42/ Soupçons et trahison

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Les étudiants ont tous regardé avec stupéfaction Lombardi disparaître sans un mot. Ils sont tous très en colère contre lui. Son attitude a de quoi les énerver. Mais pas autant que Francesca. Elle prend sa part de responsabilité dans la situation qu'elle impose à Lombardi. Cependant, ça ne lui donne pas le droit de se comporter avec autant de désinvolture et de mépris. C'est vrai que sa mission n'est pas de protéger Alice. Pourtant, ça ne devrait pas l'empêcher d'avoir de l'empathie, voire de tenter d'agir pour régler le problème.

Puis un soupçon grandit brusquement en elle. Et si... Et si l'agresseur était Dante ? Et s'il n'avait trouvé que ce moyen pour écarter Alice Baggersmith de son chemin. Et s'il la haïssait suffisamment pour la tuer ? Ce type a grandi dans la violence. Il ne connaît probablement pas d'autres moyens de régler ses problèmes.

Plus elle y pense, plus elle est convaincue. Car comment expliquer autrement l'agression de son amie ? Si quelqu'un lui en veut à elle, en temps qu'héritière de Luca, pourquoi s'en prendre à des étudiants étrangers qui n'ont rien à voir avec elle et sa famille ?

Francesca se dirige vers la porte du studio et frappe brutalement contre le battant de bois, faisant taire du même coup toutes les discussions dans le salon.

— Lombardi ! Ouvrez cette porte immédiatement ! Il faut qu'on parle !

Francesca entend la voix de l'italien. Il discute avec quelqu'un. Il téléphone. À Vittorio de Luca ? Sans doute. Il fait son rapport. Peut-être que le patriarche a consenti à le laisser agresser l'anglaise. Peut-être que cela faisait partie du contrat qu'ils ont établi à Porto Santo Stefano. Lombardi attendait simplement le bon moment...

— Lombardi ! hurle-t-elle avant de sentir le bras valide d'Alice lui envelopper la taille.

— Ça n'est pas Dante, Francesca.

— Comment peux-tu en être sûre ? Tu as dit à ce policier que tu n'avais pas vu le visage de ton agresseur.

— Je le sais parce que je l'ai vu, lui, partir en voiture quelques minutes avant.

— Qu'est-ce que tu dis ?

— J'ai vu Dante sur le parking de la Fortezza quelques minutes avant de me faire agresser. Il venait de récolter des informations de façon plutôt musclée, et je me suis moquée de lui. Je l'ai contrarié. Encore. Il est parti furieux. Alors oui. Je suis sûre que ça n'est pas lui.

— Il t'a laissée seule sur ce foutu parking ! lâche Francesca découvrant l'ampleur du désastre. Cazzo ! Je vais le tuer !

— Non. Tu ne vas rien faire. Il n'est pas en faute. Pas plus qu'aucun d'entre nous. C'est la faute à pas de chance. C'est tout. Et puis, je vais bien. Salvano était là.

— Ce mec, je vais devoir trouver un moyen de le remercier, murmure Francesca en enlaçant son amie aussi fort qu'elle peut. Un monde sans toi n'est pas envisageable, Alice.

— Moi aussi, je t'aime Francesca.

Paz, Pierre et Sylvester se joigne aux deux jeunes femmes et forment une masse humaine étrange et murmurante.

— C'est pas bientôt fini les conneries, dit alors Dante en ouvrant sa porte avec vivacité défaisant instantanément l'étrange câlin collectif. Toi, tu viens avec moi, finit-il en attrapant le bras valide d'Alice et en l'attirant dans son studio avant de refermer la porte brutalement au nez des autres colocataires.

— Ce type est le pire connard que la terre ait porté ! lance suffisamment fort Pierre.

Insulte que Sylvester vient fleurir avec une ribambelle de mots anglais que personne ne comprend, mais dont le sens général est évident.

— Dante Lombardi, si jamais vous faites le moindre mal à Alice, je vous jure que je me chargerai moi-même de vous éliminer, dit simplement Francesca avant de retourner dans sa chambre.

— Et personne ne la retiendra, se permet d'ajouter Paz.

L'obstination d'Alice BaggersmithOù les histoires vivent. Découvrez maintenant