— Désolée les potes ! On se revoit cet après-midi ! lance alors Giulia, brisant le silence qui s'est installé après le départ de Lombardi.
Elle signifie ainsi à tous ceux qui ne font pas partie du cercle restreint de Francesca qu'il est temps de partir. Elle a cependant posé sa main sur celle d'Alice. L'anglaise doit rester.
— Francesca ! C'était quoi ça ! s'exclame Giulia ensuite en faisant de grands gestes. Je fais quoi moi !
— Porca miseria ! soupire l'intéressée en se prenant la tête entre les mains. Je vais mourir ce week-end. Et toi aussi, Alice ! Mais qu'est-ce qui m'a pris !
Francesca prend alors conscience que l'anglaise ne l'écoute pas du tout. Alice suit des yeux la silhouette du garde du corps qui disparaît dans la foule à l'extérieur du café. Elle sourit.
— Alice ?
— Moui, dit la jeune fille en finissant sa gaufre.
— C'était quoi ce sketch ? Pourquoi tu t'es mis en travers de son chemin.
— Parce qu'il n'est pas question qu'un abruti dans son genre impressionne une de mes amies.
— Une de tes amies ? Mais on se connaît à peine ?!
— C'est vrai ! Mais je suis sûre que nous allons développer une grande amitié. Mon flair...
— Je suis flattée. Contente, mais... l'abruti, là ! Il est dangereux.
Alice hausse les épaules en souriant.
— Alice, tu es folle ! Francesca ! Appelle ton grand-père avant qu'il ne fasse assassiner une étudiante étrangère sur notre sol !
— Je viens avec toi, dit Alice. J'ignore pourquoi ça t'ennuie tellement d'y aller, mais je ne vais pas te laisser seule. Et puis, j'ai envie de voir la mer.
— C'est tout ? demande alors Francesca qui sent un doute s'insinuer.
— Comment ça, c'est tout ? répète Giulia qui est déjà catastrophée de la situation.
Alice prend alors la main de Francesca dans la sienne. Elle ne sent pas le frisson qu'elle provoque chez l'italienne avec ce geste.
— Je suis amoureuse, Francesca. Et c'est grâce à toi. Je serai ton rempart désormais, car ma gratitude est infinie.
— La cata... dit Giulia lentement en s'adossant à la banquette. Même moi, je sais que Dante Lombardi est en zone interdite, Alice.
— Il s'appelle Dante ? Ça lui va tellement bien, soupire Alice en levant les yeux au ciel
— Lombardi n'est pas un homme pour toi, Alice...
— L'amour ne se commande pas, Francesca.
— Alice ! Ôte-toi immédiatement cette idée de la tête ! Compris ! Ce type n'est pas pour toi ! Il n'est pour personne, d'ailleurs ! Il est dangereux comme tous les hommes qui environnent mon grand-père !
— Troppo tardi ! Dante Lombardi est à moi. Sa réputation n'y changera rien, dit Alice en se levant.
— Mais tu l'as vu ! Tu vas au-devant de graves ennuis... Je ne peux pas te laisser faire ! Tu ne vas pas venir ce week-end ! Je t'assure que ma famille... ils sont dangereux. Je ne veux pas qu'il t'arrive malheur, Alice ! Je ne veux pas te perdre !
Le ton véhément de Francesca dément ce qu'elle a dit plus tôt sur l'amitié récente avec Alice. La vibration dans sa voix indique qu'elle ressent aussi quelque chose de fort en présence de l'anglaise. Et même si elle ne veut pas encore le nommer, elle en a parfaitement conscience. Et le regard que pose Alice sur elle, lui indique que cette dernière aussi en est consciente.
— Ne t'inquiète pas autant pour moi, Francesca. Je suis insignifiante ! Ta famille, quel que soit ses travers, ne prendra même pas la peine de me remarquer ! J'ai aussi vue toute ta colère et ta détresse. Je ne vais pas te laisser seule. Je viens. Quoi qu'il en coûte. Quant à Dante, j'en fais mon affaire. Je sais être discrète.
— Discrète ? éclate Francesca en riant. Tu es tout sauf discrète, Alice ! Crois-moi ! Tu... irradies !
— J'irradie ? répète Alice avec incrédulité avant de sourire.
Ça lui plaît cette image d'elle.
Francesca comprend qu'elle ne parviendra pas à convaincre Alice seule. Il lui faut de l'aide au plus vite. Elle se tourne vers Giulia qui pense la même chose, et pas seulement parce qu'elle refuse que l'anglaise tente ce qu'elle n'a jamais osé faire : draguer le sombre et terriblement attirant Dante Lombardi.
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L'obstination d'Alice Baggersmith
Chick-LitIl n'y a qu'une Alice Baggersmith. Et c'est heureux ! Le monde ne se relèverait pas s'il y en avait deux. Son obstination est légendaire, comme sa bonne humeur et son langage de charretier. On l'aime ou on la déteste. Au choix. Mais l'indifférence n...