— Francesca ? Francesca est dans les toilettes, mon cœur, ânonne Giulia alcoolisée à un niveau bien trop élevé selon Alice. Pourtant, elle ne l'a pas vu prendre plus de verres qu'elle.
— Dans les toilettes ? Y'a des toilettes ici ?
— Au fond...
— J'y vais. Ça va aller Giulia ? Tu ne veux pas venir avec moi ? T'as pas l'air super, là !
— Je vais attendre un peu, si tu veux bien... parce que cette table est mon plus fidèle ami pour le moment. Et puis... Et puis, Paz danse avec Erica. Elles vont revenir... arrive à articuler l'italienne en tapant maladroitement sur la table haute, censée permettre de se réunir autour d'un verre mais sans pouvoir s'asseoir.
— Je vais chercher Francesca. Je reviens. Ok ?! Tu ne bouges pas ! Et arrête de boire, Giulia !
— OK. OOOOKKKK...
Alice est inquiète. Elle a un mauvais pressentiment. Le plaisir de la fête l'avait emporté sur tout le reste, notamment la prudence. L'état de Giulia n'est pas normal. Dès qu'elle aura récupéré Francesca, elle prend ses amies sous son bras et rentre.
Alice fend la foule des danseurs éméchés, essoufflés, débraillés, drogués pour certains. Elle scrute les visages. Cherche parmi la masse gesticulante, comme sur les bas-côtés. La semi-obscurité n'aide pas. Ni les lumières clignotantes, mais elle persiste. Enfin, elle voit le couloir mal éclairé, et les filles qui s'y engouffrent.
La porte des toilettes est bloquée. Plusieurs filles attendent en papotant.
— Pourquoi c'est fermé ? demande Alice.
— Devine, petite maligne...
— Comment ça, devine ? Je cherche une amie. Une grande brune avec des yeux noirs. Elle portait un haut bleu pailleté ce soir.
— Ben je crois que c'est elle qui se tape son étalon dans les toilettes.
— Son... étalon ?
Alice est affolée. Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? Pourquoi Francesca serait-elle entrée dans les toilettes avec un mec ? La jeune anglaise craint le pire.
— Francesca ?! Francesca ! appelle-t-elle en secouant la poignée.
Aucun retour. La musique vibre jusqu'ici et empêche d'écouter ce qui peut se passer à l'intérieur de la pièce. Les autres filles gloussent. Elles pensent qu'Alice est là pour récupérer son mec, ou un truc dans le genre.
Alice cherche alors autour d'elle quelque chose qui pourrait l'aider à défoncer la porte. Il faut qu'elle entre là-dedans. Elle retourne un peu sur ses pas. Elle a cru voir un extincteur quand elle a pris le couloir.
On lui attrape le bras au moment où elle tente de détacher le petit container rouge du mur.
— Vous comptez faire quoi avec ça !
Dante est là, devant elle. Fâché. Elle n'a jamais été aussi contente de le voir. Mais pas d'étreinte cette fois. Il y a plus urgent.
— Comment vous... peu importe ! Je crois que Francesca est dans les toilettes avec un type. Il faut faire sauter la serrure...
Dante n'a pas attendu la fin de sa phrase, il s'élance aussitôt contre le battant qui craque sous le premier coup d'épaule. Les filles qui attendaient, sont bouche bée devant la démonstration de puissance de l'italien. Alice, elle, ne pense qu'à Francesca.
Le second coup d'épaule propulse Dante dans le vide, puisque la porte s'ouvre brutalement. Il se rattrape de justesse à l'un des montants des toilettes. Francesca est là. La mine un peu défaite. Le teint cireux. Elle fixe son garde du corps, éberluée.
— Qu'est-ce qui te prend ? T'es malade ?!
— Malade ?! Porca miseria ! Pourquoi tu ne réponds pas au téléphone, ni aux messages ! Et qu'est-ce que tu fous ici ! Tu es censée être à l'appart ! Et qui c'est, lui ! réplique Dante en montrant la silhouette dégingandée d'un type adossé au mur du fond.
L'abandon du vouvoiement entre ces deux là n'est pas bon signe.
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L'obstination d'Alice Baggersmith
Romanzi rosa / ChickLitIl n'y a qu'une Alice Baggersmith. Et c'est heureux ! Le monde ne se relèverait pas s'il y en avait deux. Son obstination est légendaire, comme sa bonne humeur et son langage de charretier. On l'aime ou on la déteste. Au choix. Mais l'indifférence n...