65/ Nouveaux projets

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La colocation se tait. Le moment est grave. Francesca et Alice sont rentrées seules. Dante a suivi Vittorio jusqu'à Porto Santo Stefano. Ils ont un certain nombre de choses à se dire. Des choses qui nécessitent de l'intimité et du calme. Des choses qui vont déterminer l'avenir du clan, car un nouvel héritier potentiel risque de faire bouger un certain nombre de lignes, y compris pour Francesca.

— Je n'arrive pas à croire que vous soyez allées dans un endroit pareil seules, dit brusquement Sylvester qui n'en peut plus du silence qui s'est installé dans le salon après que les deux jeunes femmes aient raconté leur aventure quelque peu chaotique.

— On n'étaient pas seules.

— Oui ! Mais c'était des inconnus ! Ce... ce Lucio ! Là ! Il aurait pu vous faire disparaître !

— On a fait confiance à Gina.

— Parlons-en de cette Gina, éclate Paz. Vous êtes allées la chercher dans l'un des quartiers les plus chauds de Florence ! Vous êtes complètement folles ! Et incroyablement chanceuses ! Il aurait pu vous arriver mille...

— Ça ne sert à rien d'imaginer ce qui aurait pu arriver de pire ! Ça n'est pas arrivé ! Nous sommes là, entières. Pleines de vie et de projets ! dit Alice en se levant. Maintenant, il faut imaginer la suite. Et moi, je la veux plein soleil !

— Tu parles ! D'abord, je te signale que Noël approche. Que notre séjour va bientôt prendre fin. Que l'Italie ne sera bientôt plus qu'un lointain souvenir... que...

— Hé ! Sylvester ! s'écrie Alice en se précipitant vers lui pour se nicher contre lui. L'avventura n'est pas terminée !

— Mais bientôt !

— Et depuis quand anticipes-tu le malheur ? demande alors Pierre en se redressant pour le regarder.

— On pourrait se faire un autre week-end au bord de la mer ? Pour décompresser après les examens ! suggère avec enthousiasme Alice en interrogeant des yeux Francesca.

— Pas à Porto Santo Stefano ! Je t'aime bien Francesca, mais ta famille... pardon !

— Tu as raison. C'est pas un cadeau ! Mais je le dis depuis le début !

— On pourrait aller skier plutôt, dit alors Paz d'une voix rêveuse.

— Oh ! Toi, tu as un plan machiavélique à nous proposer...

— C'est-à-dire que... Hans m'a invité. Ça pourrait être sympa d'y aller tous ensemble.

— Francesca ? Tu en penses quoi ? Ton grand-père t'autorisera à venir ?

— Je n'en sais trop rien.

— Le rendez-vous avec Hans est dans deux semaines. Ça nous laisse un peu de temps pour tout organiser, dit Paz en se redressant.

— C'est vraiment une super idée, Paz, dit Alice en étreignant l'espagnole.

Sylvester s'est levé pour se joindre au câlin, et Pierre en a fait autant. Alice fait un signe à Francesca qui hésite à s'immiscer.

— Allez, l'italienne ! Tu es des nôtres ! dit alors Sylvester en attrapant la jeune femme par l'épaule.

Francesca se sent bien, collée à ses amis. Elle sent la tension qui l'habitait depuis la disparition de Dante, fondre et se dissoudre dans cet élan d'amour et d'amitié. Elle soupire.

— Bon, parlons peu, mais parlons bien. J'imagine que si tu as l'autorisation de venir, tu ne viendras pas seule, demande l'anglais à l'italienne.

— C'est peu probable.

— Alors il faudra que j'ai une conversation sérieuse avec Lombardi.

— Sylvester ! s'écrie Alice à moitié en rigolant.

— This asshole en a assez fait ! Il faut que quelqu'un lui dise les choses clairement, Alice !

— Et de quelles choses tu parles ? demande Pierre en se rapprochant de l'anglais.

— Je ne veux pas qu'Alice souffre encore à cause de lui.

— Mais ! Mais je n'ai pas souffert !

— Et ce bleu, là ! lance-t-il en pointant du doigt la marque bleutée que la main de Dante a imprimé sur sa peau dans le vestiaire de l'Arène.

Alice vient enlacer Sylvester.

— Tu sais que tu fais un super grand frère, en vrai !

— Je sais. Mais ne change pas de sujet.

— Entre Dante et moi, c'est réglé. Ok ? Ne t'inquiète pas, dit-elle en offrant un sourire radieux à l'anglais avant de lui murmurer. Et puis, je crois que tu as toi-même des choses à régler.

— Pardon ?

Alice coule alors un regard vers Pierre qui discute avec Paz et Francesca du futur séjour.

— Qu'est-ce que... murmure-t-il à son tour.

— Arrête de te voiler la face, Syl. Ça n'est pas l'Italie qui va te manquer le plus...

Sylvester ne comprend pas de quoi elle parle.


L'obstination d'Alice BaggersmithOù les histoires vivent. Découvrez maintenant