66/ Le retour du guerrier

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Dante arrive au pied de l'immeuble et pose son sac. Il sait déjà que la semaine a été studieuse pour les étudiants de la colocation. Francesca faisant désormais un rapport quasi-quotidien de ses activités à son grand-père. C'était la condition pour ne pas voir débarquer Renzo ou Luigi dans le studio pour le remplacer.

Ça aurait donné, pourtant. Renzo et son air placide au milieu de cette suractivité étudiante. Ou Luigi et ses sempiternels conseils, tous directement issus du bon sens italien, face à une Alice illogique, une Paz suivant ses propres principes, et les garçons à l'opposé de sa vie. Dante imagine aussi très bien les scènes qu'auraient fait leurs femmes en apprenant qu'ils allaient surveiller de jeunes et fraîches étudiantes. Le rapport quotidien était préférable, sans aucun doute possible. Jusqu'à son retour.

Et il est là. En bas de cet immeuble. Et il hésite. La semaine a été intense aussi pour lui. Après le face à face avec Vittorio dans son bureau où il s'était excusé de son attitude – Gina l'avait menacé de l'estourbir elle-même s'il ne le faisait pas -, le patriarche avait fait la paix en s'excusant à son tour.

Dante est parfaitement conscient que si Vittorio de Luca avait été plus jeune, l'affaire ne se serait pas terminée ainsi, et que lui, Dante Lombardi, serait sans doute mort dans les vestiaires de l'Arène, tué par son propre grand-père. L'âge autorise une certaine bienveillance. L'âge et l'urgence de sa situation.

Car les informations que Dante avait recueillies ces dernières semaines concernant le potentiel commanditaire des attaques contre Francesca, n'avaient fait qu'accentuer la nécessité de trouver quelqu'un à qui léguer l'entreprise qui ne soit pas cet idiot de Battista.

Tous les faisceaux convergeaient vers le dernier fils de Luca. Pourtant, Vittorio était quasiment sûr que Battista n'était pas la tête pensante. Il était donc urgent pour le patriarche de mettre sa succession en ordre et de préparer le terrain pour ses héritiers avant qu'un malheur n'arrive à sa petite-fille.

Vittorio avait compris autre chose durant ses entretiens avec Dante. Tout en pardonnant au jeune homme sa fulgurante colère et sa rage brutale, dont il prenait sa part de responsabilité, il avait réalisé que l'autre part était entièrement, ou presque, imputable à cette Alice Baggersmith contre laquelle Dante Lombardi n'avait cessé de le mettre en garde. Le patriarche avait vu l'incroyable ténacité de l'anglaise et son efficacité pour apaiser Dante. Et il avait apprécié, au grand étonnement du jeune homme. Il avait fini par lui dire que la chance était de son côté. Une femme comme elle ne se rencontrait pas tous les jours.

Dante avait failli protester. Puis, il s'était souvenu des baisers échangés. Des étreintes volées. De cette lumière, de cette chaleur qui le submergeaient quand Alice se collait à lui. Cette fille irradiait le bonheur, le partageait sans discernement, et il ignorait comment c'était possible.

Dante se secoue et avance vers les ascenseurs. Il va falloir qu'il s'excuse face aux étudiants. Ça sera sans doute le plus difficile. Son orgueil va en prendre un coup. D'autant qu'il vient reprendre sa place de garde du corps. Le fait qu'il soit le cousin de Francesca – le vrai cousin ! - ne change rien. Il a un rôle à tenir. Alice Baggersmith ou non.

Les portes de l'ascenseur s'ouvrent sur la silhouette de l'anglaise vêtue, comme la plupart du temps, d'un jean et d'un tee-shirt tout simple. Elle est en basket. Un sourire fleurit sur son visage dès qu'elle le voit, et Dante oublie instantanément ce qui le préoccupait deux secondes avant. Elle lui a manqué à en crever. Voilà la vérité !

Il entre et attrape la jeune femme par la taille. Elle a l'habitude maintenant. Elle s'agrippe à lui comme un petit singe et l'embrasse sans façon.

— Tu es enfin revenu !

— Je suis là.

— Tu ne vas plus repartir ?

— Non. À moins que tu ne veuilles plus de moi.

— Imbécile ! J'ai attrapé le plus beau mec d'Italie ! Crois -moi, je ne suis pas près de le lâcher.

— Le plus beau mec, hein ? répète-t-il en l'embrassant avec un peu plus de passion.

— Hé ! Ne prend pas la grosse tête. Tu es très beau, mais tu es aussi un véritable emmerdeur.

— Dis la pire chieuse de la terre, réplique-t-il en l'embrassant dans le cou.

Elle se contente de glousser avant de l'embrasser encore. Et encore. Et encore. Jusqu'au ding de l'ascenseur annonçant leur arrivée, et le « hum » gêné d'une locataire de l'étage.


L'obstination d'Alice BaggersmithOù les histoires vivent. Découvrez maintenant