vous débarrasser de vos vêtements, disait celle qui lui avait répondu, dont il reconnut à la voix.
— Ce jeune seigneur vient de loin ! Les gens de Yelang sont-ils tous aussi beaux que vous Seigneur ?, demandait une autre voix enjôleuse que Yuan Lie entendait pour la première fois.
— Jeune sœur, ne soit pas si effrontée devant notre invité !, répliqua la « cheffe ». Ce jeune seigneur est de loin le plus bel homme qu'on a jamais vu ici, certainement plus beau que tous les habitants de la citadelle et même de Guo et de la Préfecture du Sable* ! Et certainement, ce jeune maître de Yelang doit être le plus beau de son royaume. »

Une Seconde ÉternitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant