54/ Une si longue attente

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Un discret déclic la fait se retourner. Dante est à la porte du studio. Il s'est arrêté en la voyant. Il pensait que tout le monde était parti se coucher. Il finit par bouger. Il fait comme si il était seul. Il prend une tasse et attrape la bouilloire encore pleine d'eau chaude. Puis il se retourne et doit bien affronter le regard d'Alice parce que les jambes de la jeune femme pendent devant le tiroir où sont stockés les sachets de tisanes et autres breuvages nécessitant de l'eau chaude.

— Tu te déplaces ?

Alice se contente de sourire en penchant la tête de côté. Elle ne bouge pas d'un iota. Elle a remarqué les mains blessées du jeune homme mais ne dit rien.

— Cazzo ! grince Dante avant de poser la tasse sur l'évier.

— Tu abandonnes déjà, dit simplement Alice avec un air déçu alors qu'il va pour rejoindre le studio.

Il s'arrête. Se retourne. Avance droit sur elle. Il l'attrape par la taille pour la soulever comme si elle ne pesait rien. Et c'est exactement ça. Elle ne pèse rien pour lui. Alice pense qu'il va la poser un peu plus loin ou la faire simplement descendre. Elle s'attend à avoir une opportunité de l'enlacer avant de rejoindre sa chambre.

Toutes ses espérances sont largement dépassées, lorsqu'au lieu de la poser plus loin, il la plaque contre lui et l'embrasse fougueusement. Elle noue ses chevilles dans son dos et répond avec enthousiasme à ce baiser qu'elle attend depuis si longtemps. Ils continuent ainsi un long moment jusqu'à ce qu'il se déplace vers le studio en la portant.

— Tu crois faire quoi, là, Dante Lombardi, murmure-t-elle à son oreille.

— Ce que tu attends depuis le premier jour, non ?

— No way.

— Pardon ?

Dante et elle sont à deux pas de la porte, au milieu du passage qui mène aux chambres. Il a cessé de l'embrasser pour la fixer, étonné.

— Je ne suis pas un lot de consolation, ni un exutoire, dit-elle très sérieusement en descendant de ses bras avec facilité tant il est surpris de sa réponse. Je veux que tu en ais autant envie que moi.

— Mais j'en ai envie, là, cazzo ! rage-t-il en murmurant pour que personne n'entende.

— Non. Tu as envie de sauter une fille. N'importe laquelle. Ou alors de te battre. Tu as envie d'expulser ta colère. Tu as envie de t'épuiser. Tu as envie d'oublier quelque chose. Si tu veux, on en parle...

— Merda ! Tu es vraiment la pire nana que j'ai jamais rencontré.

— Sans aucun doute possible, dit-elle en souriant, mais moi, tu ne m'oublieras pas, finit-elle en tournant les talons.

Il l'attrape par le bras avant qu'elle ne soit trop loin et l'attire contre lui pour l'embrasser de nouveau. Elle le laisse faire avant de se détacher. Il fourrage dans ses cheveux et part sans un mot.

Alice reste dans l'ombre du couloir. Elle attend. Elle attend d'entendre la seconde porte du studio s'ouvrir. Celle qui donne sur l'extérieur. Celle qui pourrait permettre à Dante Lombardi de se chercher une fille pour baiser cette nuit. Mais il ne sort pas.

Alice finit par soupirer et va se coucher. Demain, c'est exams et concentration max. ça va pas être du gâteau.


L'obstination d'Alice BaggersmithOù les histoires vivent. Découvrez maintenant